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- Bonsoir mademoiselle. Vous êtes Anita Ipolotova ?

- Oui.

- Alors dites-moi ce qui vous arrive ?

Je suis sur le point d'expliquer à monsieur gueule d'ange que j'ai tout raconté à son collègue au téléphone quand un spasme me déchire une fois de plus les entrailles, je blêmis et manque de tomber. Gueule d'ange me rattrape à temps et m'installe sur le brancard.

- Respirez calmement, ça va aller.

Non ! Ça va pas aller ! Ca pas aller du tout ! Ça va faire une heure que je souffre le martyre et je sens que je suis à bout de forces.

J'arrive à articuler :

- Qu'est-ce qui m'arrive ? Je vais mourrir ?

- Mais non, on ne meurt plus en couche de nos jours.

On ne meurt plus en couche de nos jours.

Mais qu'est-ce qu'il veut dire ? Que je serais en train d'accoucher ?

Quel culot à ce pompier ! Il a qu'à dire que je suis grosse aussi ! Un peu rebondie et un horrible mal de ventre et il en déduit que j'accouche. Quel gros nul ! Je retire, il n'a pas du tout une gueule d'ange. Il n'a qu'à me mettre une fessée, il verra à quel point mes fesses sont fermes et que ce n'est pas du surpoids.

- Je ne suis pas enceinte.

- Détendez-vous et respirez calmement. Je vais vous osculter.

M'osculter quoi ? Ma petite fleur ? Il a craqué. Ce n'est pas du tout comme ça que j'imaginais montrer un jour mon petit chat à un pompier si vous voyer ce que je veux dire... Je comptais plutôt lui mettre le feu avant... pour qu'il puisse l'éteindre avec sa grande lance.

    Je suis incorrigible. Penser à des jeux sexuels alors que je vis peut-être mes dernières heures.

Gueule d'ange me sort de mes pensées, doucement en me prenant la main. Il a l'air grave mais le ton de sa voix se veut apaisant et rassurant. Je le regarde les yeux tout grand écarquillés. Je vais enfin savoir quel mal me ronge. Mais ce qu'il m'annonce semble invraisemblable, je n'y comprends rien, ses mots m'arrivent sans sens, j'ai l'impression qu'il parle une autre langue.

- Mademoiselle Ipolotova, le travail est déjà bien avancé et la tête du bébé est là. Vous allez devoir accoucher dans cette ambulance. Ne craignais rien, nous sommes là avec vous et tout va bien se passer.

La tête du bébé. Accoucher dans cette ambulance.

Je manque d'air. Ma tête tourne. Et c'est le noir.

Victoria Où les histoires vivent. Découvrez maintenant