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Quand je reviens à moi, je mets quelques minutes pour me souvenir de toutes les informations qu'on vient de m'assener.
Gueule d'ange me regarde d'un air bizarre. Je n'arrive pas à définir si c'est de la pitié ou de la curiosité ou peut-être même les deux mélangées.
Il recommence à déblatérer sur ma vie, comme s'il me connaissait. Mais il ne me connait pas. On ne s'est jamais vu. Bientôt il va me dire que c'est lui le père ! Père de quoi d'abord ? Ce n'est pas possible que je sois enceinte de toute façon je n'ai pas de mec.
    Eh oui ! La jolie Anita, qui réussit tout ce qu'elle entreprend n'est pas capable de garder un mec et en plus même si je multiplie les rencontres je sors toujours couverte. Alors aucun risque de me choper une marmotite.

    Gueule d'ange et son collègue s'agitent dans le peu d'espace qui se trouve dans l'ambulance. Tandis que sourire d'avril me perfuse, (je ne l'ai pas encore vu sourire une seule fois, pourtant la situation est tout de même cocasse, un faux accouchement !), gueule d'ange fais arrêter l'ambulance.

- Quand vous vous êtes évanoui, on vous a injecté par intraveineuse un antispasmodique puissant pour soulager un peu vos contractions mais elles vont reprendre de plus belle et vous allez devoir pousser.
- Pousser quoi ? La porte pour partir en courant ?
- Mademoiselle Ipolotova, je peux comprendre que la situation peut vous paraitre irréelle mais soyez un peu sérieuse.
- Irréelle ? Vous vous foutez de ma gueule ? Vous êtes abruti ou quoi ? Il y a deux jours je buvais des litres de tequila avec mes meilleures amies et aujourd'hui vous voulez me faire croire que je suis en train d'accoucher ! Je trouve que...

Aiiiiiie ! Et re-putain-de-aie !

Je serre la main de gueule d'ange si fort que j'ai peur de lui briser les os, mais il ne dit rien, il reste calme et n'essaie même pas de l'enlever. Trop fort ces pompiers !

- Ça va aller, vous allez pousser quand je vous le dis.
- Même pas en rêve !
- Si vous voulez arreter de souffrir il faut laisser ce bebe sortir. O.K. ? Allez, maintenant, respirez profondément. Respirez et poussez. Poussez encore, encore. C'est bien respirez calmement et recommencer quand je vous le dirai.

Je suis concentrée.
Mon incomprehension a laissé la place à une profonde attention et une application à bien faire ce que gueule d'ange me conseille. Je veux en finir avec cette insupportable douleur, je veux que tout s'arrête.

- Maintenant Anita, poussez, encore, encore.

Gueule d'ange me lâche la main et s'affaire entre mes jambes, je crois que je suis véritablement en train d'accoucher. J'entends un petit cri et m'évanouis encore.

Victoria Où les histoires vivent. Découvrez maintenant