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    J'ouvre les yeux. Je regarde tout autour de moi. Je suis dans une chambre d'hôpital.

Enfin ! Je suis sauvée.

Machinalement je touche mon ventre et regarde près de mon lit. Rien. Pas de petit berceau.

Ouf !

La douleur a dû me faire halluciner. Je suis rassurée et je me sens nettement mieux, pas la grande forme, toujours un peu vaseuse et fatiguée mais plus aucune douleur.

Je sonne. J'ai quand même envie de savoir ce qui m'est arrivé et quand je pourrai rentrer chez moi, c'est pas tout ça mais je bosse moi !

    Je pense, maintenant que j'ai repris mes esprits, que la douleur était certainement due à l'éclatement d'un kyste. J'en ai plusieurs sur les ovaires. D'ailleurs je devrais me faire suivre car si je veux pouvoir procréer dans le futur il faut que je fasse attention à ce que ces kystes n'endommagent pas mes ovaires de championne. Blablabla.

De toute façon je n'en veux pas de moutard ! Nah !

   

    L'infirmière entre. Elle me sourit.

- Vous vous sentez mieux madame Ipolotova.

- Oui. Merci. Vous pouvez m'expliquer ce qui c'est passé ?

- Le docteur Jin Ecaud arrive, ne vous inquiétez pas ça va aller madame.

- Mademoiselle !

- Je...

Madame l'infirmière n'a pas le temps de finir sa phrase que la porte s'ouvre. Ou je devrais dire un berceau sur roulettes ouvre la porte.

Elle me sourit encore.

- Je crois que vous vous trompez de chambre, lancè-je sûre de moi.

- C'est la bonne chambre.

- Non, je suis en chambre individuelle et je n'ai pas de bébé.

- C'est la bonne chambre. Je vous présente votre fille.

- Non. Non, ce n'est pas possible. Je, je n'ai jamais été enceinte.

- Vous avez fait un déni de grossesse.

- Non.

- Je comprends que cette nouvelle peut vous paraitre brutale mais cette petite fille est bien votre bébé.

- Non, non, non !

Je tremble. Je tremble et je pleure. Je pleure en silence, les larmes inondent mes joues, mon cou, ma poitrine. Tant de choses se bousculent dans ma tête.

Ma promotion. C'est mort.

L'athlétisme. C'est mort.

Le violoncelle. C'est mort.

Les soirées entre copines. Mort.

Mon existence. Mort. Mort et re-mort !

Je pleure encore.

Je n'en veux pas de ce bébé. Ce bouffeur de vie. Cet assassin de rêves.

- Vous devriez appeler quelqu'un. Votre ami ? Vos parents ?

- Pas de petit ami.

    La sage-femme - oui par ce qu'en fait ce n'est pas une infirmière, sur sa blouse est épinglé un badge "Anne-Sophie, sage-femme" - me regarde avec de drôles d'yeux, ou peut-être que je suis juste devenue ces dernières douze heures un petit peu parano. En tout cas non, pas de géniteur. Enfin bien sûr que si il y en a un, mon deuxième prénom n'est pas Marie, mais je ne sais pas qui sait.

Victoria Où les histoires vivent. Découvrez maintenant