9.Si tout était parfait, pourquoi t'es tu laissée mourir?

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(mercredi après-midi, soir)

Je ne suis là que depuis une journée. Comment j'ai pu tout rater entre Dorian et moi?

Depuis la sortie à l'épicerie, il s'est enfermé dans le bureau avec Rose et il n'en est plus ressorti. Une part de moi voudrait se sentir triste à propos de la situation, mais je n'ai qu'un vague agacement. J'ai l'impression que rien ne se passe comme je le voudrais et ça me donne le goût d'hurler.

Je sors du géant de métal dans lequel les demi-dieux semblent avoir acceptés de vivre et je vais m'asseoir sur le toit. Je regarde les enfants jouer dehors alors que les adultes discutent tranquillement sur des tables de pique-niques en bois.

Certaines personnes ont commencés à se construire des cabanes pour avoir plus d'intimité et je peux voir des hommes et des femmes couper du bois un peu plus loin dans la foret.

« Ne pense pas trop fort, tu pourrais te donner mal à la tête . », dit une voix derrière moi.

Je me retourne rapidement pour faire face au garcon que j'ai vu un peu plus tôt dans la ville.

« Toi! Tu... Mais comment as-tu... », dis-je en essayant de faire un ménage dans toutes les questions qui envahissent ma tête.

Il laisse échapper un rire moqueur avant de se pencher vers moi.

« Si tu n'étais pas déjà morte je pourrais penser que tu fais une crise de coeur. Veux-tu que je te laisse un petit moment seule pour que tu puisses préparer tes questions? », il demande moqueusement avant de se lever et de s'éloigner.

« Non! Reste ici. », je crie avant d'empoigner son bras.

Il regarde ma main un instant avant de suivre la forme de mon bras jusqu'à mon visage.

Je lâche son bras brusquement aussi suprise que lui de ma réaction.

« Si tu as déjà aussi peur que je parte avant même que je n'ai pu me présenter, alors qu'est-ce que ce sera lorsque tu vas me connaître. », il demande réthoriquement en levant un de ses sourcils blancs.

Je roule les yeux devant sa remarque.

« Je suis simplement curieuse. »

Il sourit et va s'asseoir à l'endroit où je me trouvais quelques minutes plus tôt. Je le rejoins, mais je m'assois à une certaine distance puisque je ne sais pas qui il est, ni pourquoi il est là.

« Attention, si tu t'assois juste un peu plus loin, tu pourrais tomber en bas. », dit-il.

Je soupire avant de me rapprocher de lui. Un peu.

« Qui es-tu ? », je demande avec curiosité.

« Un ami. », dit-il tranquillement avant de me faire un sourire en coin devant mon regard agacé.

« Si je voulais avoir une conversation avec quelqu'un qui ne me donne que des réponses qui ne veulent rien dire, j'irais voir Dorian. », je fais remarquer avant de regarder les enfants rentrer avec leurs parents.

« J'imagine que tu fais référence au garcon avec qui tu étais un peu plus tôt ? », demande t'il avant de se rapprocher de moi.

« Si je te réponds oui est-ce que tu vas répondre à ma question? », je demande avant de tasser mes cheveux vers l'arrière..

« Il fait la même chose. Est-ce que c'est toi qui le faisait en premier ou lui? »,demande t'il nonchalemment.

Je le regarde sans comprendre.

« De quoi parles-tu? »

« De ce que tu fais avec tes cheveux. Tu sais, les replacer vers l'arrière lorsque tu es agacée. Copier les mouvements d'une personne est quelque chose qui se produit lorsque l'on connait une personne depuis longtemps. Dit-moi sweetheart, qui est ce Dorian pour toi? », demande t'il avant de me regarder dans les yeux.

Je regarde ses yeux qui semblent scruter le fond de mon âme. Comme s'il cherchait à connaître tout mes secrets pour pouvoir décider si je suis une ennemie ou une alliée. Bien entendu, il aurait de la misère à chercher tout mes secrets dans quelque chose que je n'ai plus.

« Qui es-tu? », je répète une deuxième fois.

Il laisse échapper un soupir dramatique avant de se coucher sur le toit et de regarder le ciel.

« Je suis comme toi. »,dit-il.

Je laisse échapper un petit rire avant de croiser son regard interrogateur.

« Tu es comme moi? En es-tu sûr? »

« Mort, sans âme et seul pour le reste de l'éternité ? Est-ce que ça te fait penser à quelqu'un? »,demande t'il.

« Okay, tu n'en as que genre deux alors arrête de faire comme si tu étais super intelligent. », je grogne avant de replier mes genoux et de regarder le soleil qui disparaît tranquillement.

« Pour le moment. »

« Qu'est-ce que tu veux dire? », je demande.

Il se rassoit et se rapproche encore de moi. Assez pour que je puisse sentir son corps sur le coté gauche du mien. J'essaye de me reculer, mais il me retient et je réalise qu'il ne touche pas qu'une seule partie de mon corps et ce malgré le fait que je sois incapable de solidifier plus qu'une seule partie pour le moment.

« Comment... »

« Nous sommes pareils Aile. Tu n'as pas besoin de te rendre solide puisque j'ai la même composition que toi. »

« C'était moins bizarre la première fois que tu l'as dis. », je réponds.

Je m'éloigne et il me fait un sourire moqueur.

« Et je ne suis pas seule. », je rajoute lorsqu'il ne dit rien.

Je ne le suis pas. J'ai Dorian et j'ai Kellian.

« Bien entendu, pour le moment non. Mais attend quelques années. Il n'est qu'un demi-dieu. Il va mourir un jour et lorsqu'il va être partit tu n'auras plus que moi. Parce que je suis éternel. Comme la Mort et comme toi. Je serai toujours là. », me fait-il remarquer.

Je regarde le garcon à mes coté et je détourne le regard.

« Je dois y aller. », dis-je avant de me lever.

« Pour faire quoi? Regarder ton amoureux profiter de la vie, parler à des gens et ressentir des émotions que tu sais très bien que tu ne ressentiras plus jamais? »

Je le regarde énervée et il me sourit. Je hais son sourire.

« Je peux faire comme lui. », je rétorque agressivement.

« Allons, sweetheart

« Aile. », je l'interrompt.

« Tu sais très bien que tu n'es plus humaine. Plus tout à fait. Peut-être que tu ne t'en ai pas encore rendue compte pour le moment. Mais je vais t'avouer un secret, Aile, plus vite tu réalise que tu n'es plus comme eux, plus vite tu peux commencer à vivre ta nouvelle vie. »

« Je n'ai pas besoin d'une nouvelle vie. », je réponds.

« Alors pourquoi t'es tu laissé mourir? »,demande t'il en haussant un sourcil.

Et cette fois, je n'ai vraiment rien à répondre. Je lance un dernier regard au garcon avant de rentrer dans le bâtiment.

« Je m'appelle Reed. », je l'entends crier avant que sa voix ne se perde dans la cacophonie de l'entrepôt durant les heures de souper.

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Coucouuuuu, alors vous avez rencontré Reed. Qu'est-ce que vous en pensez?

Les jeux de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant