LA ROUTE DU TIBET !

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La route Chengdu-Lhassa est l'une des plus dangereuses du Monde. Dans la montagne la plus sauvage, la route est constamment l'objet d'agressions caractérisées, comme si la montagne voulait repousser avec ses défenses immunitaires ce virus inculqué par l'homme. Mais l'importance économique et politique est trop importante et la caravane passe. De toutes façons, c'est la seule liaison terrestre entre Sichuan et Tibet. Un chemin de fer a été prévu, mais les experts helvétiques appelés à la rescousse pour tous les problèmes de tunnels ont livré leur verdict : impossible en l'état actuel de la technologie. Vous pensez comme les chinois seraient content de pouvoir acheminer au Tibet toujours plus de colons Han par un moyen de transport plus sûr que la route et plus économique que l'avion. En attendant, les camions bleus se jouent des difficultés pour acheminer marchandises et matériel entre Sichuan et Tibet. Nous voilà partis ce jeudi 3 août à 6h du matin sur le chemin de la peur qui devait, dixit nos informateurs, durer environ huit heures jusqu'à Kangding, terme de notre voyage et porte du Tibet. Nous voilà partis à la conquête de l'Ouest.

Comme nous commençons à être tous super zen, on peut dire que le voyage se passe sans encombres jusqu'à Ya'an. Nous y déjeunons dans un petit boui-boui genre Le relais de la diligence. Car vraiment nous sommes en plein Western, le trajet est vraiment risqué et il ne manque que les indiens. Tous les passagers de la diligence commencent à se connaître. Nous sommes les seuls blancs et faisons un peu bande à part, même si on a déjà commencé à discuter avec un Pongyo en lui montrant notre carte pour savoir où on était. Cela nous a d'ailleurs permis de constater qu'il était incapable de lire une carte. D'accord, c'était écrit en alphabet latin, mais c'est sa région, on lui lisait les noms de bleds, et il était toujours aussi paumé, n'ayant visiblement pas compris l'échelle de la carte. Le déjeuner est assez bon et représente une somme record. Enfin nous payons le prix chinois. Il faudra y retourner ! De retour dans le car, une altercation éclate. Tout le monde hurle et nous ne savons évidemment pas pourquoi. Finalement, ils finissent par se calmer et madame Bus vient vers nous pour nous demander 10 ¥ de plus par tête. Ah bon? Mais pourquoi? Ben t'as pas suivi, ça fait trois heures que tout le monde en parle ! Ben oui, sûrement mais bon !

En fait, (en gestes dans le texte), la montagne s'est écroulée sur la route et on est obligés de faire le top détour qui double largement la distance. On ne prend plus du tout la même vallée. il faut donc payer un peu plus pour l'essence. Sur notre carte, nous visualisons l'ambitieux programme qui nous attend. Un joli col à passer à 2400 m d'altitude avant de descendre dans la vallée du XX et de le remonter ensuite vers XXX, juste sous le fameux Gonggha Shan, 7556 m. Le passage au col est à la hauteur de nos espérances. Dans la montée, le moteur chauffe . Pas de problème, le moteur est refroidit à l'eau : le chauffeur trempe dans un seau d'eau derrière lui un chiffon, qu'il essore ensuite sur le moteur grâce à une trappe judicieusement placée à cet effet. Enfin bon, la routine quoi ! Avec un changement de pneu en haut qui est pour nous l'occasion de goûter les spécialités locales vendues par une mamie abritée dans une ruine au milieu de nulle part et dans un décor de rêve. Préférez le biscuit du bout du monde au gâteau au Ripolin. Cette pause est aussi bienvenue pour la petite jeune de notre groupe qui peut ainsi se défouler un peu. D'autant que la montée était pour le moins stressante. Quand vient le soir, nous commençons à fatiguer et à ne pas voir tellement les choses avancer. Nous nous arrêtons enfin devant un resto. Le chauffeur discute, négocie certainement sa part de gâteau s'il apporte des clients. Ils ont l'air d'accord et nous rentrons dans une petite cour intérieure. Ou plutôt, nous essayons de rentrer ! En effet, le premier essai est infructueux. Il faut franchir un trottoir que notre bus, chargé comme il est, refuse catégoriquement de faire. Malgré les planches apportées par notre hôte, il n'y aura jamais de deuxième essai. Le chauffeur de car a de l'honneur. Or en ratant sa manœuvre, il vient d'en prendre pour son grade. Il est vexé et va donc conduire le plus vite possible pour nous confirmer qu'il est bien le roi de la route et nous montrer l'étendue de son talent. La nuit, les rues sont heureusement désertes. Nous nous demandons s'il va rouler toute la nuit et commençons à en avoir plein le dos. Le chauffeur roule depuis 6h ce matin, avec pour toute pause une petite heure pour déjeuner. Il est 22h et il roule comme un fada. Le paysage défile dans ses phares, vite...

Mei You !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant