Ce chapitre est dédicacé aux demoiselles MAGNON Andréa et AHAMADAH Marie-Cynthia.
Si ce beau matin du Dimanche 10 Mars 2019, je m'attelle à une dissertation intitulée de la sorte, c'est bien parce que le thème pour étude m'inspire fortement et que c'est par ce biais que je m'adresse à vous. On a longtemps glosé que l'écriture était une invention humaine des plus géniales sinon la plus géniale bien que d'autres ont quant même ce statut. À titre de comparaison, quoique comparaison ne soit pas raison, la parole exprime la pensée et elle vient tout naturellement, si je puis m'exprimer de la sorte. Il n'y a qu'à voir le processus d'évolution de l'enfant : dès les premiers mois de son enfance, il commence par geindre et petit à petit en plus du fait qu'il commence par marcher, il apprend à parler. Apprentissage car il essaie d'imiter tout ce qui se dit autour de lui pour finalement faire la réplique conforme : en clair, l'homme est fait pour parler et quand on se retrouve en face d'un muet ou d'un taciturne, on est en peine. Là où le langage parlé est quelque chose qui appartienne à l'homme propre, l'écrit a été inventé par ce dernier pour exprimer le fond de sa pensée ou plus, pour déverser l'abîme de son âme. On pourrait facilement dire quelque chose en n'y ayant même pas songé, d'une manière machinale, mais prendre un écritoire et se mettre à gribouiller ne serait-ce que quelques lignes, est difficile voire pénible. D'où la noblesse de cet acte que je nommerai art, car bien que l'on écrive quelque chose à laquelle on a pensé, on ne pourra lire le fond de la pensée dans ce qu'on a écrit. Je ne pourrais décrire ce mécanisme faute d'avoir conduit des recherches poussées mais juste pour vous dire et là je l'affirme sans tergiverser que coucher quelque chose par écrit est hautement divin. De la même manière que les Saintes Écritures font état du récit de la création où Dieu ordonne à sa créature de prendre forme, je crois qu'écrire modèle physiquement, d'une manière brute ce qu'on a pensé. Cette représentation apparaît donc aux yeux de tout un chacun qui peut admirer et louer tout l'art du concepteur qui a su plonger au-dedans de lui-même pour livrer cette œuvre. J'avais voulu dire qu'il existait un triumvirat pensée-parole-écrit mais je crois plutôt qu'il s'agisse d'un binôme où la pensée est le point focal qui se diffuse à la parole et à l'écrit. L'écrit ne vient pas automatiquement comme le ferait le parler quoi qu'il y ait des exceptions qui confirment la règle en l'occurrence de la part des écrivains, et sa finesse permet tout aussi d'enjoliver le parler. Imaginez ou penser quelque chose et le mettre à l'écrit, c'est tout comme créer son monde où on y règne en tant que maître incontesté et toute personne qui veut prendre part à ce monde, suit les règles édictées par le créateur. Toute la représentation scripturale reflète donc de l'âme de son concepteur et je serais tenté de dire son monde à lui où peut-on y aller ou rechigner ou forcément y adhérer pour le grand bonheur de l'artiste. J'avais exprimé mon incapacité à décrire le mécanisme de l'écrit et je pense que de la même manière que les animaux s'expriment d'une manière orale, l'homme est l'unique à pouvoir écrire. J'ajouterai pour en boucher un coin à Descartes que "je pense donc j'écris", en ce sens que l'homme étant l'unique être doté de conscience, le fait décrire dénote cette aptitude. Avoir quelque chose en tête et le décrire non pas sous forme imagée mais d'une manière scripturale, relève tout de même d'une certaine extraordinarité. Le fait même que la main ou les doigts soient amenés ou animés pour reproduire avec une certaine exactitude ce que l'on ressent m'ébahit bien que moi-même j'en fais usage à cet instant précis. C'est là où je note le fait sublime sinon divin de cette manière de formuler sa pensée bien qu'il puisse en exister d'autres qui soient à leurs degrés divers tout aussi fascinants. On arrive à coucher quelque chose par écrit que tout le monde parvient à saisir, bien que l'écrit n'ait pas changé dans sa forme conceptuelle qui s'est par ailleurs adapté pour adopter de nouvelles formes de transmission. C'est alors que m'est venue cette idée qui m'a taraudé pendant pas mal de temps, à savoir le fait que l'homme se passe du manuel ou digital pour transmettre ou transcrire sa pensée. Car voyez-vous, pour pouvoir écrire, il faille bien que cette idée germe de quelque part avant que notre cerveau actionne la main pour coucher la chose. Si je pense à cette possibilité qui peut paraître loufoque, c'est que depuis longtemps l'homme a su ingénuer d'idées souvent décapantes pour apprivoiser son environnement, je vous ai cité l'évolution de l'écritoire et les formes d'écriture, bien qu'il n'y ait eu de développements dans bien d'autres domaines que je passerai sous silence. Ces innovations ont une raison fondamentale qui est que l'homme étant un être subtil et dynamique, le seul à pouvoir penser et réfléchir, il se doit de toujours chercher à s'épanouir. Cet épanouissement passe donc par l'amélioration des conditions de vie dans tous les domaines que cela soit: travail, loisirs, culture, sport, gastronomie. Mais surtout ces changements démontrent non seulement de l'infinitude de l'homme, mais l'amène petit à petit dans sa quête vers le summum: pouvoir se rendre maître de son monde. Cette quête de cette puissance ou si vous voulez l'appeler pouvoir, est clair que l'écrit est la forme sinon achevée, élevée de toute espèce de culture, mais du fait que l'on tire l'écrit de la pensée et que la parole exprime la pensée, on ne peut pas dire que l'oralité soit arriérée par rapport à l'écrit. Tout simplement il existait chez ces peuples une notion d'écriture mais pas aussi poussée comme on a pu le voir ailleurs : je m'inscris donc en faux contre une telle croisade intellectuelle. Il appartient peut-être à ces peuples de passer ce cap de l'impérieuse nécessité de posséder une forme de représentation scripturale et non être obligés à le faire, soutenant l'allégation que c'est la forme hautement élevée de civilisation. L'écrit reflète donc ce que nous pensons et c'est cette capacité à pouvoir traduire en un codage cette forme qui me surprend ; c'est à croire que la main soit actionnée pour écrire. Et ce lien entre le cerveau et les doigts m'oblige à me demander si on ne serait pas forcé dans un avenir proche de se passer d'utiliser la main. Je m'explique : l'écrit a été inventé par l'homme et du tout début jusqu'à la fin, l'écriture a pris de nombreuses formes pour arriver à ce qu'on voit de nos jours. On est passé notamment par les hiéroglyphes chez les Egyptiens, les diagrammes et finalement à l'alphabet. Pour l'écritoire, on pourra citer la pierre, les peaux d'animaux, le parchemin, le papier et finalement l'écran d'ordinateur ou de Smartphones. On voit donc un stimulant ou plutôt un dopant qui le pousse à aller loin et à se connaître lui-même. Revenons à nos moutons pour dire que si la pensée devrait franchir cette étape ou plutôt supprimer ce stade qui consiste à prendre un écrin ou même cliquer sur le clavier d'un ordinateur, c'est bien parce que cette possibilité rend à chaud ce que l'écrivain cogite en lui. C'est comme par analogie lorsqu'on prend un tribun ou un griot, l'orateur par excellence en terre africaine, celui-ci n'a même plus besoin de faire cet exercice qui consiste à enjoliver les propos, mettre dans des formules assez rodées pour plaire à l'auditoire comme le ferait l'écrivain. Naturellement, me rétorquerez-vous que l'oralité étant le propre de l'homme et l'Africain en particulier, quoi de plus normal donc qu'il y ait cette fluidité. Je vous dirai que culturellement, l'écrit étant le propre de l'homme, il convient ou plutôt il lui revient de faire de cette forme une seconde nature. L'homme est doté d'une faculté de pensée et celle-ci se traduit par la parole et se transcrit dans l'écrit : on part donc de la pensée pour arriver à la parole et ensuite à l'écrit. Cette forme est donc un haut degré de culture et on pourrait bien le voir dans les discours assez stylisés des orateurs modernes tels conférenciers ou universitaires.
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Oh Homme !
RandomUne suite de réflexions philosophiques et ontologiques sur l'importance de tout ce qui environne l'homme et participe à son avènement.