Nous étions au XXe siècle, dans ce petit village blanchi par la neige. Le silence régnait sur les lieux.
Les maisons, parfois délabrées, la présence insuffisante de fleurs sur le rebord des fenêtres et l'absence de tout être donnaient l'impression à cet endroit de marquer un bref arrêt du temps.
Les flocons se déposaient calmement sur les toits, et en ressortaient des cheminées ; la fumée des bons feux de bois.
Le froid hivernal instaurait ses propres lois. Au milieu de cette petite ville, dans l'allée principale, se situait un immense sapin, offrant l'illusion que sa brillante étoile, perchée à son sommet, caressait les cieux.
À chaque fois que le ciel était coloré par la nuit, et sou-poudrée de quelques étoiles curieuses, les lumières du grand arbre s'éclairaient en se mélangeant à la clarté des astres.
L'ornement n'avait point d'association de couleurs établie, seul le cœur des villageois décidait quelles nuances donnaient à cette abiétacée.
Chaque homme, chaque femme, chaque enfant venaient décorer une de ses branches d'un objet portant le souvenir d'un noël passé.
Ainsi, ce sapin emmenait avec lui, dans un halo embrasé et scintillant les mémoires de nombreuses âmes.
*°*
La nuit tombée, je bataillais tant bien que mal avec mes paupières alourdis par le poids de la misère.
Quand j'eus de nouveau ouvert mes yeux, une petite fille se tenait debout face à l'arbre.
Si petite, qu'elle n'arrivait qu'aux premiers étages de ses branches. Elle touchait de ses douces mains d'enfant, les épines du sapin.
Ses cheveux, ondulés à la couleur étoilée, défiaient de par leur splendeur l'obscurité qui noircissait les lieux. Assis et frigorifié contre un mur d'immeuble, je l'interpellai : «Que fais-tu ici, petite ?»
Elle était teinté d'un voile transparent, de dos, j'aurais cru voir un ange à qui les ailes manquait.
Elle ne se retourna pas instantanément, mais après avoir baissé son visage qui précédemment fixait la profondeur céleste, elle finit par tourner les talons et me regarder de ses grands yeux d'un bleu taciturne. La jeune enfant, était vêtue d'un long manteau rouge vif qui atteignait ses genoux.
Elle avait un regard plein d'espoir, et de questionnement, mais qui cachait probablement une grande peine. Je n'eus pas remarqué tout de suite, ses collants déchirés, et ses hématomes plus prononcés sur la joue droite que sur celle de gauche.
_Vous êtes le Père Noël ? S'exclama l'enfant d'un ton plein d'espoir.
Surpris comme je fus, je répondis simplement : « Évidemment que non ! ». Sur le visage de cette enfant, vint se mêler au paysage ; une larme chaude glissant le long de sa joue, pour se déposer sur le sol et faire fondre une pellicule de neige. Hébété de sa réaction, je l'interrogeai « Pourquoi cela, le chercherais tu ? »
_Oui, je voudrais lui demander une chose, qui n'a rien à voir avec ce que les enfants demandent habituellement.
Les décorations s'allumèrent dans tout le village et se reflétèrent dans les vitres des bâtisses. Les scintillements de ces agencements, se placèrent dans les pupilles de la petite blonde faisant fuir la mélancolie qui s'y était logée.
_ Imaginons que je sois ce vieux barbu, que voudrais-tu pour Noël ?
Un petit sourire timide, vint se glisser au coin de sa bouche. La silencieuse brise vint faire valser ses longs fils d'or et essuyer ses sanglots durant une courte période.
_D'abord père Noël je dois te raconter une histoire.