La météo

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Je finis par réussir à atteindre la télécommande, grise. Elle est habillée de boutons sur un côté et de l'autre, il semblerait qu'il y ait un espace que l'on peut ouvrir, certainement pour changer les piles. Je me décide à vérifier cette hypothèse et à ce moment là, Jason redescend. En voyant ce que je m'apprête à faire, il s'écrit :

« Non ! N'ouvre surtout pas ça ! Ce sont des réacteurs à fusion miniaturisés, on ne peut pas les ouvrir hors d'une salle sous pression sécurisée ! Tu es fou ! Je le regarde et, étonné, je lui demande :

« C'est vrai ?

– Non. Me répond-il. C'est une télécommande, depuis quand il y a autre chose que des piles dans une télécommande ? » Je repose alors la télécommande. Puis je la reprends, je voulais m'en servir ! J'appuie sur le bouton rouge et la télé s'allume. Bien, les couleurs sont donc les mêmes ici. À l'écran, des présentateurs s'agitent pour souhaiter la bienvenue sur la lune à tous les nouveaux arrivants. On voit des invités spéciaux, des hommes et femmes politiques, des voyageurs pris aux hasard dans le hall de débarquement, et tous disent être content d'être là. Je vais dans la cuisine et ouvre le frigo. Il contient un panier avec du beurre, du jambon, de la confiture, deux tomates et un concombre, du lait et des jus de fruits accompagnés d'une note qui conseille de jeter un œil dans les placards. J'y trouve du pain, du riz, des pâtes et des conserves et une deuxième note qui dit d'aller regarder dans le frigo. Je l'ouvre mais il me semble qu'il n'y a rien de plus qu'avant. Je me fais un rapide sandwich jambon beurre et je retourne sur le canapé. Jason y est assis et il regarde une discussion entre un journaliste et un truc. Je ne sais pas comment le décrire mieux, ça a vaguement une forme mais la caméra ne semble pas tout à fait reproduire tous les détails. Ça bouge et d'un coup ça se déplie ! Ah, il s'agit en fait d'un homme de dos qui faisait ses lacets. Ses yeux ont cependant un aspect inhabituel, mais au bout de quelques instant je n'y prête plus attention : je mange mon sandwich. Jason écoute avec intérêt qui se fait remarquer, alors j'essaie aussi. L'homme parle : « Je suis un représentant du Comité Intergalactique De Prévention Contre Les Voyages Temporels Intempestifs Et Pour La Régulation Du Commerce De Trous – ou en plus court, mais pas de beaucoup le CIDPCLVTIEPLRDCDT, ou même le CIP-temps-trous –, je viens ici pour vous mettre en garde contre le voyage dans le temps. Vous venez de le découvrir et vous jouez trop avec, sans faire attention. » Le journaliste de l'émission arbore maintenant un air grave et la musique légère qui accompagnait le programme a cessée. « Je voudrais, comme toujours, vous exposer le cas des Forrns de Fronissa, une civilisation tout ce qu'il y avait de plus civilisation et qui a, comme toutes les civilisations, fini par découvrir le voyage dans le temps. Comme vous, il s'en sont servi pour construire et aménager très rapidement. Il ont complètement remodelé leur planète en l'espace de quelques mois (qui en réalité revenaient plusieurs millions d'années en arrière). Mais ils n'ont pas fait attention et l'ancêtre de leur espèce s'est fait écraser par une poutre tombée d'un chantier. C'est assez fortuit me direz-vous. Oui, en effet, maintenant leur planète, comme d'autres avant elle, est devenue une zone paradoxale de l'univers et c'est irrécupérable. Mes collègues sont actuellement en réunions avec vos dirigeants, entreprises et ceux susceptibles de promouvoir des voyages temporels et nous leur fournissons toutes les consignes de sécurités nécessaires. Une fois que vos installations seront aux normes, vous pourrez à nouveau utiliser leurs services. » Le délégué de la CIP-temps-trous se tourna alors vers le journaliste mais voyant que celui-ci le regardait fixement sans ouvrir sa bouche et sans cligner des yeux, il se retourna vers la téléaudience et continua. « Dans les jours qui viennent, nous mettrons à votre disposition une ligne d'appel » Il se tourne vers le journaliste comme pour qu'il confirme que le mot qu'il vient d'utiliser est le bon, mais devant l'absence de réaction se tourne à nouveau vers la caméra. « et une plate-forme par laquelle vous pourrez nous contacter pour toute question ou remarque qui concerne le voyage dans le temps ou le commerce de trous. » Il regarde une dernière fois le journaliste inerte, puis enchaîne, manifestement en lisant un texte qui défile devant lui. « Merci beaucoup monsieur le délégué. Chers spectateurs nous vous tiendrons au courant des dernières actualités concernant ces deux sujets brûlants ! Sur ce, monsieur le délégué, je vous remercie encore une fois de votre présente et vous souhaite une bonne soirée à vous chers spectateurs ! Maintenant place à la météo lunaire. »

Après quinze minutes de prévisions pour les deux semaines à venir sur la lune, qui se résument à peu près à : « Il n'y pas d'atmosphère sur la lune, pourquoi m'a-t-on embauché pour faire ce programme ? Je vais pas me plaindre, il y a un salaire. », Jason se tourne vers moi et d'un hochement de tête me dit qu'il faut en effet faire attention avec le voyage dans le temps, qui l'eut crût !

« Il faut aller faire les courses », lui dis-je « s'il faut refaire tout le trajet à chaque fois, c'est un peu pénible », j'ajoute.

Le temps qui courtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant