Chapitre 2 - Mona

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(Photo Ripper)

Quatre ans plus tard.

Lorsque je lève le regard, je me concentre sur celui qui me fait face. Comme presque chaque jour.

- Tu dis ne pas vouloir de mes avances, et pourtant tu devrais en être fière. N'oublie pas que tu n'es rien d'autre qu'une petite merde inculte ! Incapable de lire un mot, tout juste capable de compter ! Heureusement que j'aime beaucoup trop voir ton petit cul et tes jolis seins s'agiter sous mon nez lorsque tu fais le ménage. Tu devrais me remercier de te garder dans ce poste, au lieu de me snober ! Petite ingrate ! Me rabâche pour la énième fois, mon patron vicelard.

Rien que de le voir, j'en ai la nausée. Il me rappelle tant Lipo, ce vieux brigand qui nous exploitait et malmenait à la décharge, durant mon enfance. Tout comme lui, il est gras du bide, et les yeux toujours vitreux à cause de son penchant plus qu'exagéré pour l'alcool. Néanmoins, j'ai appris à ne pas lui tenir rigueur de ses propos plus que déplacés, lorsqu'il est complètement torché, comme en ce moment-même. Car une fois à jeun, ce vieux gars est aussi doux qu'un agneau. Mais je n'oublie tout de même pas, toutes les injures qu'il peut me balancer dans ses pires moments. Je sais bien au fond de moi, qu'il y a une part de vérité dans ses propos.

- Merci, Monsieur Robinson, dis-je d'une petite voix.

- Au lieu de me remercier, tu devrais aller dans la réserve et donner un coup au sol.

J'écoute son ordre et file me réfugier dans la dite réserve, qui n'est rien d'autre que l'antre du vieux fou. Le lieu qui lui sert de bar. Ceci est la routine de mes journées depuis que nous sommes arrivés à L.A. Tenir la caisse du poste à essence, puis une fois que Monsieur bourré sort de sa réserve, sous ses injures, s'atteler au nettoyage des restes de sa beuverie. Histoire de faire disparaître les preuves, au cas où sa femme viendrait faire un arrêt à la pompe. D'ailleurs, celle-ci est à l'image de son mari. Une vieille fausse blonde platine beaucoup trop fardée de maquillage et ridée à cause de l'abus d'alcool et de cigarettes, qu'elle a toujours au bec à n'importe quelle heure de la journée.

Lorsque je rentre dans la réserve, je ne suis pas surprise par tous les cadavres de bouteilles de bière éparpillés au sol. Ce gros salaud a même loupé les toilettes, et a pissé partout autour. Quel boulot de merde ! Mais comme le dit si bien mon patron, je ne suis qu'une inculte bonne à rien et à tout faire.

Le son du carillon annonçant un nouveau client, me parvient. Je me presse de sortir de derrière, afin de l'encaisser, avant que l'autre débris ne vienne encore une fois m'injurier. Quand je prends place derrière la caisse, je lève le regard est reste saisie sur place par un regard d'un bleu clair incroyable. Je ne sais combien de secondes défilent avant que je me ressaisisse, honteuse, et accueille comme il se doit l'homme impressionnant qui se tient face à moi.

- Dix dollars, s'il-vous-plaît, dis-je d'une voix tremblotante, ne comprenant pas mon drôle de comportement pour la première fois de mon existence.

- Je prendrais aussi une canette de Redbull et un snickers, s'il-vous-plaît, passe-t-il commande d'un timbre chaud.

- Bien sûr. Cela vous fera quatorze dollars, je me hâte de dire afin que l'homme parte au plus vite, car son regard fixé sur moi, me met mal à l'aise.

- Tenez, dit-il en me tendant les billets.

Lorsque j'attrape l'argent, celui-ci me surprend en refermant sa main rugueuse sur mes doigts, me retenant un court instant. Cependant, il me relâche aussi vite quand il s'aperçoit de ma panique que je ne cherche pas à cacher. Fronçant les sourcils, il reste un petit moment à m'observer, indécis, puis se tourne et sort de la boutique.

Hell's bikers T.2 (Sous Contrat D'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant