Chapitre 4 - Ripper

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(Photo Mona)

Quatorze ans plus tard. De nos jours.

Deux ans aujourd'hui, que je ressens beaucoup trop de choses pour cette fille. Je connais la date exacte de notre première rencontre, c'est dire. Néanmoins, je suis conscient que je n'ai aucun droit de ressentir la moindre attirance pour elle. Je me sens tellement pervers. J'ai vingt ans de plus qu'elle, bordel ! Et malgré cette différence d'âge, je continue d'imaginer son corps svelte et bronzé sous le mien. À chaque rencontre, je me perds un peu plus dans les profondeurs de ses prunelles aussi noires que son passé.

Il y a deux ans, je me rendais à L.A, rendre visite à Tank dans son chapitre. Par la même occasion, je m'arrêtais voir Mani devenu membre à part entière chez les Hell's depuis peu, et que j'avais rencontré quelques mois plus tôt au MC de Tank.
J'ai tout de suite bien accroché avec ce mec. Une force de la nature, doté d'une bonté d'âme, d'une franchise à toutes épreuves, d'un courage et d'une loyauté sans égales. Ce mec très respectueux, est droit et n'a peur de rien. Sa belle gueule de latino peut prêter à confusion, et il aime en jouer ce petit con.
Mais il ne fait aucun doute que ce gars-là est vite devenu l'une des personnes que je respecte le plus aujourd'hui. Et avec qui je suis le plus proche comme avec Bly, le fils de William, devenu mon bras droit après avoir servi comme moi en tant que Marine. Laissant son passé de soldat derrière lui ainsi que son prénom Bryan, pour prendre son nom de route Bly et suivre la voie du club comme toutes les têtes brûlées qui en font parties.

**

C'est en venant chez Mani, que je suis tombé sur elle. J'avais décidé de m'arrêter tout d'abord faire le plein à la station essence, juste avant le quartier pauvre où loge mon pote.
En m'approchant de la caisse afin de régler, je suis resté saisi face à cette fille devant moi, qui me dévisageait elle aussi. Tous ses traits dessinés d'une telle finesse la rendaient encore plus irréelle. Je la détaillais. Ses yeux en amande, aussi noir que les abysses, me happaient à travers ses longs cils noirs et épais. Son petit nez fin et droit donnait envie d'y déposer un petit baiser dessus. Ses lèvres foncées légèrement pulpeuses, appelaient à être savourées. Son teint mat, magnifique, donnait à sa peau un aspect de douceur sans pareil, n'attendant que caresses. Ses longs cheveux noirs étaient lisses et brillants, réclamant que l'on s'y agrippe.
Seulement, en tentant de la retenir en lui saisissant légèrement les doigts en récupérant ma monnaie, j'avais perçu en elle une certaine panique. À regret, je m'étais alors éloigné.
En regagnant ma moto, j'étais encore sur le coup de cette rencontre. Je ne faisais plus attention aux femmes. C'est malheureux de dire ça, mais depuis de nombreuses années, elles étaient devenues de simples objets sans valeurs pour moi.
Mais pour la première fois, quelque chose s'était remis à vivre en moi après cet instant fugace. Je m'étais retourné pour la voir une dernière fois. Je m'étais aperçu qu'elle aussi avait été traversé d'un sentiment étrange. J'avais hésité à la rejoindre et lorsque son regard m'avait une fois de plus fui, je m'étais résolu à la laisser et partir sans me retourner.
Après tout, j'étais trop vieux pour elle. Avait-elle vu en moi un vieillard pervers ? Sa panique était sans doute fondée à cause de la différence d'âge. Je m'étais senti comme à mes vingt ans alors que j'en avais quarante. 

Arrivé chez mon pote, je lui avais confié la rencontre avec une caissière super sexy. Cela l'avait étonné vu que je ne parlais jamais de femmes avec personne.
Depuis mon divorce, les brebis faisaient la queue. Je ne m'en plaignais pas. Je baisais tous les jours et cela me suffisait.

Plus tard, en buvant nos bières sur sa terrasse, un air de musique latino nous était parvenu aux oreilles. Mani avait alors dit à sa sœur Tessalia, qu'une certaine Mona n'allait sûrement pas tarder. Celle-ci lui avait répondu qu'elle viendrait manger avec nous.
Le soir venu, j'avais eu l'agréable surprise de la retrouver ; Mona. Ainsi la mystérieuse caissière faisait partie de la famille de Mani. Ce dernier qui se rappelait soudain mes confidences, se retenait de me chambrer. Seulement son air grave m'avait interpellé lorsque je m'étais présenté à Mona, qui paraissait s'être tétanisée.
En retournant sur la terrasse, connaissant l'histoire de toute sa famille, ce dernier m'avait fait part que Mona avait fait partie des malheureux de la décharge durant leur enfance et qu'elle avait enduré les mêmes horreurs qu'eux. Il m'avait tout raconté, l'agression sur Mona, leur fuite et j'avais compris qu'il avait pris Mona sous son aile, comme sa deuxième petite sœur. Il m'avait parlé de son boulot merdique à la station essence où son patron profitait qu'elle ne savait ni lire ni écrire pour la faire bosser le double. Cela m'avait été insupportable.
Que cette dernière ne puisse pas manger avec nous à cause de sa panique envers les hommes, m'avait attristé au plus haut point et mis en colère contre ses hommes moins que rien. Je désirais les tenir entre mes mains et leur affliger des choses innommables.
Je m'étais donc forcé à ne pas la fixer. Souhaitant lui faire oublier ma présence, afin qu'elle ne souffre pas davantage. Malgré ce fait alarmant, je ne pouvais m'empêcher de penser à elle à mes côtés.

Hell's bikers T.2 (Sous Contrat D'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant