C'est drôle comme il a fait beau ce matin, comme les rayons du soleil pouvaient passer au-delà des volets pour me réveiller en quelques filaments de lumière figés sur mon visage. J'ai même eu un sourire en me levant, en voyant le Soleil monter peu à peu dans le ciel. C'était à la fois beau et surprenant, si bien que j'en ai encore eu le sourire. Après un weekend passé dans le noir, c'était comme si tout à coup la vie reprenait une forme réelle. Je ne me suis pas regardée, je suis simplement sortie de chez moi pour m'ennivrer de cette euphorie passagère. Une fois rendue, le goût du passé est venu s'entremêler à ma salive, se fut tout de suite moins drôle. C'est vrai, c'est toujours fou de voir que les beaux jours me font penser à d'autres jours d'avant, des jours heureux, uniques, déjà passés sur lesquels je n'ai eu aucun contrôle ; comme des jours sans temps autre que l'agréable. Mes mains ont alors recommencées à trembler, réalisant que tout ce que je voyais dans ma tête n'était pas ce qui existait en son dehors. Des mines tristes, des gens défilant ci et là, deux ou trois visages indésirables dans un jour qu'on voudrait exceptionnellement agréable, ou du moins comme un temps de répit.
Sincèrement, après avoir passée deux jours complets dans le noir, j'avais envie d'en sortir, néanmoins plus par obligation que par envie. Mais le principal, c'est qu'il y avait le mot envie. Les absences étaient bien là, seulement pour une fois j'avais envie de ne pas penser. En vérité, j'avais envie d'être tout sauf moi, d'être joyeuse. Oublier le principal, sourire pour un rien, oublier savamment. Les pies me confortaient, le soleil m'ensoleillait, les graviers entrainaient ma cadence, le vent faisant danser ma robe. Je ne voulais que cela, et pour une fois j'y arrivais. Ma matinée fut belle, pas par son défilement mais par la façon dont je l'ai vu.
Pour une fois, c'était simple. Et puis arrivé midi, tout est retombé. Ces premières lignes n'étaient que nostalgiques, je m'en veux d'ailleurs de n'avoir plus que cela à écrire et raconter, tant tout ressemble à une ligne droite, avec plus de bas que de haut. Ce matin était d'une hauteur légère, le midi une chute, et la fin comme un atterrissage raté. Je me suis tout simplement prise le sol en pleine figure, m'emmêlant dans les lacets d'une journée quasiment bipolaire. Je me suis vue paumée, en mal de tout, avec encore une fois un paradoxe logé en plein cœur. Simplement, un coup non puis oui, un coup tu me plais, mais voilà, puis le charme tue.
Tu vois, aujourd'hui j'en suis arrivée à être spectatrice de ma propre vie. Elle est là, elle défile, elle n'a ni sens ni palpitation, elle défile machinalement. Des flashs, c'est tout ce à quoi je me rattache. Des flashs d'elle, de lui, de sourire, de solitude souvent voire de singularité. C'est pathétique à quel point je n'arrive plus à vivre qu'en ne voyant qu'une personne seule en pleine rue, entourée de monde, la bouche cousue et ces tremblements assassins de peur de tout. Ou plutôt, une peur de tournoyer sans raison, de tout à coup rire à pleins poumons, danser d'ivresse, fumer de joie et d'amour. Il y a des cœurs pleins d'amour qui le donnent sans retenu, montrant toutes les cartes, toutes les palettes de l'âme. Et j'ai l'impression d'être celle qui, au milieu de tout ceci, s'étouffe avec cet amour. Je ne sais plus donner, ni parler avec le cœur, je n'ai plus que l'écoute et les hochements avec des sourires à demi-lèvre. Tout est crissement dans ma tête, avec des tremblements incontrôlés, ma voix se perdant jusqu'à ce que mon visage palisse de surdité face à tout ce que je vois sans savoir le vivre.
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Seuls les fêlés laissent passer la lumière
PoesiaA défaut d'être de ceux qui ont la patience d'écrire des histoires , je préfère en écrire des petits fragments, de folies, d'émotions, de tristesse de tout et de rien.