μ Étoiles //00:04 a.m μ

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Le noir de la nuit était déchiré en millions de Soleils que la Lune ne parvenait à effacer de la voûte Céleste qu'à des endroits disparates. La fumée grisâtre d'une cigarette se cogna aux murs avant de sortir par la fenêtre pour rejoindre le ciel et les étoiles. Son détenteur, lui, éteignait une à une celles qui perlaient aux coins de ses yeux, se frayant un chemin sur ses joues anémiées de fatigue. Il réprima un bâillement bruyant avant de s'avachir complètement dans le canapé. A côté de lui, une tête bouclée apparaissait et disparaissait au gré des soubresauts d'une chaise de bureau qu'il faisait tourner en un manège enfantin. Les yeux océans du fumeurs étaient vagues, une bouteille de bière posée sur la table basse se disputait la compagnie avec un cendrier bien trop utilisé pour les deux seuls protagonistes présents dans la pièce.
Mais Thomas s'était remis à fumer, et la clope passait beaucoup plus de temps à être écrasée qu'à être utilisée.
Un regard rapide fut échangé lorsque les yeux charbonneux se plissèrent sous l'attaque ardente de la fumée de l'autre,

"Mec, t'aurais pu ouvrir la fenêtre franchement, ici c'est pas un squat."

Le plus grand hocha la tête et roula des yeux en une moue exagérée,

"-Regarde deux secondes où je dors et dis moi qu'ta baraque c'est pas un squat.

-C'est pas prévu pour être un hôtel non plus."

Le plus grand rit et replaça ses perles bleues sur les cristaux du ciel, Laink en fit de même et les deux ne purent qu'admirer les météores semblant s'être figés sur une grande toile noire ensemble. Sans relâcher sa vision du tableau nocturne, le plus vieux attrapa sa bouteille, grimaçant sous le contact collant de ses doigts sur l'alcool. Il but une gorgée avant de s'arrêter aussitôt. Les étoiles jouaient à cache-cache avec son cerveau et sa raison. Un voile lumineux prit possession de ses pupilles ébènes et il sourit ; aujourd'hui, ce serait à cause de l'alcool.
Il arrêta de regarder les comètes pour fixer son étoile qu'il détailla jusqu'au moindre froissement de t-shirt. Admirant les reflets bleutés parsemant son iris, ses cheveux, châtains enduis de gel, quelques mèches balayées retombant contre son front, il ne put s'empêcher de détailler sa peau blanche, ses joues rosies, ses lèvres pulpeuses. Terracid était beau. Thomas ne pouvait le nier. Et pourtant, il manquait quelque chose au jeune homme. La flamme ardente qui avait abrité son cœur le temps d'une nuit, cette même flamme allumée et surveillée inconsciemment par Laink dans l'espoir qu'elle ne s'éteigne pas.

Dehors, les étoiles faisaient un pas de trois que Damien ne put rejoindre, il se résigna donc à fixer le semblant de lumière de cette pièce. Thomas.
Thomas qui, dans un état second indescriptible, fixait le plus grand, ses doigts contre un bouteille vert émeraude embuée d'une trace de main.

"Thom', tu mates."

Pas de réponse, rien que le calme avant la tempête, le silence avant qu'un météore explose à nos pieds.

"J'aimerais savoir... Pourquoi t'as couché avec moi ?"

Un regard vide, encore un. À croire que l'âme des deux hommes était partie rejoindre le ciel. Mais une main qui tremble, se tord, joue avec les pans de son t-shirt.

"Qu'est-ce que tu veux savoir ? J'étais bourré et toi aussi, c'est tout. C'était un accident, maintenant on oublie."

Non. Non, Laink ne veut pas oublier les paroles méthamphétaminées de Terra, ses mains sur son torse et son regard brûlant. Tout ça, il veut s'en souvenir
Et peut-être recommencer.
Car qui quitterait sa copine à cause d'une personne pour finir par habiter chez elle sans avoir ne serait-ce qu'une once d'envie dans les veines ?

"Tu l'as dit à ta copine ? Je suis sûr que tu l'as pas quittée sans lui dire."

Sans au moins lui dire que son meilleur ami est un meilleur coup qu'elle, sans au moins exploser la façade du pourquoi avant d'essuyer ses yeux perlés de haine d'une main douce.

"J'ai peut-être omis d'lui en parler..."

Un sourire triomphant prit possession du visage du bouclé, comme s'il avait découvert un secret particulièrement alléchant.

"T'as honte ?"

La lune éclairait les dents blanches de Thomas, découvertes par l'immense et cynique joie qui relevait son visage.

"-Je- Non ! J'ai pas... honte.

-Alors pourquoi tu lui as pas dit ? C'est pas comme si c'était le déclenchement de toute cette merde, non. T'es pas venu chez moi dans l'ultime but de me baiser je crois."

Damien souffla, se rapprocha de la vitre pour y coller son front. Ses yeux embués par l'éthanol fixaient le va et vient incessant des voitures.
Il n'avait pas "omis" d'en parler. Il ne voulait pas expliquer à sa copine que chacun des traits de Thomas lui revenait en tête quand ils couchaient ensemble, que les souffles saccadés de l'un faisait apparaître les gémissements de l'autre dans son oreille. Dire ça à Laink reviendrait presque à déclarer forfait.
Et Damien savait une chose sur le plus petit : soit il gagnait, soit il mourait.
Ce qui ne l'empêcha pas de chuchoter des mots arrogants contre le vitrage, touchant la buée formée par ces paroles de la pulpe de ses doigts.
Le bouclé, intrigué par le murmure du plus jeune, se rapprocha imperceptiblement de lui.

"-Répète, Terra.

-J'suis pas pd."

Laink recula, se cogna contre la table, rit. Un rire malsain, faux, déraillant, blessé.

"-Tu disais pas ça quand tu criais mon nom, hein ducon ?

-Ta geule. Ta gueule. Ta gueule ! cria-t-il, chaque parcelle de son corps tremblait de rage, il avait détaché ses bras de la fenêtre et regardait maintenant Laink avec haine.

-T'assumes pas, j'ai pas l'habitude que t'assumes pas, mais c'est très drôle parce que, pour une fois, tu ressens ce que je ressens à chaque fois que je suis au pied du mur. Alors redis moi ces mots en face, maintenant."

Damien hésita, erreur fatale. Son acolyte profita de cette brèche pour s'approcher de lui, son regard brûlant d'une espièglerie malveillante. Ses pas devenus félins s'enchaînèrent maladroitement pour que le jeune homme s'approche de Terracid.
Il était trop près, beaucoup trop près. Le châtain retint son souffle, conscient de cette promiscuité soudaine, il faisait battre une litanie de mots dans sa tête :
"J'suis pas pd, j'suis pas pd, j'suis pas pd, j'suis pas pd, j'suis pas pd, j'suis pas pd."
Résonnant contre son crâne, ils battaient la chamade, comme son cœur, pour finalement s'éteindre peu à peu dans les yeux envoûtants du plus vieux.
Damien pouvait maintenant sentir la respiration de Thomas contre son cou, d'une voix légèrement tremblante, il murmura :

"-Laink, j'suis pas-

-Ferme là."

Et les lèvres du plus petit vinrent s'émousser sur celles du plus grand pendant une fraction de secondes, un baiser chaste, ardent pourtant. Le bouclé s'y détacha bien vite avant de s'échapper de la pièce, le regard triomphant.

{J'vous le demande, n'embrassez jamais les gens sans leur consentement, c'est vraiment pas génial, Thomas est une grosse merde sur ce coup là}

Deux yeux bleus regardèrent l'immensité du vide avec icompréhension, alors que des doigts touchaient des lèvres hâtivement.
Deux idées s'installèrent dans l'esprit du plus jeune ; Thomas avait encore gagné.
Et ses lèvres avaient un goût sucré au contact des siennes.

{1173 mots}

•°•°•°•

PONCTUALITÉ ? Connait pas

TALENT ? Encore moins

Bref, une partie que je trouve très vide et inutile, mais faut bien qu'elle existe ¯\_(ツ)_/¯

Voilà, j'vous aime.

GOODBYE

L'heure BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant