μ Coralie //19:13 p.m μ

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Un halètement, puis un autre. Des gémissements hâtifs qui se nouent tel une mélodie, un orchestre où les instruments ne sont plus que les deux corps se chevauchant, bouche entrouverte. Damien est le chef d'orchestre dirigeant le premier violon avec grâce dans ses premiers souffles erratiques. Le mouvement de leurs bassins en signe de tempo, les mains du jeune homme se baladent contre les courbes marquées de Coralie, mordille son cou avec hâte, l'embrasse avec tout autant de patience. Il plante ses yeux dans les siens, animal, remplis d'une émotion que seuls les initiés peuvent comprendre, ressentir. Un coup de bassin, doux, presque gentil, une autre série, plus violente, irrégulière et désinhibant la chaleur aride des auras corporelles. Coralie se mordit la langue, voir son amant dans cet état là alors que plus rien n'allait, cela la rendait presque heureuse. Elle accrocha ses mains au dos du garçon, accompagna de sa langue douloureuse les mouvements de la sienne, ferma les yeux et se laissa transporter dans un abîme de plaisir non dissimulé.
Les minutes ralentirent, peut-être même les heures, qu'importe, en ce moment, Coralie et Damien semblait avoir retrouvés ce qui était un semblant d'amour.
Mais il y a un cri. Un cri qui vient gâcher cette bulle chaude si habilement créée, signifiant la fin du concert, le chef d'orchestre baissa les bras magistralement, les violons tirèrent leur révérence, et ils s'affalèrent sur le lit, l'esprit encore embué.

Damien se leva, passa sa main sur son visage, puis dans ses cheveux. Hâtivement, il quitta la pièce et le lit, pour le confort du canapé, ses doigts touchant habilement les touches du clavier dans un son grave.

Coralie, frustrée de ce manque d'amour pour elle, fixa les coussins blanc immaculé dans un vain espoir de s'endormir.
Ses cheveux longs restaient immobiles contre le matelas avant qu'un brusque coup de bassin ne la mette en position assise. Elle remua ses orteils, engourdis par le froid et l'inaction avant de se lever tout en s'étirant.
Un pas après l'autre, elle se dirigea vers le salon, grande pièce remplie de bibelots divers qu'elle aurait sans doute jeté si cela ne tenait qu'à elle, mais presque tout était à Damien, sauf les deux grandes bibliothèques posées chacune sur un pan de mur.

Mais passons outre les descriptions ennuyeuses d'une auteur semblable, posé sur la table basse, la jeune femme aperçu le téléphone de son amant, comme s'il l'appelait, un coup d'œil aux alentours, Terracid n'était pas là -mais aux toilettes, deux fines mains en profitèrent pour s'emparer de l'objet de leur désir, un code rapidement effectué, elle se dépêcha d'aller jusqu'à son but, rien ne servait de se mentir à soi-même dans ces conditions, pensa-t-elle. Et elle avait raison. Une mine vide se scotcha à son faciès alors qu'une douleur sourde pris possession de son âme. Un goût acide lui monta à la gorge, un autre âcre dans la bouche. Coralie ne pouvait pas dire que son monde s'écroulait, elle se sentait libre, comme si ses ailes n'étaient plus rognée. Mais l'attachement envers son compagnon était fort, peut-être un peu trop. Pourquoi avait-il prévu cette rupture alors que tout allait si bien il y a de cela quelques heures, minutes ?
Elle ne comprenait pas, et, quand un bruit de chasse d'eau se fit entendre, qu'elle posa brusquement le cellulaire sur la table, la douleur encore nichée contre son cœur, Coralie se dit qu'il serait mieux pour elle de ne pas comprendre.

•°•°•°•

Une tension s'était installée dans la petite cuisine de l'appartement, Coralie le savait, c'était elle qui l'avait créée. Elle était amère, en colère même, bien évidemment qu'elle aurait dû se douter qu'il lui cachait des choses ; Damien ne se comportait plus de la même manière depuis quelques temps, il semblait distant. Son sourire restait plus figé que celui d'un mannequin dans une vitrine.
Plus d'amour, Coralie s'en doutait, elle l'avait vu dans ses yeux fauves et, après leurs ébats, allait pour elle la froideur des baisers auparavant empli de chaleur.
Et pourtant il faisait des efforts, chaque attention pour la jeune femme comptait, chaque caresse, chaque soupir, était une preuve qu'il voulait l'aimer encore. Mais un seul message avait suffit. Et elle avait vu son monde de papier se faire déchirer par l'océan de six lettres.
L'espoir ne suffit pas pour vivre, leur amour fanait lamentablement et lentement, juste assez pour les faire souffrir.
Et pourtant les deux restaient là, dans cette cuisine, à se hasarder sur des sujets divers sans aucune importance. Ils se raccrochaient aux branches restantes avec l'envie de repartir à zéro.

La cocotte minute entama son réveil strident, réveillant Coralie de sa rêverie, la vapeur empli la pièce, libérant sur cette dernière un nuage humide où la jeune femme hasarda ses doigts avec l'innocence d'une enfant.
Ce qui n'arracha même pas une grimace à Terracid qui se serait gentiment moqué d'elle en temps normal avant de venir l'enlacer d'un geste tendre.
Elle soupira, ferma d'un geste brusque ses doigts et ramena ses cheveux noirs de jais en arrière avant de poser timidement son autre main sur la table en bois, dans l'espace la séparant de sa moitié.
Main vite recouverte par une autre, plus grande qui agrippait ses doigts comme une bouée de sauvetage. Chacune de ses articulations tremblaient, son pouce allait et venait doucement contre ses phalanges arquées, une douceur pleine de commisération, comme s'ils s'apprêtaient à enterrer un quelconque défunt.
Et c'était presque ça qui allait se passer.
Comme un appel à l'aide, Damien pressa sa main plus fort sur celle de Coralie, qui y répondit machinalement, les yeux dans le vague, l'écran du cellulaire de son amant gravé dans ses yeux.

"-Co...Coralie."

Le jeune homme pressa la gachette.

"-Tu l'sais. Et je l'sais. On doit arrêter de se mentir, tourner autour du pot pendant mille ans servira à rien si c'n'est à nous faire mal... Alors...

-C'est fini."

Le coup partit.

Ça n'était même pas lui qui avait donné le coup fatal, et cela étonna Terracid. Il s'était préparé à sortir toutes sortes de phrases bateau pour apaiser la tristesse et tuer ce qui leur restait d'amour plus facilement. Sa compagne l'avait, elle, froidement achevé sans émotions ni doutes.
C'était en tout cas ce qu'elle laissait paraître, car, derrière son masque de fer s'échappa une larme, puis deux, s'ensuivit un torrent, c'était comme si le robinet de son esprit avait enfin été ouvert après tant de non-dits.

La cocotte s'était tue. Ne restait de la vapeur que les gouttes d'eau perlant sur la pulpe des doigts blancs de la jeune femme aux cheveux noirs qui les pressaient contre le tissu rêche de son jean.
La petite cuisine sentait de plus en plus la tristesse, le regret, et la fin. Au dehors les voitures vrombissaient au rythme des feu rouges et vert, les néons des enseignes de magasins illuminant les trottoirs où les passants parlaient gaiement de choses inutiles, sans se douter qu'à l'intérieur de cet appartement, se déroulait le dernier chapitre d'une histoire semblant avoir trop duré.

{1178 mots}

•°•°•°•

HEY !
J'espère que ce chapitre sera à la hauteur du premier pcq il m'a soulé plus que tout.
Voilà, soyez heureux qu'il y ait un chapitre, dans les prochaines années, le troisième arrivera, juré !

C'est centré uniquement sur Terra et sa copine, ce chapitre peut être considéré comme superflu mais j'ai bien aimé le préparer

J'ai pas relu, mes cernes de panda vous laissent l'idée de ma fatigue mdr

Bon bah adieu, p't'être qu'un jour je ferais une outro digne de ce nom.

Oh et puis balec' hein.

Byeeeee

L'heure BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant