"Mardi dernier, a... alors que tu rentrais de soirée, le... le conducteur d'un camion a perdu le contrôle et... et il t'a percuté de plein fouet..."
Sa voix tremble mais son ton semble hésitant, comme s'il manquait quelque chose à son récit. Néanmoins, je ne peux pas dire que c'est ce qui me préoccupe le plus dans l'immédiat... J'ai été renversée par un camion. C'est dur d'avaler ça. Ça explique pourtant pourquoi mes derniers souvenirs sont une lumière éblouissante et un bruit fracassant.
"Enora ?"
Je peine à lui répondre en serrant la main: je me sens lourde et engourdie, les bruits s'assourdissent de plus en plus,... Je crois que j'en ai fait assez pour aujourd'hui, mon corps a besoin de sommeil. Je sens faiblement maman m'embrasser le front en me caressant les cheveux et me dire de me reposer. N'y tenant plus, je me laisse sombrer dans les bras de Morphée.
Il fait noir. Je vois au loin des lumières fixes, sûrement des lampadaires de la rue. Je me sens... heureuse. Je gambade sur le trottoir comme une gamine, le sourire aux lèvres. Un fracas m'emplit les oreilles. Une lumière aveuglante m'empêche de distinguer quoi que ce soit. Une masse sombre cache la lumière. Je suis projetée contre une surface atrocement dure. Et puis... Plus rien.
Je me réveille en sursaut. Un rêve... Ce n'était qu'un rêve... Je sens mon front trempé de sueur et j'entends mon cœur battre à cent à l'heure. Mouais... Pour me mettre dans un état pareil, ça ressemblait plus à un cauchemar. Bon, puisque je suis réveillée, autant essayer d'ouvrir les yeux. Je me concentre et... Gagné ! J'ai un peu de mal à les garder ouverts, ils papillonnent un peu, mais j'ai réussis et ça me semble déjà une belle victoire. Heureusement qu'il fait nuit d'ailleurs, sinon je n'aurais pas donné cher de ma rétine. Par contre, le plafond n'a quand même qu'un intérêt assez limité ; alors je tends mes muscles et toute ma volonté pour réussir à tourner la tête et découvrir le reste de ma chambre d'hôpital. Elle ne m'offre pas non plus énormément de surprises, mise à part la table chargée d'objets que je commence à mieux distinguer : un bouquet de fleurs certainement multicolores mais qui dans la nuit sont autant de nuances de clair et de sombre, mon vieux nounours en peluche, une pile d'enveloppes, une boîte de chocolats, un paquet de mes bonbons préférés,... Un petit sourire réussi à naître sur mes lèvres. Mes amis ne m'ont pas oublié.
Je tourne la tête dans l'autre sens et je me surprends à contempler le ciel étoilé. J'avais oublié à quel point c'était beau. Doucement, mes yeux se ferment, laissant gravé à l'intérieur de mes paupières l'ombre fantomatique du croissant de lune. Dommage que je sois si fatiguée, j'aurais aimé pouvoir admirer le lever du soleil ; j'ai toujours adoré l'aube, ce moment où la nuit laisse place à un nouveau lendemain...
Je sombre à nouveau dans le sommeil.
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La promesse d'un lendemain
Short StoryUne jeune fille reprend conscience dans son lit d'hôpital. Incapable de bouger ni d'ouvrir les yeux, elle essaie de savoir comment elle est arrivée là...