Après ?

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Depuis hier, je ne dors plus. Je refuse de m'alimenter. Je refuse les visites. Je veux être seule avec mon chagrin. Je regrette tellement de m'être défoulée sur maman la veille, je me sens coupable et pitoyable.

Je passe mes journées à regarder la fenêtre, le regard vide. Comment peut-il faire si beau alors que Ben n'est plus là ? J'ai envie de hurler au soleil de se cacher, de laisser la pluie tomber pour exprimer mon chagrin. Mais je me contente de fixer l'extérieur.

Des éclats de voix retentissent dans le couloir. Le temps que je trouve le courage de tourner la tête vers la porte, celle-ci s'ouvre à la volée sur une Mel en colère qu'une infirmière essaie de retenir, sans succès. Elle se dégage et se plante devant moi, ses yeux lançant des éclairs et me mets une pichnette sur le front.

- Tu vas continuer longtemps à te laisser dépérir comme ça ? À faire la gueule au monde entier?

Je baisse les yeux pour ne pas croiser son regard plein de reproches. Je me sens mal.

- Enora, regarde moi dans les yeux quand je te parle.

Sa voix plus douce me fait relever la tête. Son regard est maintenant plus triste que colérique.

- J'ai déjà perdu mon meilleur ami, je ne veux pas te perdre toi aussi...

- Je... Je me sens si coupable... Il... Il est mort à cause de moi...

Je bredouille avec des sanglots dans la voix. Elle me prend dans ses bras et me serre fort contre elle.

- Idiote... S'il ne t'avait pas protégé, vous seriez morts tous les deux. Tu n'es pas responsable, fous toi ça dans le crâne.

Elle me caresse le haut du crâne pour me rassurer, comme lorsqu'on était enfants.

- Il faut que tu te relèves, que tu fasses ton deuil. Sinon tu vas dépérir comme moi avant que je n'apprenne ton réveil.

Je l'entends renifler, je sais qu'elle contient difficilement ses pleurs.

- Ben voulait que tu vives, sinon il ne t'aurait pas protégé. Il t'aimait tu sais? Plus que sa propre vie... Vis, Mel. Tu m'entends ? Vis.

J'éclate en sanglots. Elle me serre fort contre elle et me berce en me frottant le dos. Elle aussi pleure, elle pleure en silence sans me lâcher.

Elle ne me lâche que lorsque l'infirmière arrive avec le plateau repas. Ma meilleure amie le prend et me le pose sur les genoux avec un regard qui dit "tu manges toute seule ou c'est moi qui te fais manger". J'attrape ma fourchette sans conviction et je mange, bouchée après bouchée en jetant parfois un regard de chien battu à Mel, mais elle ne me laisse que lorsque mon assiette est vide.

Elle me fait un dernier câlin avant de partir, en laissant la place à maman qui me regarde avec tristesse. Elle s'assied à côté de moi et je me jette dans ses bras en m'excusant. Je sais qu'elle ne m'en veut pas, c'est ma maman après tout, mais je me sens plus légère, entourée des gens que j'aime.

La promesse d'un lendemainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant