Vérité

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Mel est partie quand l'infirmière est venue annoncer la fin des visites. Elle m'a promis de revenir dès que possible et m'a fait un sourire doux qui m'a réchauffé le cœur. Mel restait Mel après tout. Mais une fois seule, mes angoisses sont revenues au triple galop. J'ai envie de pleurer sans savoir pourquoi. Le doute va me tuer à petit feu.

Je reprends mon casque audio et je lance la musique. Vu mon humeur, je choisis d'écouter du piano; en temps que pianiste, cet instrument fait battre mon cœur différemment. Quand pourrais-je de nouveau faire courir mes doigts sur le clavier de mon piano? Je soupire de frustration et je me concentre sur la mélodie.

Ma tête s'enfonce dans mon oreiller, je sombre dans le sommeil.

Il fait noir. Les lumières des lampadaires de la rue éclairent à peine le trottoir. Je gambade toute heureuse en riant à gorge déployée. Je parle à quelqu'un mais je ne distingue pas son visage. Un grand fracas me déchire les oreilles, accompagné d'une lumière vive et aveuglante. Je distingue deux sources de lumière, deux phares qui se rapprochent à une vitesse hallucinante. J'entends qu'on m'appelle, tout est comme au ralenti. On s'interpose entre moi et la lumière, c'est la personne qui m'accompagne, elle me prend dans ses bras pour me protéger. Je regarde son visage, il n'est plus flou. Ce visage, je le connais par cœur. C'est le visage de Ben. Tout devient noir.

Je me réveille en sursaut, couverte de sueur et la respiration bloquée. C'est impossible, c'est impossible, c'est impossible putain! Je me balance d'avant en arrière en me tenant la tête entre les mains. Des sanglots violents m'empêchent de respirer correctement. Non, non, non! Je ne peux pas y croire ! Je refuse d'y croire!

J'entends à peine l'infirmière paniquée entrer dans ma chambre, alertée par le bruit. Je la sens à peine me dire de me calmer. Je suis incapable d'agir rationnellement. Seul le calmant qu'elle m'administre réussit à faire tomber mon agitation et me plonge dans un sommeil vide de songe.

Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, le soleil brille à travers la fenêtre. Ses rayons me réchauffent le visage. Pourquoi ? Pourquoi ? Mes larmes coulent sans s'arrêter. Maman entre dans la chambre, doucement.

- Dis moi maman. Est-ce que... Ben...

Un silence lourd s'étend dans la pièce.

- ... Je suis désolée Enora...

Mon cœur se brise en milliers de petits éclats.

- Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as rien dit?

Mes sanglots se font de plus en plus nombreux, ma vue est troublée par les larmes qui inondent mes yeux.

- Tu... Tu venais à peine de te réveiller... On ne voulait pas te brusquer...

- Me brusquer? Mon meilleur ami est MORT! Par MA faute! Et vous ne voulez pas me brusquer?

Maman est choquée par ma colère soudaine. Je dois dire qu'une partie de moi l'est aussi. Elle s'approche de moi pour essayer de me consoler mais le chagrin me fait perdre la tête. Je suis aveuglée par la colère, la tristesse et la culpabilité.

- SORS! LAISSEZ MOI SEULE !

Maman se recule comme si je l'avais giflé. Les yeux pleins de larmes, elle fait demi-tour et sort après m'avoir murmuré qu'elle était là si j'avais besoin d'elle.

De rage, je balance mon oreiller à travers la pièce avant de m'écrouler et de pleurer toutes les larmes de mon corps.

Ben est mort. Et c'est de ma faute.

La promesse d'un lendemainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant