Je suis assise, seule, au pied d'un saule pleureur. Je suis roulée en boule, la tête sur mes genoux, en dissimulant mon chagrin.
- Alors, c'est ici que tu te caches?
Je tourne la tête vers la droite pour y voir Ben. Je ne prononce pas un mot et je le laisse s'asseoir à côté de moi.
- On t'a cherché toute la journée, tu sais quelle heure il est ? Le soleil va bientôt se lever.
Je reste enfermée dans mon silence.
- Enora, tu sais, ce n'est pas bon de t'enfermer dans ton chagrin.
Je ne réagis pas. Il passe son bras autour de mes épaules et me serre contre lui.
- Tu sais, moi aussi je l'aimais bien ton grand-père. Tu te souviens quand il nous racontait ses histoires quand on était petits, toi, moi et Mel? Ou ses blagues pas drôles qui revenaient à chaque fois ? Tu te souviens de ses vieux biscuits durs comme la pierre qu'on s'obligeait à manger pour lui faire plaisir?
Je hoche la tête en laissant dévaler mes larmes le long de mes joues. Ça fait si mal!
- C'est de ça dont tu dois te souvenir, Enora. Pense aux bons moments, aux bons souvenirs. Garde les précieusement dans ton cœur et son souvenir vivra aussi longtemps que tu penseras à lui.
Il s'arrête et contemple le ciel qui se colore doucement.
- Un jour quelqu'un a dit que les hommes ne mouraient complètement que lorsque leur souvenir disparaissait. Je trouve que c'est une belle idée, tu ne crois pas?
- Si... C'est une belle idée...
Il me regarde en souriant et je ne peux que sourire en retour. Je n'ai jamais su résister à son sourire d'ange. Il passe son pouce sur mes joues pour sécher mes larmes de crocodile.
- Allez, arrête de pleurer. Ton grand-père ne serait pas content de te voir pleurer comme une madeleine à cause de lui... Et regarde moi ce beau lever de soleil!
Je renifle bruyamment et tourne mon regard vers la voûte céleste.
- J'ai toujours préféré le crépuscule à l'aube moi...
Ben me regarde avec un sourire en coin.
- Ça ne m'étonne pas, tu as toujours préféré la nuit, non?
J'acquiesce en gardant les yeux rivés sur le spectacle qui se présente à moi.
- Moi, j'ai toujours préféré les levers de soleil. Ils illuminent les ténèbres de la nuit pour annoncer un autre jour, un peu comme la promesse d'un nouveau lendemain...
Je détourne mon regard pour le poser sur lui. Ses yeux rencontrent les miens, éclairés par la lumière d'un jour nouveau.
Je me réveille dans ma chambre immaculée, des larmes perlant aux coins des yeux. Encore un souvenir...
Je me souviens parfaitement de ce jour-là. Ben avait encore une fois su me trouver, et trouver les mots pour me consoler. Lui et ses belles paroles, son sourire en coin auquel je ne pouvais résister,... Qui va me consoler maintenant que tu n'es plus là ?
Je repense à ses paroles ce jour-là. Encore une fois, tu as raison, Ben. Je ne dois pas m'enfermer dans le chagrin, je dois chérir tous mes souvenirs avec toi. Si je pleure à cause de toi, tu ne vas pas être content n'est-ce pas?
Bizarrement, je me sens... apaisée. J'ai l'impression d'avoir franchi un cap. Ce souvenir était peut-être ce qu'il me manquait pour pouvoir avancer? Un signe dans mes tristes ténèbres, comme son cher lever de soleil,
Comme la promesse d'un lendemain.
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La promesse d'un lendemain
Short StoryUne jeune fille reprend conscience dans son lit d'hôpital. Incapable de bouger ni d'ouvrir les yeux, elle essaie de savoir comment elle est arrivée là...