Eva

4 2 0
                                    

La guerre est déclarée. Elle veut jouer...on va bien s'amuser !

Cette fille m'a vraiment énervée.

Ça fait deux semaines que les crasses s'ensuivent chaque jours mais le pire c'était sûrement le coup des punaises. Elle aurait pût me prévenir tout de même ! J'ai dû faire demi-tour juste pour aller chercher le marteau chez moi ! Résultat des courses elle a eu une heure de colle pour dégradation de matériel - bien fait - mais moi j'ai eu le plaisir de récolter un mal de dos !

Remarque cette petite guerre est plutôt bénéfique dans un certain sens, en deux semaines j'ai jamais passé autant de temps dans le garage et dans la cabane de jardinage.

Inej se frotte à ma jambe, et pose son joli museau sur la table basse du grenier ou défilent mes petits outils...

- Regarde Inej ! dis-je en souriant. Pour demain qu'est ce que tu voudrais que je fasse ? J'ai le vernis à ongle amer pour son repas de midi, la scie pliable - indétectable - pour scier les pieds de sa chaise, et même la batterie pour une chaise électrique !

Inej me regarde avec ses yeux humides. Quelque chose me dit qu'il vaudrait mieux ne pas faire le coup de la chaise électrique...je tiens pas à avoir une mort - accidentelle - dans mon casier judiciaire jusqu'alors vierge - si l'incident avec l'agent de ma mère n'est toujours pas résolu.

L'horloge sonne 20h et je rapporte mes petits trésors dans ma chambre.

Je repense à Eliott...une énorme erreur !

Moi qui pensait que ce genre de personne n'existait que dans les romans je me suis lourdement trompée ! Bon faisons le point : j'ai une secte et son gourou sur le dos et je me fait courtiser par un Casanova - vraiment - très lourd...Il est temps de réunir le Conseil de Guerre ! Ce n'est pas un gros cube hébergeant six-cents jeunes gens déstabilisés par la découverte de leur instinct animal qui aura ma peau !

Je m'assoie dans mon fauteuil et ferme les yeux. Je peux entendre les objections de mes conseillers et généraux. Qu'ils sont bruyants ! J'ouvre les yeux et les vois. Il sont devant une maquette, celle du lycée, les couloirs les plus moindres y sont, les salles jusqu'au débarras également.

Le débat est lancé. C'est fou ce que des amis imaginaires ont de meilleurs conseils que les personnes réelles. Au final, il a été décidé que je devais changer d'antre. Demain direction la salle de techno jamais fermée à clef ( j'ai pas compris pourquoi d'ailleurs ).

- Eva !

Une voix aimable et patiente, dont le son mielleux enlève tout les doutes...je hais ce psychologue...On peut pas être tranquille dans cette maison !


- Alors cette journée, me demande-t-il, et ne dis pas juste mal.
- Très mal.

Je le sens à deux doigts de rentrer chez lui, ce qui en passant est une très bonne idée.

- Que t'est-il arrivée ? redemanda-t-il encore plus exaspéré.
- Mes dessins déchirés.

Je l'oublierai pas de sitôt celle là ! Une fois que j'aurais découvert qui est l'auteur de ce carnage - car Annie n'est pas assez conne pour ça - il va connaître le sens du mot douleur. Mon psy me regarde avec un regard suspicieux qui me dit qu'il sait exactement ce que je vais faire.

- J'espère que tu ne vas faire le coup du vernis amer Eva.
- De quoi vous parlez ?
- Tu m'en a versé un flacon entier dans mon repas et j'en ai encore le goût abominable dans la bouche.
- Je vois toujours pas de quoi vous parlez.

Et le voilà qui recommence à me faire la morale. Bien entendu je ne l'écoute pas, je suis dans le hall du palais impérial. L'empereur me parle tout en écoutant le pianiste faire vibrer la salle de sa mélodie.

- Tu ne devrais plus aller à la prison.

Je reviens à la réalité. Il me regarde d'un air sérieux. Ces mots était de trop.

- C'est mon oncle, dis-je simplement.
- Y aller ne te fera pas de bien, me répondit-il. Qui plus est j'ai l'impression que plus tu t'y rends plus tu refuses de sortir. Ses conseils te tiennent peut-être à cœur mais ils ne sont pas bénéfiques ni pour toi ni pour quiconque. Je vais en parler à ta mère, je ne veux pas que tu y retourne une fois de plus.
- Ça ne vous concerne pas.
- Je suis ton psychologue, je ne vais pas rester à observer alors que tu continues de rendre visite à un criminel qui te mets des idées dans la tête.
- J'irai où je veux quand je veux. Vous devriez être heureux vous qui arrêter pas de me rabâcher qu'il faut que je sorte.

J'en ai marre ! Je sors suivie de ma petite Inej qui commence à grogner. Je l'adore ! C'est la seule qui me comprenne vraiment. Pour être franche je me fais du souci pour elle. Cela fait plusieurs jours que je la trouve devant la porte de la maison et chaque fois Yasmina m'apprend qu'elle y a passé la journée à m'attendre.

- Bon anniversaire Eva !

Papa et Maman et Yasmina - notre aide à domicile - applaudissent alors que je souffle mes dix bougies. Le fraisier est délicieux.

Maman m'offre un gros paquet que j'ouvre avec impatience, c'est un ensemble complet de matériel à dessin et également à aquarelle. Je lui fait un bisou sur la joue et ouvre les autres cadeaux. Livres, un jeu vidéo, mangas...Ma famille est au complet, ce qui est plutôt rare étant donné la distance.

Yasmina m'a offert un livre rempli de joli caractère, c'est de l'arabe. Elle s'approche de moi et me dit :

- Je te mets au défi d'arriver à lire ça sans mon aide.

Je lui souris, j'espère seulement que c'est pas le Coran car ce n'est vraiment pas le truc à lire si on est débutant dans la langue.

Mon oncle vient et me tend...un revolver usé. Ma mère regarde son frère avec de grands yeux.

- Tu n'es pas sérieux ?!
- Du calme Orélie, répond-t-il en riant, bien que je sois pour le port des armes à feu je ne vais tout de même pas offrir un revolver à ma nièce.
- Alors qu'est-ce que c'est que ça ? rétorque ma mère. Ne me dis pas que c'est un faux, je le reconnais, il était tout le temps au-dessus de la cheminée quand j'étais encore à la maison.
- Eva voulait juste en voir un. Maintenant que sa petite tête de génie a mémorisé l'image de ce petit bijou du passé, il va regagner sa place au-dessus de la cheminée.
- Encore heureux !

Tout le monde se met à rire puis enfin arrive Oscar. Il a un gros paquet lui aussi dans les bras, mais lui, il le manie avec plus de précaution. Il le pose devant moi et bizarrement j'entends des petits bruits contre la boite. Je n'est même pas le temps de poser ma main dessus qu'une petite boule de poil sort en renversant le couvercle.

Deux petites oreilles toutes douces et de petits yeux humides. La petite chienne était tout ce qu'il y avait de plus mignon sur terre.

Je saute au cou de mes parents et m'empresse de prendre le petit animal dans mes bras.
Elle s'appellera Inej.


Je refuse qu'elle dépérisse ainsi - bon j'en fais peut-être un peu trop - désolé pour vous mes chers parents. Demain je reste à la maison.

Inej me regarde de ses yeux humides.

- Et dire que je vais abandonner mes plans pour toi ma grande, si ça c'est pas avoir de la chance.

Quand le papillon sort du coconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant