Eva

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- Non !

C'était le seul mot que j'ai prononcé le jour où maman m'avait annoncé que j'allais aller à l'école, c'était à mes quatre ans. Je ne voulais pas aller à l'école, en fait je ne voulais pas sortir de ma maison. Papa étant écrivain, j'ai appris à lire très jeune au point de savoir parfaitement lire à mes trois ans. Pour moi cela n'avait rien d'extraordinaire mais le pédiatre n'avait pas été de cet avis et avait décidé de me ranger dans le dossier "enfant précoce" sans que je puisse savoir pourquoi, après la case "enfant précoce" je suis passée par le dossier "surdouée" ce qui m'a valu de sauté une classe ( à savoir celle de grande section de maternelle ). Puis après ce court séjour dans le dossier "surdouée" j'ai eu le droit d'entrée dans celui des "génies" que mon professeur à domicile trimballait toujours avec lui. C'était son hobbies à M. Legrain, il faisait un dossier pour chacun de ses élèves et moi il m'a classé dans la catégorie génie le jour où je me suis servie toute seule de la teinture de cheveux de maman pour avoir les cheveux bleus à cinq ans.

Je n'aime pas l'école. Trop de monde. Trop de bruit. Pas assez de tranquillité. J'ai toujours suivi les cours chez moi, par correspondance ou bien avec un professeur à domicile. En vérité je ne suis jamais sorti de chez moi ( du moins pas de mon plein gré ) mais avec une maison aussi grande qu'un manoir avec un parc et une petite forêt comme domaine je ne m'ennuie pas. Je n'ai pas d'amis ( sauf si on compte Kaz Brekker, Ulysse, Alice Baskerville et Lupin III ) et aussi loin que remonte mes souvenirs je n'en ai jamais voulu. Je ne veux pas sortir, je veux rester dans mon cocon...mon cocon à moi.

Mais aujourd'hui ce n'est pas le cas...cette fille devant la porte de la 2e-E ce n'était pas une inconnue...c'était moi...

Maman et papa veulent que j'entre dans la société, les voila servis, qu'ils ne comptent pas sur moi pour oublier ça.

Je m'appelle Eva Kreiss et j'entre au lycée Franklauss en 2e-E à quatorze ans.

J'aime pas l'école. J'aime pas la société. J'aime pas les gens. Je n'aime que les livres, le dessin, les mangas, la marche et l'écriture. Mon père est un écrivain mondialement connu et ma mère une actrice connue, quand je les voie engager la conversation avec tout le monde je me demande si je suis vraiment leur fille. Je n'ai pas d'amis et cela ne changera jamais. Alors pourquoi ? Pourquoi suis-je ici ?! Comptez sur moi pour m'en rappeler ! C'est plutôt étrange, je panique mais mon visage ne montre rien, aucune émotion c'est sûrement pour cela que la proviseure me regarde comme si j'étais une "chose" non-identifiée. Elle me dit que je n'ai pas à m'inquiéter, que tout se passera bien mais je ne ressens rien : ça ne sert à rien qu'elle me le dise, je le sais bien. Tout ce passera bien puisque je ne parlerai pas. Je ne réponds rien, je ne parle pas aux gens que je ne connais pas.

Je repense à mes journées tranquille à la maison, ma chienne Inej ( c'est moi qui ai choisie son nom ) me courait après dans le jardin, je voyageais dans les lagons bleus, les forêts magiques, parlaient avec les fées et les dragons, je regardais les alchimistes préparer leurs formules. Pourquoi ne puis-je pas vivre ainsi pour l'éternité ? Je sais je ne suis qu'une gosse de riche, une irresponsable qui pense que tout arrivera comme par magie ! Mais j'en ai vraiment marre de la réalité ! Quel horrible mot ! Pas de magie ! Pas de liberté ! Pourquoi ?! Mais bon, je n'ai pas le choix. Ah ça je ne l'oublierai pas ! Papa, Maman prenez garde ! Vous avez osé déranger le dragon pendant son sommeil, vous subirez ses flammes ! J'ai beau être silencieuse et inexpressive le destin a voulu que je sois doté d'un caractère de cochon, d'un sadisme de satan, d'une rancune abominable et d'un sens de la vengeance assez...perturbant. Un jour j'ai mis un somnifère dans le verre de Maman parce qu'elle m'avait réveillé à l'aide d'un genre de musique appelé communément "Heavy Metal", ajoutons à cela une enceinte et je tiens à préciser qu'il n'y a rien de pire que d'être réveillée par un énorme baragouinage à je ne sais combien de décibels alors qu'on a lu jusqu'à une heure du matin. En fait quand je dis que j'ai mit un somnifère en fait j'en ai mit deux, résultat ma mère a eu droit à un réveil particulièrement désagréable : un agent qui vous annonce que vous avez déjà cinq minutes de retard à une interview télévisé en direct. Quel joie que de la voir paniquer et courir dans tout les sens.

Bon d'accord j'ai peut-être exagérer sur ce coup là mais comme je le disait malgré mon naturel calme je suis une vraie petite peste. 

Aujourd'hui j'ai dépassé plusieurs de mes records : le premier, me concentrer plus de cinq minutes sur ce que me dise les gens, le second, avoir regardé plus de dix personnes dans une journée, le dernier - que je cite -, avoir passé une heure entière avec la directrice sans lui lancer un regard noir ( je ne la connais que depuis une heure et je la déteste déjà ). Quand il faut y aller...il ne faut pas y aller...je ralentit peu à peu le rythme de sorte que la directrice ne remarque rien puis je tourne au bout du couloir sans me faire voir. Je suis têtue...je sais...et lâche...je le sais aussi. Je monte les escaliers puis encore un autre escalier jusqu'à atteindre une porte grise affreuse et qui grince. Dans le shojos, les deux amoureux se rendent toujours sur le toit pour manger, ce n'est pas du tout réaliste et c'est ce que je reproche aux mangas de romance. Mais si il y a une chose qui est vrai dedans c'est qu'il n'y a jamais personne sur le toit, isolé, l'endroit parfait.

Quand j'ai dis qu'il n'y avait jamais personne sur le toit, je me suis trompée. Devant les grilles de sécurité se tient une fille, elle devait être aussi étonnée que moi de trouver quelqu'un sur le toit car à peine j'ai ouvert la porte qu'elle s'est retournée et a commencé à me fixer. J'ai fait pareil. Cheveux noirs ténèbres. Yeux bruns noisette. Taille fine. Silhouette élancée. Peau rosée. Il ne manque plus que la pomme d'or. Mon petit coin de paradis est déjà pris, bon, je file sous le regard étonné de cette déesse de la beauté.

Je traverse plusieurs couloirs, tout les regards fusent sur moi, il ne m'ont jamais vu c'est sûrement pour ça.

- C'est bon elle est là Mme.

Je me retourne et voit un garçon accompagné d'une femme en sueur : la directrice. Le garçon me montre du doigt et je me mets à lui souhaiter tout les malheurs du monde. Voila pourquoi je déteste les gens, ils se mêlent de tout ce qui ne les regarde absolument pas.

La directrice se tient derrière moi alors que nous nous dirigeons vers la salle, le prof qui se tient devant ce qui me semble être ma nouvelle salle de classe me regarde comme un OVNI : Objet Vivant Non-Identifié. Il m'invite à entrer...mais je n'ai pas dis mon dernier mot...à peine arrivée devant la salle je trace dans le couloir sous les protestations des deux adultes. Si toutes mes journées sont comme ça, l'année va être longue.

Quand le papillon sort du coconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant