PromessesLa boîte sentait le printemps.
Un mélange de fleurs et de soleil embauma la pièce.
Il souleva légèrement le couvercle et la déposa sur son lit poussiéreux. Les souvenirs le submergèrent,des centaines d'images. Un banc, ses cheveux dans le vent, son sourire, un seau de pop corne, un rire. Chaque petit détail lui rappela à quel point il l'avait aimé.Son cœur se serra, la plaie était encore béante, infectée.Il prit une enveloppe, jaunit et maltraitée par le temps, et l'ouvra délicatement. Dedans, il y avait exactement deux cent trente-six photos, certaines de lui,d'autres d'elle, mais la plupart étaient d'eux deux. Au fur et à mesure qu'il la cherchait, les photos défilantes, une buée épaisse vint troublée sa vue. Il ne pleurait pas, ne pleurerait pas. Parce qu'il avait promis, et une promesse est une promesse. Il accéléra le rythme, pour ne plus voir les photos. Il regarda sa montre :Neuf heures et vingt-trois minutes. Il était en retard. Il déposa la première partie des photos qu'il avait déjà analysée et étala la deuxième par terre. Elle est là. Il l'avait repéré, pourtant,seul un coin de la photo dépassait.C'était , à première vu, une photo, de taille normale, de couleurs normales, rien de surprenant,rien qui ne puissent la distinguer des deux cent trente-cinq autres,pourtant c'était elle qu'il voulait. Il la voulait parce que cette photo était le meilleur souvenir qu'il avait d'elle, le seul dont il voulait à tout prix se rappeler.
Il se rappelle encore de son parfum ce jour-là, elle sentait le caramel et la barba papa. Juste après avoir fait le plein de sucreries, elle l'avait supplié de monter sur la grande roue. Il trouvait ça étrange qu'elle insiste autant alors qu'elle avait le vertige, mais accepta. Une fois en haut, elle se tourna vers lui, avec son sourire malicieux, il savait qu'elle cachait quelque chose. Les mains derrière le dos, elle lui demandade fermer les yeux, et lorsqu'il les ouvra, elle lui tendait un appareil à photo instantanée, noir. Des étoiles dans les yeux,elle lui sourit : « joyeux anniversaire mon cœur, je t'avais promis que je te l'offrirais un jour, et une promesse est une promesse pas vrai ?». Il prit l'appareil photo, la rechargea et captura son sourire. C'était il à quelques jours seulement, et pourtant... Sa montre afficha neuf heures trente. Le voilà en retard, obliger à courir. Réajustant son costume, il dévala les quelques marches qui le séparait de son entrée ; et chevauchant son vélo prit la direction du sud.
Neuf heures quarante, tout le monde l'attendait, dans le silence. Lorsqu'il descendit de son vélo,essoufflé, tous les regards se dirigèrent vers lui. Son cœur battait extrêmement vite, mais il ne prêta attention à personnes,et continua sa route à pied, puis s'arrêta net quelques mètres plus loin.
La voilà. La grosse pierre grise lui faisait face, imposante, triste. Un frisson lui parcourut le dos. Il se baissa, et déposa la photo sur la pierre, la terre encore fraîchement retournée sentait la pluie, il détestait la pluie.
« J'espère que de là où tu es,tu continues à sourire. Tu me la promis, et une promesse est une promesse pas vrai ? »