Jour 61

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J'ai passé la nuit avec Irénée. Enfin, nous sommes rentrés tard, puisqu'en temps que DJ il se doit de rester pratiquement jusqu'à la fermeture de la boîte de nuit. J'ai donc ouvert les yeux vers quatorze heures. Sans m'en faire, sans avoir mauvaise conscience, puisque les vacances de Noël venaient de commencer. Ce qui veut dire : pas de devoirs à faire et pas à me soucier de me reposer pour être en forme lors de la reprise des cours. J'ai regardé Irénée dormir. Paisiblement, sagement. Son torse se gonfler à chaque inspiration et redescendre à chaque expiration. Cette nuit, nous n'avons fait que dormir, l'un contre l'autre. Ce qui m'a comblé de bonheur. M'endormir dans les bras d'un homme est ce que je préfère. Cette sensation est inégalable. Sentir la force de l'autre, se savoir protégé, aimé. Être à deux, tout simplement, il n'y a rien de mieux.


Discrètement, j'ai essayé de soulever le drap. Sans doute qu'au moment de nous coucher je l'ai déjà vu nu. Sauf que j'ai essayé de boire autant que les autres invités présents dans le carré VIP et que je ne tiens pas aussi bien l'alcool qu'eux. Je me suis donc réveillé avec quelques trous de mémoire. Je voulais voir ce qu'Irénée avait entre les jambes. Ce n'est pas le plus important, évidemment, mais on ne peut pas se mentir en disant que ça ne compte pas. Quand c'est gros et long, c'est quand même plus agréable...

— Qu'est-ce que tu fais ?

Il n'a pas dit cela sur un ton agressif, plutôt avec de la malice dans la voix.

— Je, euh...

Il a lui-même soulevé le drap. J'ai pu observer la sienne, il a regardé la mienne.

— Hier soir déjà j'ai eu envie d'y goûter, mais ce n'est pas mon style d'abuser d'un mec complètement bourré.

La sienne m'a aussi donné très envie. Surtout qu'il venait de se réveiller et que lorsqu'un homme ouvre les yeux, son membre n'est pas au repos.

— Non.

J'ai tenté d'approcher ma main. Je pensais lui procurer un petit plaisir matinal, j'adorais faire ça avec ce type dont je ne veux plus prononcer le prénom.

— Ce n'est pas que je n'en rêve pas, mais, enfin, je n'ai pas envie qu'il y ait juste du sexe entre nous. Je veux d'abord être sûr qu'il y a autre chose dans notre relation.

J'ai reposé ma main. J'ai trouvé cela assez mignon qu'il veuille attendre. Bon, il ne faudra pas non plus que ça dure trop longtemps, mais l'idée me plaît bien.


Nous avons petit déjeuner tranquillement. En silence, le temps que la migraine passe. La mienne était assez forte. Irénée, lui, était presque totalement en forme. Il a travaillé toute la nuit, il n'a pas eu le temps de boire autant que moi !

— Je dois bosser aujourd'hui.

— Mais, on est dimanche !

— Eh oui, Mathieu. Quand on est un artiste, il n'y a pas de jour de repos. En ce moment je passe plusieurs heures par jour en studio pour finaliser mon premier disque de remixes. Il faut aller vite, ça coûte une fortune de louer le matériel.

— Je comprends.

— Je te proposerais bien de venir avec moi, mais si tu es présent, je ne vais pas pouvoir me concentrer sur mon travail.

J'ai souri, niaisement. C'est tellement agréable le début d'une relation, je ne comprends pas pourquoi cet état ne dure pas plus longtemps. Se sentir flotter, comme sur un petit nuage. Avoir des papillons dans le ventre. Frissonner chaque fois que l'autre sourit. Frissonner simplement au son de sa voix. Être triste de devoir se quitter. Ne penser qu'au moment de se retrouver. Peut-être que lorsqu'on rencontre la bonne personne cet état se perpétue à l'infini. Pour l'instant, je ne crois plus aux histoires d'âmes sœurs, je veux vivre l'instant présent.

Le journal de Mathieu (7)Where stories live. Discover now