Jour 66

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Les cours ont repris. Finalement, avec le Nouvel An rien ne change, je me demande pourquoi on célèbre cette fête. Pour prendre de bonnes résolutions ? Il ne faut pas plus d'une semaine pour qu'on les oublie. Enfin, je n'ai pas à me plaindre, puisque pour moi l'année commence très bien. Grâce à Irénée, grâce à l'amour... En ce premier jour de retour au lycée, j'ai profité de la récréation pour parler à Cyril.

— Tu peux t'en sortir, mais il faut que tu acceptes de t'allier avec Sébastien.

— Il ne voudra jamais, nous ne sommes pas vraiment en bons termes.

— C'est un mec génial. Je suis sûr qu'il suffit que tu ailles lui parler.

— Et s'il me dit non ? Je ne veux pas me rabaisser pour finalement être rejeté.

Les hommes sont parfois trop butés. Pour Cyril, c'est se rabaisser que de demander de l'aide. Il a peur que sa fierté en souffre. Sauf que parfois, les circonstances sont trop graves pour qu'on veuille à tout prix garder la face. Et pour quoi d'ailleurs ? À quoi sert la fierté quand on est en difficulté ?

— Viens chez moi ce soir. J'invite aussi Sébastien. Ce sera l'occasion pour vous de discuter. Tout ce que je veux, c'est t'aider.

— Je sais bien, Mathieu, tu es vraiment un pote super sympa.

— Tu viendras ?

— Je verrai.

Que ce genre de réponse m'énerve !


Pour le déjeuner, je ne suis pas allé à la cantine. J'avais rendez-vous dans un bistro avec Olivier. Évidemment que j'en ai informé Irénée, il a le droit de tout savoir, je ne veux rien lui cacher. Je n'aime pas les secrets, ils n'apportent que des difficultés supplémentaires que l'on peut éviter en disant simplement la vérité.

— L'agence est très contente des photos que nous avons faites. On nous propose un nouveau contrat.

— À tous les deux ?

— Oui, ils considèrent que nous allons très bien ensemble, pour les photographies j'entends.

J'ai souri. Évidemment que je ne l'avais pas interprété autrement.

— Cette fois c'est encore mieux. On posera pour les affiches d'une campagne de pub nationale.

— Je vais voir mon visage sur les panneaux publicitaires ?

— Il faudra t'y faire, tu es très apprécié par les clients de l'agence.

— C'est une pub pour quoi ?

— Du parfum.

— Ça change des pyjamas et des boxers.

— On sera à moitié à poil quand même. C'est rare qu'une publicité pour les hommes se fasse habillé !

— Je ne sais pas si mes parents accepteront.

— Il faut que tu leur en parles dès ce soir, le shooting a lieu mercredi.

— Ça va très vite tout ça.

— En général, le choix des modèles se fait en fin de projet, quand la campagne de pub est déjà entièrement planifiée. Donc, quand on fait appel à nous, il faut réagir tout de suite, c'est la dernière étape pour les publicistes, ce sont des gens pressés. Je te donne le contrat. Tu m'appelles dès que tes parents signent.


Il avait l'air confiant. Moi, j'ai eu un peu peur de la réaction de mes parents. Je leur avais dit, la première fois, que ce serait une séance de pose unique et maintenant je viens leur faire accepter que leur fils participe à une campagne de pub nationale.

Le journal de Mathieu (7)Where stories live. Discover now