Et le Nouvel An s'est déroulé presque comme prévu. Irénée et moi sommes d'abord allés à la fête organisée par Olivier et Franck. Les potes du lycée ont accepté tout de suite d'y participer, ça simplifiait l'organisation pour tout le monde. Et je dois dire que cette fête était une grande réussite. Un monde fou, mais une ambiance géniale. Je crois que personne n'a remarqué que nous sommes partis, à vingt-trois heures, pour rejoindre la boîte de nuit. Lorsqu'Irénée est passé derrière les platines, la foule a hurlé, d'enthousiasme ! Il est une vraie petite star et je comprends les autres, c'est le plus génial des hommes. Bon, moi j'ai passé le cap de minuit seul sur la piste de danse, c'est le prix à payer quand son petit ami est le DJ de la soirée !
À quatre heures du matin, nous avons quitté la discothèque pour prendre un taxi. Nous sommes rentrés chez Irénée.
— On prend un bain ?
Étrange à cette heure-ci, mais j'aurais été bien bête de refuser. Nous nous sommes donc plongés dans un bain chaud, plein de mousse, avec deux coupes de champagne, pour trinquer tranquillement à 2015. Des caresses, des bisous et puis nous sommes retournés dans la chambre, nous glisser sous les draps.
— J'ai envie de toi.
— Moi aussi.
— J'ai un peu peur.
— Pourquoi, Irénée ?
— Je ne veux pas casser l'ambiance mais bon, disons que dans le centre d'hébergement, il s'est passé des choses... Certains trouvent ça excitant de regarder des pornos où des mecs sont forcés de se faire prendre. Dans la réalité, je peux te dire que ce n'est pas du tout une partie de plaisir.
— On t'a violé ?
— Je n'aime pas ce terme, même si effectivement c'est ce qui s'est passé. Depuis, je n'ai jamais rien fait, j'ai peur d'avoir un blocage.
— Laisse-moi faire. À n'importe quel moment, si tu bloques, tu me le dis et on arrête, je t'assure que je ne le prendrai pas mal. On va à ton rythme.
Je me suis allongé sur lui pour l'embrasser. Nos deux corps nus glissant l'un contre l'autre, enfin. Je lui ai déposé de légers bisous dans le cou, puis sur son torse. Je me suis attardé sur ses tétons. J'ai longuement embrassé son ventre, avec ces jolis petits poils qui lui donnent une virilité très excitante. Comme il était bien chaud, je me suis occupé de son plaisir. Des coups de langue, des va-et-vient dans ma bouche. Je me suis laissé guider par ses gémissements. Je me suis mis en position pour qu'il puisse me faire du bien pendant que je continuais à lui donner du plaisir.
Et puis, je me suis allongé sur le ventre. Il a mis sa protection et est entré en moi, tout doucement, amoureusement. C'est la différence entre baiser, avec un plan et faire l'amour, avec celui qu'on aime. Rapidement, il a pris de l'assurance et s'est défoulé en moi. Pour notre plus grand plaisir à tous les deux. La phase de douceur est agréable, mais ensuite il faut passer à une certaine brutalité pour réussir à atteindre l'orgasme. Ce que nous avons eu tous les deux, avec un petit décalage, de quelques secondes. Essoufflé, transpirant, je me suis allongé sur lui pour les bisous qui récompensent l'effort.
— Bonne année, Mathieu.
— Bonne année, Irénée.
— Ça n'a jamais aussi bien commencé !
Je me suis contenté de sourire avant de poser ma tête contre son torse. Il a mis ses bras autour de moi et nous nous sommes endormis comme ça, heureux, encore et toujours, pour longtemps, j'espère...
Dès le réveil, nous avons remis ça. Il ne manquait plus que le plaisir charnel à notre relation. Maintenant, l'amour est complet, autant intérieur que physique. Et puis, évidemment, nous avons passé la journée ensemble, dans l'appartement, bien au chaud, l'un contre l'autre.
— Je sens que quelque chose te tracasse.
— C'est un pote, il a des problèmes. Mais il m'en voudrait si j'en parlais à quelqu'un.
— Nous ne sommes que tous les deux. Donc tu ne vas pas en parler à quelqu'un, tu vas en parler à moi !
Il avait raison, évidemment. Peut-être qu'avec mon ex je me serais tout de suite confié. Maintenant, je suis devenu plus méfiant. Ce n'est pas une bonne chose quand la vie nous fait douter de la personne qu'on aime. On devrait toujours avoir confiance en celui qui fait battre notre cœur.
— C'est Cyril, il fait partie d'un gang...
Je lui ai tout raconté. Comme il est très intelligent, il n'a porté aucun jugement sur les activités de Cyril.
— Il a besoin de faire partie d'un nouveau groupe. Son seul pote, c'est toi. Il sait que vous deux, seuls, vous ne pouvez pas lutter contre un gang. Même si on peut m'ajouter de votre côté, ça ne suffit pas.
— Je ne vois pas qui d'autre pourrait nous aider.
— Sébastien. D'un claquement de doigts il rallierait toute l'équipe de natation à la cause de Cyril.
— Ils ne sont pas vraiment amis. Mais je pourrais lui demander.
— Surtout pas ! Tu as compris que j'adorais mon cousin. Sauf qu'il n'est pas parfait. Il fonctionne avec des idées très rigides. Il ne t'a pas encore fait le coup du code d'honneur ?
— Non.
— Pour lui, rien ne compte plus que le code d'honneur. Par exemple, tu fais partie de l'équipe de natation. Bon, si un jour tu manquais une compétition sous un faux prétexte, il t'en voudrait à vie. Pour lui, tu aurais manqué d'honneur et ça, il ne le pardonne pas.
— Qu'est-ce qui ne serait pas un faux prétexte ?
— Pour manquer une compétition ? Si tu n'es pas à la morgue, aucune excuse ne tient.
— D'accord, et tu me dis ça parce que ?
— Si tu vas voir Sébastien au nom de Cyril, il ne t'aidera pas. Le code d'honneur ! C'est Cyril qui doit aller demander de l'aide, directement. Je sais, mon cousin est un peu buté parfois. Mais on lui pardonne, parce que quand on l'a comme pote, c'est pour la vie et il se sacrifierait pour les gens qu'il aime vraiment.
— Il faut essayer, je ne supporte pas de voir un ami dans la détresse.
— Tu dois parler aux deux pour les convaincre de discuter d'homme à homme. Ils sont loin d'être idiots, mais chacun est guidé par sa fierté. Ils doivent accepter de baisser les armes pour s'unir.
— Ça ne va pas être simple.
— Pour toi si, tu es le meilleur !
Ça me fait toujours autant de bien d'entendre ce genre de paroles.
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Le journal de Mathieu (7)
General FictionMathieu passe son premier Noël parisien, entre tristesse, joie et amour. Et avant que la nouvelle année ne commence, il doit aider Cyril, n'imaginant pas ce qui va lui être révélé...