1 MOIS PLUS TARD... 11 MAI 2015 - LYSE

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Lorsque Thomas passe la porte d'entrée ce soir, il perçoit immédiatement que quelque chose ne va pas. Il lève un sourcil interrogateur et m'embrasse brièvement avant d'intercepter notre tornade qui lui saute dans les bras.

— Hey ! Bonsoir, mon grand ! Tu as passé une bonne journée ?

— Oui ! La maîtresse a dit que mon collage était très beau !

— Super ! Tu vas me raconter tout ça.

Il le dépose en lui ébouriffant les cheveux, puis il ôte sa veste et détache sa cravate en m'interrogeant du regard, les sourcils froncés. Depuis bien longtemps, les mots ne sont plus nécessaires entre nous.

— J'ai discuté avec Michel...

— Michel Armand ? Ton chef ?

J'acquiesce, tandis que Camille cherche à accaparer l'attention de son père en le tirant par le bras.

— Tu viens me lire l'histoire ?

— Tu as déjà mangé ?

— Oui, maman a dit que c'était trop tard pour manger avec toi.

Thom regarde sa montre et semble étonné.

— Déjà ? Désolé, mon cœur. Je n'ai pas remarqué que j'étais parti si tard du bureau. Ma réunion était sans fin, et il a fallu que j'envoie des mails après.

— C'est pas grave. Va coucher le petit monstre pendant que je nous prépare quelque chose pour dîner.

— Eh ! Je suis pas un petit monstre : je suis un T-rex !

Je souris face à cette irrésistible frimousse de coquin. J'ouvre les bras et il vient s'y blottir.

— C'est noté ! Mais monstre ou dinosaure, on écoute ses parents, alors au lit ! Il est l'heure de dormir.

Je lui fais un câlin et récolte un bisou bruyant et baveux en retour.

— Bonne nuit, m'man ! ajoute-t-il en sautant dans les bras de son père.

Thomas réapparaît dans la cuisine un quart d'heure plus tard. Il se colle dans mon dos et m'enlace avant de jeter un coup d'œil au magazine que je feuillette en surveillant la cuisson de la poêlée.

— Tu lis un magazine people ? J'y crois pas !

— Je l'ai acheté la semaine dernière, quand j'ai pris le RER. Ça me change les idées, de voir tous ces gens avec une vie loin de tout souci.

— Ils sont certainement riches et célèbres, mais je ne les envie pas. Je préfère largement notre vie à la leur.

— Ah bon ? Pourquoi ?

Il me désigne la couverture du journal qui montre Keith Stone, un chanteur rendu célèbre dans sa jeunesse grâce à un boys band aujourd'hui dissous, dans un sale état après une soirée visiblement trop arrosée.

— Entre la photo de ce mec et l'encart juste au-dessus qui explique que cette autre pseudo starlette est en cure de désintox pour la énième fois, tu trouves qu'ils ont l'air heureux ?

— Tu n'as peut-être pas tort.

Pourtant, eux n'ont sûrement pas l'impression de vivre comme dans le film Un jour sans fin, la fête de la marmotte en moins. Chacune de leur journée doit être géniale, différente de celle de la veille, contrairement aux miennes.

Thom pousse le journal et me dépose une nuée de baisers dans le cou. Il se détache de moi et éteint le feu sous la poêle.

— Je rentre de plus en plus tard, hein ? Camille vient de me dire que certains soirs, il se demande si je vais vraiment rentrer. C'est le signe que je passe beaucoup trop de temps au travail et pas assez avec vous.

Tout pour être heureux (Disponible en epub et broché !)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant