CINQ ANS PLUS TÔT... 22 FEVRIER 2010 - JAMIE

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— Merci à tous et à toutes d'être venus ! C'est grâce à vous que nous sommes toujours là !

— ON. VOUS. AIIIIIIIME !

C'est le rituel. Nous terminons toujours le rappel de nos concerts par ces mêmes phrases. C'est la énième représentation de cette tournée, et nous nous amusons toujours comme au premier jour. Dreams Come True. Le nom du groupe représente bien notre ressenti à tous les cinq, même si je le trouve un peu naze en termes d'image. Cinq ans que ça dure et je ne me lasse pas des acclamations de nos fans, les Dreamers, qui scandent nos cinq prénoms en boucle.

Néanmoins, ce soir, alors que nous sommes de retour en coulisses, les cris résonnent encore dans mon crâne, comme les sons perçus au fond d'une piscine. Je flotte. Rien à voir avec la légère euphorie que j'ai l'habitude de ressentir après chaque prestation. Je suis déjà déchiré alors que je n'ai encore rien bu.

— Hey ! Vous avez mis quoi dans ma bouteille d'eau ?

Ces quatre cons sont morts de rire.

— Vingt-deux ans, ça se fête ! répond Tyler. On voulait te faire planer un peu.

— Ce n'est que le début, la fête n'a pas encore commencé ! renchérit Jeff.

Ed se marre tellement qu'il va finir par arrêter de respirer. Quant à Keith, c'est Keith... Il glousse mais reste en retrait, ne sachant pas vraiment comment se comporter, comme le rabat-joie qu'il est devenu en ma présence ces derniers mois.

Will arrive, son sourire de vieux requin plaqué sur les lèvres :

— Super concert une fois de plus : je suis fier de vous !

Ce qui dans son jargon de manager sous-entend « recettes faramineuses aux stands de produits dérivés ». De son air sardonique, il ajoute avec un clin d'œil vicieux :

— Vous avez de la mini-jupe qui attend dans la grande loge. Il y avait encore foule au portillon ce soir, on s'est permis de vous sélectionner le haut du panier, comme toujours.

Il fronce les sourcils et nous observe tour à tour, Keith et moi, pour sonder notre état d'esprit du jour. Je connais assez bien Keith pour savoir que son sourire est factice. Quant à moi, je reprends une gorgée de ma mixture pour flotter au-dessus de la mêlée. Ce que perçoit notre manager semble le satisfaire, puisqu'il reprend d'un ton enjoué :

— Ne les faites pas trop patienter ! On leur a déjà confisqué leur téléphone et leur sac, pas d'inquiétude à avoir. Ah, j'oubliais : comme c'est ton anniversaire ce soir, Jamie, j'ai fait apporter plus de bouteilles que d'habitude et deux, trois bricoles supplémentaires pour vous amuser un peu.

— Que Dieu te bénisse, saint Will ! plaisante Jeff en nous poussant avec insistance vers la pièce en question.

Nous nous jetons en riant sur les canapés déjà joliment occupés. Tandis qu'Ed se lance dans la confection de cocktails magiques dont il a le secret, Tyler installe une fille sur ses genoux puis fouille comme il peut dans ses poches.

— Merde ! J'ai laissé la beuh dans mon sac, au maquillage.

Keith jette un regard noir à la fille accrochée à mon cou qui cherche à bouffer mes amygdales alors que je ne lui prête pas la moindre attention, puis il plante ses yeux dans les miens. Je tente de soutenir son regard, mais je baisse la tête et déglutis avant de sentir de nouveau cette boule dans ma gorge. Cette groupie a beau porter un top qui laisse peu de place à l'imagination, ça ne suffit pas à apaiser mes souffrances. J'attrape le verre qu'elle tient et l'avale d'une traite. L'alcool réchauffe un peu mon humeur glaciale, mais j'ai compris depuis quelque temps déjà que tout ça est vain.

Tout pour être heureux (Disponible en epub et broché !)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant