Le Feu et l'Enclume

1

Lian Hals raffermit sa prise sur son fusil laser lourdement modifié, le coeur serré par l'appréhension. Son treillis sombre était trempé à cause de l'humidité ambiante, et son gilet pare-balles gris gouttait sur le sol.  Cet endroit n’avait rien de rassurant, même pour lui, un vétéran de la section d’infanterie du 85ème régiment blindé cadien. Les arbres étaient denses et sombres, et auraient pu cacher n’importe quelle créature ennemie. Il se trouvait dans une jungle étouffante, entouré de plantes couleur charbon qui se dressaient au-dessus de lui comme des squelettes malveillants. Il balaya les alentours avec sa lunette infrarouge,mais il ne détecta aucun signe de vie, à oart les memebres de son escouade.

  - Alors Hals, on devient parano ? se moqua Callen Feulner, le meneur de l’escouade. Ses yeux noirs brillaient d’un éclat malicieux au-dessus de la tête de Hals, si bien que celui-ci devait lever les yeux pour les regarder.

  - C’est juste que… cet endroit… répondit le soldat.

  - Oui, je sais, on est dans le trou le plus perdu de la galaxie, mais cela ne nous empêchera pas d’avancer. Allez, ressaisis-toi et bouge ton cul ! dit Feulner.

  - A vos ordres sergent !

Ils avancèrent pendant quelques minutes, traversant la végétation en guettant le moindre mouvement autour d’eux. Ils formaient une escouade de reconnaissance expérimentée, désignant les cibles pour les chars du régiment et éliminant les dangers potentiels. Ainsi, ils n’avaient pas besoin d’unités auxiliaires, détachées d’un autre régiment. Cela leur conférait à la fois une indépendance et une liberté de mouvement supérieure à celle des autres régiments du même type. De plus, en comptant avec l’administration du Munitorum, les unités pouvant être demandées ne seraient que rarement assignées, et le régiment se retrouverait sans unités pour guetter les dangers et couvrir leurs arrières.

              Le reste du régiment se déplaçait à un kilomètre à leur gauche, les colonnes blindées empruntant une route plus praticable. La mission de leur groupe était de déjouer les embuscades potentielles qui auraient pu cibler les chars.

    Après avoir franchi une colline particulièrement abrupte, ils reçurent une communication de Dumag, un des membres les plus expérimentés de l’escouade, qui s’aventurait à quelques dizaines de mètres à l’avant de leur position.

  - Structure repérée au nord de votre position, annonça-t-il, Je pense qu’il s’agit d’un module d’habitation. Il n’y aura probablement rien de très intéressant dedans, mais ça vaut toujours le coup de jeter un coup d’œil.

  - Reçu Dumag, répondit le sergent. Attends-nous, on ne sait jamais quel genre de plante mutante ce truc pourrait cacher.

              Il y eut quelques sourires, mais ils étaient tous trop habitués aux remarques vaseuses de leur sergent pour réagir d’une quelconque manière.

Le module se situait dans une cuvette, au milieu d’un terrain plat envahi par la végétation qui transperçait l'herbe comme si elle avait surgi brusquement. Ils avancèrent jusqu’en bordure de cette zone quand l’une des fenêtres du bâtiment explosa, et une rafale de balles siffla au-dessus de leur tête. Le tir avait été mal jaugé, et aucun membre de l’escouade n’avait été touché. Hals se jeta à terre aussi vite que possible, écrasant des fougères noires, d’apparence déplaisante.

  - Contact à environ 120 mètres ! signala Dumag.

  - Merde ! s’exclama Feulner. A cette distance, on n’aura jamais le temps d’atteindre le couvert du bâtiment !

Ils se situaient dans une position inconfortable, allongés derrière une souche épaisse, mais qui ne résisterait pas longtemps aux projectiles tirés dans sa direction.