Le Feu et l'Enclume

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Ils avaient passé le reste de la nuit dans des cellules séparées, trop nerveux pour pouvoir dormir. Les membres de l'escouade bêta avaient tous conscience de leur manque de chance,et ils étaient affectés par la perte de deux hommes de plus. Leur nombre était réduit à 7, et ils sentaient qu'ils ne recevraient pas de renforts avant un certain temps. Si jamais leur jugement les laissait repartir vivants.

Hals était assis sur la couchette en plastek située au fond de la petite pièce. À côté de lui, un petit lavabo et une étagère rouillée. Il ne passerait pas beaucoup de temps dans cet endroit sordide, mais celui-ci lui pesait déjà. Le capitaine Numet, qui menait leur compagnie, était venu les voir quelques heures plus tôt. Après les avoir traité de tous les noms pendant un quart d'heure, il leur avait informé qu'il était chargé de leur défense, et avait pris connaissance de tout ce qu'il s'était passé pendant la nuit. Il les avait finalement quittés lorsque le soleil perçait à peine entre les barreaux, en leur promettant de revenir les chercher avec le jugement.

Hals était terriblement nerveux et regrettait de vivre ainsi ce qui pourrait être les dernières heures de sa vie. Il regrettait sa décision d'accompagner les autres dans les entrepôts, et maudissait le manque de chance qu'ils avaient eu. Mais il savait que s'il était resté, il aurait probablement été égorgé avec Knuppel et Apker. Le sort semblait s'acharner sur eux depuis leur arrivée sur cette planète, avec déjà trois morts en moins de 24 heures. Et cela ne s'arrangerait pas. Ils avaient probablement perdu tout le respect que le moindre garde auraient pu avoir pour eux, et seraient regardés avec suspicion pour le reste de leurs jours.

Il ruminait comme ceci depuis qu'il était enfermé, incapable de trouver le sommeil. Des gardes disciplinaires empêchaient les membres de l'escouade d'échanger entre eux, et un silence pesant planait sur le lieu. En face de la cellule de Hals de trouvait celle du sergent. Lui aussi broyait visiblement des idées noires, d'autant plus qu'il avait été celui à entraîner les autres dans les ennuis. Il avait failli à tous ses devoirs de sergent et pensait être dégradé, s'il n'était pas tué.

C'est dans cette ambiance pesante que les geôliers allaient et venaient, gardant un oeil sur les prisonniers. Ils étaient d'anciens membres des tempestus scions, les troupes de choc de la garde impériale. Ils avaient tous reçu des blessures les empêchant d'effectuer des insertions en valkyrie et avaient donc été rattachés au commissariat en tant qu'hommes de main et que troupes d'assaut. Ils ne valaient pas ce qu'ils avaient été, mais leur valeur restait importante et leur expérience pouvait renverser le cours d'une bataille. Mais lorsqu'aucun combat n'était en cours, ils devaient se contenter de jouer les garde-chiourmes. Eux-mêmes étaient moroses, se sachant coincés dans ce rôle ingrat jusqu'à la mort, sans aucun espoir de promotion. L'un d'entre eux avait eu la jambe sectionnée par les tyranides, et son membre bionique résonnait sur le plancher métallique. Un autre avait subi des dommages irréparables au cerveau et était incapable de ressentir le sens du toucher. Le troisième présent dans la salle avait été traumatisé par la mort des membres de sa compagnie aux mains des genestealers et avait des réactions disproportionnées. Ils avaient été la fierté de l'empereur, les soldats les plus efficaces de la garde, mais étaient devenus des moins que rien, condamnés à suivre un commissaire qu'ils n'aimaient pas et à garder les soldats soûls, les voleurs, les raclures de la garde.

Des pas résonnèrent hors de la salle, et les geôliers se tournèrent vers la porte. Le commissaire Bogen et le capitaine Numet émergèrent de la porte, le premier altier dans son manteau noir, sûr de ses actions et dispensateur de la volonté de l'empereur, le second dans son uniforme de cérémonie, les dossiers sous son bras contrastant avec ses cicatrices, son bandeau sur l'oeil gauche et ses manières brusques. Derrière eux les suivait une femme d'un peu moins de trente ans, portant l'uniforme de commissaire cadet. Elle n'appréciait visiblement pas d'être là.