LES CHRONIQUES DE PAT
DJABIGAN
Chapitre 1J'arrangeai à nouveau le cordon de ma culotte, arrachai avec hargne le débardeur verdâtre qui me servait de haut, je vociférais à en rompre mes cordes vocales, mes veines s'apprêtaient à s'échapper de mes pores. La foule grossissait davantage, les badauds ralentissaient leurs pas pour nourrir leur curiosité. Les uns scandaient mon sobriquet m'invitant à donner une bonne leçon à ce type dont j'ignorais même l'existence. Les autres imploraient ma clémence...
Le pauvre, genoux au sol, fondu en larmes psalmodiant tout bas des plaintes.
J'ignorais au fond l'impair qu'avait commis ce pauvre type, j'étais juste payé pour lui donner une bonne leçon..Je relâchai lentement mes muscles, ramassai mon débardeur et quittai au grand dam de tous la foule qui disparu aussitôt. Ce jeune homme me semblait être quelqu'un de bien. Mais il me fallait bien survivre, il n'est point de sot métier dit-on.
Pour la plupart des gens je ne suis qu'un brigand sans cœur qui terrorise les faibles au profit des méchants. Mais ce qu'ils ignorent c'est que c'est mon gagne pain et après tout, ça fait du bien d'être craint par toute une population.
C'est difficile de se faire une réputation aussi grande que la mienne alors qu'on a juste grandi dans la rue sans famille, sans gîte, sans repère, sans...Il y a quelques années encore, je quémandais l'aumône pour assouvir ma faim, je créchais sous la pleine lune au milieu des ruelles. L'on me criait dessus pour un rien, j'étais la risée du quartier. Aujourd'hui, tout le monde me craint, j'arrache sans permission ce que je désire, on change de direction lorsqu'on me croise sur son chemin. J'étais devenu la terreur du quartier et cela me plaisait bien. Je volais quelques fois pour me faire plaisir, je me bagarrais à plein temps, parfois pour un paquet de cigarette, parfois pour quelques jetons. J'étais probablement la personne la plus influente de ce foutu quartier. Enfin je crois!
Après de longues et rudes journées de travail, je rejoignais mon antre, cet immeuble inachevé entouré de bas-fonds et d'herbes sauvages situé au coucher du soleil. La beuh, la gandja ou encore la fumée du narguilé embaumaient joyeusement ma demeure. J'étais souvent en compagnie de belles chaudasses dont j'ignorais le nom, pourvu qu'elles arrivent à me faire vider le gland. Ces créatures ensorcelantes aimaient bien ma compagnie malgré ma misogynie et mon côté sado-maso. Mon squat ne comportait ni meubles, ni objets de grande valeur, juste quelques tabourets, des matelas en kapok, des objets volés et surtout des mégots.
Pendant que j'y pense, je ne savais point à qui appartenait cette bâtisse, le propriétaire était peut-être passé à trépas ? Enfin j'espère bien pour lui. Depuis bientôt cinq années que je rôde dans cette baraque de fortune, nul ne s'est présenté comme étant le patron des lieux, chose bien curieuse. Cela m'arrangeait et il n'y avait point de raison de se plaindre lorsque le djadja* vous bénit.
Je ne sais pas si j'étais heureux, c'était un concept qui m'était totalement étranger, je savais cependant que je n'étais pas malheureux, surtout lorsque la fumée montait. Cette sensation me faisait croire à tort que je possédais des ailes et qu'est ce que je faisais ? je volais!!Je sortais voler quelques imprudents pour assurer ma survie. Mon quotidien n'était jamais ennuyant, il y avait chaque fois de nouvelles aventures, de nouveaux objectifs.
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Gangster
AdventureLe danger est pour les uns ce que représente l'aventure pour les autres. DJABIGAN* est de ceux là qui sentent monter l'adrénaline lorsque le danger devient plus imminent. Mais lorsque l'étreinte amoureuse se mêle à la passion, le masque s'effrite et...