L'arrestation

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LES CHRONIQUES DE PAT
DJABIGAN
Chapitre 4

Pammmmmmmmm !!! Une multitude de billets mauves se trouvaient sous mes yeux, des colliers, des alliances, des boucles en or scintillant par mille éclats dans la pénombre. Un léger sourire effleura mes lèvres, j’avais réussi, nous avions plutôt réussi. Je défis mon sac et entrepris le ramassage du butin quand j’entendis venir derrière moi des pas légers. Le bruit du coffre-fort avait sans doute inquiété Djo qui se ramenait, j’étais impatient de lui annoncer la nouvelle.
Les pas s’arrêtèrent brusquement à quelques encablures du bureau, les lampes du couloir et du bureau s’allumèrent instantanément accompagné d’un cri strident, je me retournai par réflexe et croisai son regard.

C’était la fille de l’autre jour, celle qui de son sourire ensorcelant m’avait hypnotisé, elle était juste là à quelques mètres de moi vociférant et tremblant de peur. J’avais perdu l’usage de mes membres, j’étais immobilisé par son regard apeuré. La salle était bientôt bourrée de monde, les uns avec des machettes, les autres avec des cravaches de cheval. Tous se ruèrent sur moi sans compassion ; des coups de crosse, de lanière, de poings, de pieds pleuvaient sur mon corps teigneux, je ne me défendus point. J’avais l’impression d’avoir perdu le jeu ; Djo était censé assurer mon arrière, il avait disparu sans nouvelles. La cagoule ne resta pas longtemps sur mon visage, tous étaient heureux de me découvrir sous ce masque comme s’ils venaient de capturer le diable qui empêchait leur sommeil.

Le DJABIGAN dans leur nasse.
J’avais horriblement mal mais j’ignorais la source réelle de mon supplice. Etait-ce la trahison de Djo ? La baston des habitants qui frisait un règlement de compte ? Ou était-ce le regard de cette jeune femme qui ne me laissait pas indifférent ? Mon corps semblait se séparer de moi, je le voyais agonisant sous le poids de la barbarie de ses vengeurs circonstanciels. Mes yeux se fermèrent lentement et l’obscurité m’envahit, le bruit des pas résonnaient dans mes lobes comme le glas, et puis plus rien, un silence.
Je me réveillai quelques jours plus tard dans une infirmerie, le visage bandé, des traces de mercurochrome sur le corps, je ressentais de vives douleurs dans l’abdomen et dans le cou.

Les résultats de mes examens semblaient avoir prouvé que j’étais apte à quitter l’infirmerie. Seulement que ma nouvelle demeure serait la prison, ma peine était lourde au vu des nombreux chefs d’accusation auxquels on me condamnait ; escroquerie, vol, agression, incitation à la débauche, troubles à l'ordre public, violation de domicile. Une longue liste d’infractions qui résumaient mon existence, je l’avais bien mérité. Les 20 prochaines années de ma vie s’annonçaient ennuyantes, moi qui étais habitué à l’aventure et à l’hédonisme, ce serait un véritable.

J’étais logé dans une cabine crasseuse de 4m² avec un septuagénaire taciturne. La vie pénitentiaire offrait moins d’aisance et de liberté.

Ma renommée semblait m’avoir précédé même entre les murs de la prison. Les autres prisonniers vouaient à ma personne un respect que valait mon rang de caïd, je ne manquais pas de certains luxes qui en principe étaient interdits pour la plupart. Mais il existait bien quelqu’un qui effrayait tout le monde, une personne qui se distinguait par son calme, et sa prestance. Tout le monde ignorait son nom parce qu’il n’avait jamais ouvert la bouche pour exprimer quelque mot que ce soit, l’on ignorait même l’infraction pour laquelle il se trouvait entre ses barres de fer, on savait juste qu’il ne sortirait jamais parce qu'il était condamné à perpétuité et pour se retrouver dans une telle situation, c’est que l’on était très dangereux.

GangsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant