Métamorphose

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LES CHRONIQUES DE PAT
DJABIGAN
Chapitre 5

Il me prêta quelques livres sur les sciences qu’il lisait à plein temps ; je découvris la géographie, les mathématiques, les physiques, l’économie et pleins d’autres connaissances qui me passionnèrent aussitôt. Je réalisai que je vivais dans l’ignorance et que j’avais perdu plusieurs années de mon existence dans un monde irréel. En dehors de l’apprentissage des lettres et des chiffres, Le vieux m’instruisit sur les valeurs morales et les règles de bienséance. Quand venait l’heure de se distraire, il sortait un plateau d’échiquiers et nous y jouions. J’étais très vite devenu addict à ce jeu qui accéléra mon savoir et développa en moi de nombreuses capacités longtemps restées enfouies.

Au bout de quelques années, j’étais différent, je ne voyais plus le monde de la même manière, j’avais acquis de nombreuses connaissances qui me distinguèrent. Le vieux était fier de moi, je n’avais que lui pour partager les réalités de la vie et discuter vaguement de tout et de rien. Depuis 10 années, personne n’était venu me rendre visite, Djo avait disparu, il me manquait souvent même si je lui en voulais plus que tout. Et puis cette fille, je n’ai cessé de penser à elle chaque jour qui passait. J’ignorais tout d’elle, mais j’avais l’impression de la connaitre depuis toujours. Si elle n’était pas là ce soir-là, je serais encore libre à profiter de la vie mais je n’arrivais pas à lui en vouloir.

Et il fut ce jour où le soleil brilla en notre direction, c’était pour la première fois que deux partenaires de cellule étaient choisis pour être libérés au même moment. Le ministère public avait décidé de relaxer Le vieux et moi pour conduite exemplaire. Ce fut une nouvelle qui nous égaya et nous réconforta sur la voie que nous avions empruntée. Le vieux allait retrouver sa liberté après 30 années de prison, quant à moi, j’avais passé 10 années à me forger une personnalité, à m’instruire et à respecter la vie. J’étais différent désormais, néanmoins il me serait difficile de m’intégrer dans la société avec un passé aussi lourd que le mien. Nul ne m’embaucherait, mais j’avais retenu quelques notions de finances et d’auto emplois des nombreux livres que j’ai côtoyés pendant mon séjour pénitentiaire.

Je m’étais alors dirigé vers une contrée éloignée, une ville où personne ne me connaitrait. J’abattis pour les uns et les autres des travaux physiques afin de gagner quelques billets que j’économisais précieusement. J’étais tantôt docker, tantôt aide-maçon, assistant jardinier, ou encore agent de sécurité la nuit. Toutes ces activités m’avaient permis de collecter suffisamment de revenus puisque j’avais drastiquement réduit mes charges. J’investis alors dans l’agriculture, dans la production de plusieurs céréales et tubercules très prisés, ce fut bientôt le tour des aulacodes et très vite des bovins. Mes activités avaient étrangement connu un essor extraordinaire. Je dirigeais une ferme qui s’agrandissait de jour en jour, j’avais de nombreux employés qui travaillaient durement pour moi.

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