Cambriolage

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LES CHRONIQUES DE PAT
DJABIGAN
Chapitre 3

Le lune était pâle dans un ciel humide éclairé par les étoiles, les rues étaient complètement vidées, les grenouilles coassaient de plus bel, l'obscurité régnait en maître dans le district.
Tous de noirs vêtus, Djo et moi marchions sur la pointe de nos pieds pour nous fondre dans le silence de la nature. Nous traversâmes délicatement les flaques d'eaux sur les sentiers, les grillons semblaient compter nos pas légers. Nous marchâmes encore et encore, fîmes plusieurs tours de l'immeuble pour inspecter les lieux. Tout était parfait, les conditions étaient réunies pour une meilleure opération. C'était maintenant ou jamais. Nous étions là, devant notre cible, prêts à réaliser un exploit.

Nous escaladâmes le mur ouest de la clôture malgré les tessons de bouteilles et pointes de ferrailles alignés sur celle-ci. Nous étions désormais dans la fameuse maison, tout se présentait comme prévu, et pour le moins, tout semblait bien se dérouler. Djo détacha nerveusement le sac qu’il portait dans son dos et en ressortit les matériels dont nous aurions besoin pour notre besogne. Nous avançâmes vers une sorte de couloir qui donnait sur le bureau du propriétaire. Je sortis une clé passe-partout de ma poche qui en un clic silencieux déverrouilla la solide porte. Djo sorti une lampe torche à la lumière terne et éclaira la salle comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien du lieu. Un hochement de la tête me signala que nous y étions.

C’était un vaste bureau décoré de tableaux de peinture de grande valeur, des meubles en cuire noire entouraient une table rectangulaire nappée de vitre. Des rideaux bleus de soie recouvraient la baie vitrée qui faisait face à la porte d’entrée. Deux grandes armoires en bois vernis étaient disposés dans deux coins opposés de la salle.
Djo pointa du doigt l’armoire de gauche, je compris le message, il était temps qu’on se sépare afin d’être plus efficace. Étant beaucoup plus habile et plus concentré, je devrais m’occuper de la cible. Mon alter égo quant à lui se dirigea vers la porte où il devrait assurer la sentinelle.
Le stress avait disparu, nous étions désormais dans nos bains, beaucoup plus confiants et mieux concentrés sur nos tâches, notre plan était exécuté à moitié.

Le butin se trouvait juste derrière cet amas de bois, des millions de francs, des bijoux, les métaux précieux ; la sensation de détenir autant de biens suscitait en nous la détermination et l’engouement, nous serions dans quelques instants des millionnaires. Que ça fait du bien d’y penser !
L’armoire ne mit pas longtemps à céder sous l’insistance des nombreuses clés que j’y insérais ; un coffre-fort métallique s’y trouvait, il était affreusement solide. Nous avions tout prévu sauf ce petit détail, un détail qui pourrait bouleverser tout notre plan, Djo ne tenait plus sur ses pieds lorsque je lui appris la nouvelle, il était paniqué et commençait subitement à transpirer sous sa cagoule.

J’avais maintenu un calme qui le déconcertait, je n’avais ni peur ni foi, rien ne m’ébranlait, mon cerveau était occupé à chercher une solution. Mon partenaire s’éloigna dans le noir comme pour me laisser de l’espace et laisser entrer un peu dans sa cagoule improvisé. J’essayais et reprenais tous les moyens à ma portée, le coffre-fort résistait à tous mes assauts, mais je n’avais point envie de baisser les bras quand je pensais à la fortune qui se cachait derrière toutes ses peines. Il devrait sonner deux heures du matin, un silence chaotique régnait sur tout le territoire, même le bruit du vent était perceptible, seulement quelques lucioles agitées troublaient l’élégance de l’obscurité, cette lumière noire déconsidérée par plus d’uns.

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