Xélina, La Fille Aux Yeux De Sang.

Merle Chantant, Vils Assaillants et Goblin Géant.

"Nous progressons rapidement ; le village de Très-Haut-En-Toc n'est qu'à quelques heures de là."

Annonça Lothar après un bref examen de la carte qu'il tenait entre les mains. Xélina acquiesça silencieusement, fronçant ses sourcils. D'après les informations données par le Maître de Hurlevent, ledit village se trouvait enclavé dans l'une des vallées des Crocs d'Argent du nord. Ce qui plaçait la bourgade en première ligne des raids des Goblins, puisque la nuit venant, ces derniers jaillissaient des entrailles de la chaîne montagneuse.

Si futée qu'elle fût, il était malaisé pour Xélina de vraiment appréhender ce qui pourrait l'attendre là bas. Il n'était guère dans ses us de se lancer dans telle entreprise hasardeuse. Mais la promesse de la récompense de Robert avait encouragé sa décision et exacerbé son audace.
La voyageuse, alors en queue de la petite troupe fit stopper l'allure à sa jument mouchetée. Lothar et l'un de ses soudard, le plus jeune, un rouquin dont le visage pâle étaient parsemé de jolis points, semblables à des nuées d'étoiles orangées. Perplexe elle passa entre les deux autres cavaliers et tourna son regard vers celui dont le visage était masqué par l'ombre d'une capuche noire. Pour toute réponse et sans même attendre la moindre question de Xélina il désigna de son menton un attelage retourné, bloquant le sentier sinueux transperçant le bois.
La jeune femme se laissa tomber lestement au bas de sa monture et, en quelques enjambées félines rejoignit Lothar et le rouquin. Ce dernier s'accroupit alors devant une carcasse rongée jusqu'à l'os et commenta, la mine sombre.

- Un cheval.
- Et un type.

Annonça Xélina qui, à quelques pas de là, contre un arbre s'était retrouvé face au corps sans vie d'un épais marchand au regard révulsé. Une lance rustique surmontée d'une pierre tranchante traversait son abdomen. Ses vêtements étaient lacérés et son sang noirâtre se confondait déjà avec la terre et l'écorce.

"Des Goblins..."  Commenta Lothar qui vint se poster aux côtés de la jeune femme après un bref examen de l'attelage.

- Ils ont détroussé ce pauvre type et l'ont massacré. Un marchand sans défense... Poursuivit-il.
- Au moins ils ne l'ont pas dévoré.
- Maigre consolation.
Xélina haussa ses épaules en se redressant. Elle tira de sa ceinture une dague effilée dont la lame était gravée d'élégantes volutes aux reflets d'un azur métallique.

"Silence." Elle plissa ses yeux écarlates en soufflant.

"J'ai entendu comme un bruissement de..."

Elle n'eut le temps d'achever. Du chêne les surplombant, s'éleva un petit son fluet. Paru alors sur l'une des solide branche un petit merle. Coiffé d'un élégant chapeau haut de forme en feutre aussi noir que son plumage, il arborait un joli noeud papillon immaculé complété d'une veste de cérémonie se confondant avec ses plumes. Écartant, non pas ses ailes, mais de petites mains gantées de blanc, il se mit à chanter.

"Tchiiiip, tchiiip, vilains polissons,
Jusqu'aux crocs armés de rage,
Fureur jaillissant des buissons,
Tchiiip, vilains ont renversé l'attelage.

Tchiip, tchip, chevauchant bêtes,
Sauvages, vils et affamés, une idée en tête,
Par le Né-Du-Feu menés à la baguette,
Tchip, s'en sont venus, la mort était leur quête.

Tchip, tchiiip, au devant du négociant,
S'en sont venus lui rentrer dedans,
Tchiiiip, tchiiiip, le laissant séant,
Expirant, soufflant, tchiiiip, gisant,

Mais, garde ! Gare à vous, jolie dame,
Tchiiiip, tchiiip, car les vils, les meurtriers,
Guettent, encore tapis dans les fourrés,
Tchiiip, tchiip, ne rangez pas point votre lame...