L'Art de Tuer

Chapitre 7 : Smith

Monsieur Smith adressa un sourire rassurant à Lila, qui pleurait près de la porte. Ils étaient sortis de la chambre funéraire, l'ambiance morbide et la présence du cadavre d'un des élèves détruisant un peu plus le moral du groupe à chaque nouvelle minute qu'ils y passaient.

- Tout va s'arranger, ne t'inquiète pas, lui assura-t-il. Nous allons sortir d'ici et la police va arriver pour s'occuper du reste.

- Mais si c'est vrai ? gémit la jeune fille. S'il y a vraiment un fou psychopathe parmi nous qui a tué Jérémy et va faire pareil?

Le professeur soupira. Lui-aussi ne pouvait s'empêcher d'y penser, encore et encore. Toute cette histoire de panne et d'enfermement était plus qu'étrange. Pourquoi le reste de la classe, les touristes, les gardiens avaient disparus ? Un musée n'était jamais vide en temps normal, même de nuit.

Mais Monsieur Smith ne pouvait pas se permettre de céder à la panique, alors qu'il était sans doute la seule personne qui parvenait encore à empêcher les élèves de faire de même.

- Je n'arrive pas à croire que l'un de nous ait pu commettre un meurtre... poursuivi Lila. Même si certains ne sont pas toujours gentils, de là à tuer...

Si cette histoire de M était vraie, l'homme était d'accord avec elle. La victime était l'un de ses élèves, qu'il avait en cours depuis deux ans. Jérémy n'avait pas été ce qu'on pouvait qualifier d'élève brillant, même s'il en avait les capacités. Disons qu'il avait la fâcheuse manie de souvent se mêler d'affaires qui ne le concernaient en rien, et même si cela avait le don d'en agacer plus d'un, Smith n'aurait jamais cru qu'un jour Jérémy disparaîtrait aussi brutalement. Et encore moins qu'il soit assassiné, si cette histoire de meurtre s'avérait véridique.

- Que... Qu'est-ce qu'on fait monsieur ? demanda Colin, un peu tremblotant, les yeux humides.

S'armant du maximum du sang froid qui lui restait, Smith se tourna vers les élèves, et prit la parole d'une voix ferme.

- Comme je l'ai dit, ceux qui se sentent la force d'enquêter comme Cléa, Nancy et Loup, faîtes-le... Que les autres me suivent, nous allons tenter d'alerter les secours.

- Je... Et si le meurtrier cherchait à nous tuer comme Jérémy ? balbutia Lila.

Le professeur ne sut que répondre, et ce fut Miss Weller qui osa la première ouvrir la bouche dans le silence oppressant qui s'était à nouveau installé.

- Séparons-nous au minimum, et fouillons le musée. Il... Il doit bien y avoir d'autres sorties ou du personnel qui serait au courant de ce qui se passe ici...

Sa voix avait fléchi à la fin de ses paroles, et elle serrait ses poings à en blanchir les jointures. Le professeur d'histoire fut pris d'un élan de sympathie pour sa jeune collègue en le remarquant. Elle qui avait encore quelques difficultés à gérer une classe d'adolescents en temps normal, devait se sentir encore plus paniquée que lui...

La voix d'Isabelle émergea soudain, surprenant Monsieur Smith qui, comme les autres sans doute, n'était pas habitué à l'entendre.

- Si les lumières fonctionnent, même faiblement, c'est qu'il y a toujours du courant. Je propose d'essayer de retrouver les ascenseurs. Il y a toujours un bouton d'appel d'urgence, on pourrait peut-être s'en servir ?

- En effet, répondit Smith en s'éloignant déjà de quelques pas, l'air déterminé. Ce serait peut-être la solution. Ceux qui le veulent suivez-moi, les autres peuvent rester ici avec Miss Weller.

- Je reste, annonça immédiatement Nicolas d'un air qui n'appelait pas à la négociation.

- Moi aussi, répliqua aussitôt Isabelle.