Chapitre 4 : Nicolas

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Lorsque Nicolas vit Cléa s'éloigner, il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il n'avait rien contre la jeune fille, il la savait bien plus intelligente que ce qu'elle laissait voir, mais c'était toujours compliqué de l'analyser, personne ne la connaissait vraiment.

Le garçon savait que si elle, elle lisait le petit mot encourageant à trouver le cadavre de leur camarade, les autres l'écouteraient. Elle captait l'attention et les regards, elle était comme ça. C'était un charisme inexplicable, surtout pour le blond qui avait l'habitude de ne pas laisser montrer ses émotions, et invitait peu à la familiarité avec son allure impeccable et son air froid.

En revanche, la jeune fille n'aurait peut-être pas été prise au sérieux. Nancy aurait mieux convenu, comme l'arrogante l'avait suggéré, mais Nicolas n'avait pas eu le courage d'aller la voir. Le garçon soupira, jouant avec le papier un peu froissé entre ses mains recouvertes de ses habituelles mitaines noires, et chercha la petite première de classe des yeux. Il la repéra en train de discuter avec Smith, il fit quelques pas dans sa direction.

Il figea son geste lorsqu'un cri glaçant se fit entendre. Immobile, les sens aux aguets, il tourna la tête en tous sens pour en trouver la source alors que le hurlement retentissait entre les murs, plus perçant que jamais.

C'était Lila, il l'avait reconnue, la jeune fille avait l'habitude de crier quand elle était surexcitée, mais là ce n'était pas le même genre. On aurait dit qu'elle s'arrachait la gorge. Le cri baissa peu à peu de volume puis s'arrêta, et Nicolas constata alors que tous les élèves du groupe s'étaient figés.

- Qu'est-ce que c'était ? demanda Hugo, soudain inquiet.

Cléa rit d'un air moqueur, et rétorqua :

- Une sirène de pompiers évidemment.

- Ou bien le hennissement d'un éléphant, renchérit Loup avec la même arrogance.

- C'était Lila non ? lança Nancy, plus sérieuse, tandis que Nicolas foudroyait les deux autres du regard.

- Je crois, s'inquiéta Léna.

- Allons voir, mais restez groupés surtout, annonça Smith.

Ordre peu efficace puisque Cléa et Loup se précipitèrent hors de la pièce sous le regard blasé du blond, et puis curieux, les autres les suivirent.

Mais Nicolas prenait plus son temps, attentif aux mouvements et aux détails alentours. Son regard s'attarda une seconde sur Nancy qui suivait les autres, visiblement curieuse de découvrir pourquoi Lila avait crié ainsi. Impossible de dire ce qu'elle semblait ressentir à ce moment-là, un mélange d'excitation et de peur peut-être.

Enfin, à travers les longs couloirs, Loup trouva le premier l'autre petit groupe. Il se figea brutalement, obligeant les autres à s'arrêter aussi, et Smith, en arrière, se fraya un chemin pour apercevoir ce qu'il se produisait.

Nicolas, trop loin pour voir quoi que ce soit, constata que plus personne ne parlait, pas même Cléa ou Loup. C'est quand il vit la jeune fille se retourner vers lui en lui lançant un long regard entendu qu'il décida de se rapprocher. Alors il joua des coudes, doucement, et puis se fraya lui aussi un chemin entre les autres.

Le blond resta immobile, l'air impénétrable, lorsqu'il vit le corps de son camarade étendu sur le sol au fond de la chambre funéraire égyptienne, dans une position distordue. L'un de ses bras était replié dans un angle étrange, et son visage était écrasé contre le sol, les verres de ses lunettes explosées en petits morceaux brillants comme des paillettes et les branches tordues.

Pendant une seconde, Nicolas aurait pu penser qu'il dormait. Mais au fond de lui, il savait bien que c'était faux.

Les cheveux blonds du garçon étaient poisseux de sang, tout comme ses mains. Sous lui et tout autour traînaient des morceaux de terre cuite peinte, qui avaient sans doute dû un jour former une amphore précieuse datant de près de cinq millénaires.

L'Art de TuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant