L'assortiment

Flashback

Sophie entrouvrit les yeux. La lumière était éblouissante. En entendant les "biiiip-biiiiip" caractéristiques d'un hôpital, elle paniqua. Pourquoi était-elle là?

Elle se força à ouvrir totalement les yeux. Un médecin était penché au-dessus d'elle. Elle était couverte de fils reliés à une machine. Sa mère et son père, assis non loin, avaient l'air inquiet.

Elle fut soudain assaillie par un brouhaha insupportable.

"Nous devrions la remettre sous sédatifs." "Oh là là, ma chérie, est-ce qu'elle va bien?" "Si j'avais été là, je lui aurais dit de faire attention pour ne pas tomber..." "Comment elle s'est fait ça?" "Elle a survécu à une chute pareille... je n'arrive pas à le croire...." "Elle est quand même bizarre." "Elle est blonde aux yeux marron. Je me demande si elle a été adoptée."

Elle réussit à articuler au médecin:

-Pouvez... vous leur dire de... se taire... s'il vous... plaît... Ils font beau-beauc...coup de b-b-bruit...

Il fronça les sourcils et marmonna derrière son masque:

-Qu'est-ce que tu racontes? Personne ne parle ici.

"Elle divague complètement." "Peut-être qu'il faudrait jeter un coup d'œil à son cerveau..." "Mais si elle était folle... oh non, ma petite chérie!"

Mais si ce n'étaient pas des gens qui parlaient... qu'est-ce qu'elle entendait?

Des pensées?

Non, impossible. On entend pas les pensées - on entend ce que les gens disent, on entend les bruits des choses autour de nous, mais on entend pas les pensées. Les pensées, ça n'est pas un truc qu'on peut entendre - c'est des idées.

-A-t-elle des problèmes à l'école? Demanda le médecin à ses parents. A-t-elle des difficultés, je veux dire, des notes assez basses?

-N... non, je ne comprends pas, bégaya Emma Foster. Elle a sauté une classe et elle a toujours des notes exceptionnelles. Le directeur réfléchit à lui faire sauter une autre classe.

"C'est normal" se dit Sophie. "J'ai une mémoire photographique." Elle n'avait qu'à regarder ses leçons pour qu'elles soient imprimées dans sa mémoire.

Les voix ne faiblissaient pas. Pourtant, les autres ne semblaient pas gênés. "Comment font-ils?"

Soudain, elle entendit une voix inconnue résonner dans sa tête:

"Sophie, ils ne parlent pas. Tu entends leurs pensées."