VI

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please, écoutez le média avec le chapitre bonne lecture !

Tim est Timothé. C'est tout ce que j'ai compris.

Après avoir passé des semaines à observer ce garçon inconnu, il ne l'était en fait pas. Enfin, si, il est totalement inconnu pour moi.

Il ne ressemble pas au garçon que j'ai aimé il y a cinq ans. Il est cinq ans plus vieux, cinq ans plus diffèrent, cinq ans plus étranger pour moi.

Je suis tout simplement partie. J'ai fui après ses aveux. J'attends depuis cinq ans son retour, cela fait tant d'années que je broie du noir à cause de son départ, que je lui en veux mais que malgré tout je l'aime encore.

J'ai toujours cru que mes pensées étaient utopiques et irréalisables lorsqu'elles concernaient ma réunion avec lui.

J'ai eu peur et je suis partie, parce que je ne pensais tout simplement pas être prête à le revoir après tant de temps, alors que j'y pense depuis toujours.

Je suis retournée à la colocation et j'ai tout expliqué à Lara et Mario puis j'ai fondu en larmes.

– Tu attends des explications depuis tellement de temps Mia, ne serait- ce pas le moment de les recevoir, maintenant qu'il est revenu ? Tu ne peux pas l'ignorer éternellement, cela va te faire encore plus de mal et tu le sais.

Voilà ce qu'ils m'avaient dit.

Leurs paroles se répètent en boucle dans mon esprit depuis presque une semaine. Une semaine que je n'ai pas mis un pied au café ou au parc. Je m'apprête à m'enfermer dans ma chambre quand Lara m'arrête.

– Mia... Je sais à quel point tu as souffert, et encore plus aujourd'hui. Timothé était ton seul véritable amour et il t'a réellement brisé. C'est dur pour toi mais si tu ne veux pas rester dans l'ignorance toute ta vie et le regretter, tu dois réagir et aller le voir.

Je sais qu'elle a raison. Je pars dans ma chambre et me change.

J'ai peur, depuis qu'il est parti, j'ai peur. Je n'ai plus jamais été moi-même et si je ne fais rien, je ne réussirai jamais à aller de l'avant.

J'enfile mon casque et me mets en route pour l'attendre au parc. Une masse aux cheveux bouclés est déjà assise sur le banc. Tim est en train de fumer.

– Tu ne travailles pas ?

Il se tourne vers moi et me sourit.

– Je suis en pause, j'attendais en espérant te voir.
– Pour une fois, c'est toi qui m'attend.

Il rit légèrement.

– Touché.

Je m'assois à côté de lui et un silence pesant s'installe. Il se décide à parler.

– Je suis vraiment heureux de te voir Mia.
– Tu ne sais pas à quel point j'en ai bavé après ton message, ça fait cinq ans... Pourquoi Timothé ?

Je commence à voir flou et essuie avec ma manche mes yeux pleins de larmes.

– Je suis tellement désolé. Tu n'imagines pas comme je m'en veux. Tous les jours depuis mon départ, je n'ai pas arrêté de penser à toi.

Mon coeur se serre dans ma poitrine, en attendant ses mots. Il poursuit:

– Je sais que rien ne peut excuser ma manière d'agir. Mia...mon père est mort, une semaine avant le message que je t'ai lâchement envoyé.

Je me tourne vers lui, il regarde le sol, légèrement penché en avant.

– Mes parents ne s'entendaient plus depuis un moment et mon père est mort dans un accident de voiture. Ma mère ne l'a pas supporté. Elle a pété les plombs et a voulu déménager. Tout s'est fait rapidement, j'étais encore jeune, je ne pouvais rien faire. J'étais remonté contre tout le monde, je souffrais et m'en voulais.
– Mais pourquoi ne pas m'avoir expliquer, j'aurais pu t'aider, j'aurais pu te soutenir Timothé !

Il respire fort et perd ses moyens. Il écrase sa cigarette sur le sol et passe ses doigts dans ses cheveux, torturé.

– Je ne sais pas Mia, j'avais honte et je souffrais. Tu ne méritais pas d'être impliquée dans mes galères, ma vie pourrie et bancale. Je voulais que tu sois réellement heureuse et je pensais que sans moi, ça allait être possible.

Je me lève et essaye de contenir mes larmes, en colère.

– Je t'en veux d'avoir pensé ainsi. Je n'ai pas été heureuse Timothé. Il n'y avait qu'avec toi que je l'étais. Je te le disais tout le temps ! Pourquoi tu n'as pas -

Il se lève et me tire vers lui précipitamment, pour me prendre dans ses bras, me faisant taire. Je me mets à pleurer, de joie, de tristesse et de colère.

Je retrouve enfin cette sensation de réconfort, la même qu'il y a cinq ans. Il sent si bon, son corps est chaud et son corps bat incroyablement vite.

– Je suis désolé.

Il chuchote dans mon cou et son souffle me donne des frissons dans tout le corps.

– Où étais-tu ?
– Londres. Ma mère a absolument voulu quitter le pays. Elle a changé mon nom de famille, elle voulait que je prenne le sien. C'est comme si, après la mort de mon père, elle souhaitais l'effacer de nos vies. C'était insupportable. Elle n'était plus la même, puis elle a retrouvé quelqu'un dans les mois qui ont suivi notre arrivée à Londres. Je suis parti dès que j'ai eu l'âge et assez d'argent pour.

Je n'ai jamais autant aimé le regarder dans les yeux que ce soir. Il semble si déboussolé et incroyablement sincère. Ses yeux brillent et une larme roule sur sa joue pour s'arrêter sur la mâchoire saillante. Il baisse la tête et j'attrape son menton pour essayer ses larmes.

– Je t'aime Mia, je n'ai cessé de t'aimer depuis notre rencontre à l'école et encore plus lorsqu'on s'est embrassés sur la plage.

Il pose sa main sur ma joue et je laisse ma tête s'appuyer sur celle-ci. Son doigt glisse sur ma lèvre.

– Partir loin de toi, te quitter était la pire décision que j'ai eu à prendre dans ma vie. Je me déteste de t'avoir lâché comme cela, je me déteste de t'avoir fait souffrir.
– Je ne te dis pas que tout oublier va être facile mais je suis sure d'une chose Timothé, c'est que j'ai besoin, plus que jamais, de toi. Je t'aime plus que tout au monde, Je t'ai toujours aimé. Pour ce soir, pour recommencer, on pourrait reprendre au coucher de soleil au bord de la plage, version centre-ville, c'est un bon début... S'il te plaît, embrasse-moi.

Son expression change et il m'affiche un grand sourire qui fait fondre mon coeur. Il se rapproche de moi lentement et pose ses mains sur mes joues. Je ressens la même explosion de sentiments que j'avais ressenti cinq ans auparavant.

Il pose enfin ses lèvres sur les miennes, assez brusquement, comme si nos lèvres se désiraient depuis de nombreuses années, et qu'enfin, dans une précipitation incontrôlée, elles se retrouvaient. Mon coeur éclate en mille morceaux. Je m'accroche désespérément à lui, de peur que mes jambes lâchent, la tête qui tourne.

Il me prend dans ses bras, après un long baiser. Il me sert le plus possible contre lui.

– Je ne veux plus te lâcher. J'aurais trop peur de te perdre encore une fois.

Fin.

le plus beau des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant