Chaos ~ [20.04.19|20h40-21h15]

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Ce nœud dans ma gorge. Ces yeux rouges. Ils piquent. Ce vide dans mon cœur. Ce vide en moi. Cette fatigue émotionnelle et physique.  Ce manque d'intérêt. Ce manque d'appétit. Et pourtant la faim. La faim que je refuse d'assouvir parce que je me sens mal. Je suis en pleine crise existentielle et rien ne me permet de me faire sourire. Rien. Plus rien. Non... Presque plus rien. Ce qui avant me faisait du bien ne m'en fais plus alors je me raccroche comme je peux à ce qui me permet d'arrêter de penser. Ce qui me permet d'éviter de penser aux larmes qui veulent s'échapper mais que je refuse de laisser couler.

"Il pleut, tu ne vas quand même pas sortir?"

"Si."

La pluie, le temps morose. Tout cela reflète mon humeur. Ces gouttes ne sont que les larmes que mon cœur voudrait laisser échapper. Cette peine intérieure. Je m'y suis habituée. Oui c'est triste à dire mais je m'y suis habituée. Ce qui me faisait auparavant sourire ne fait plus aucun effet si ce n'est de la tristesse.

"Pourquoi?"

Pourquoi quoi? Pourquoi je suis comme ça? Très bonne question. Je ne le sais pas non plus. J'ai beau appeler à l'aide personne ne vient. Alors je me la boucle une énième fois et broie du noir. Encore et encore, inlassablement. J'attends que ça passe, comme quand ça m'arrivait. Je pourrais rester assise à regarder dans le vide pendant des heures durant que je ne m'ennuierais pas.

"Ça va?"

Non ça ne va pas. Ça ne va plus. Je suis tout sauf heureuse. Je ne suis pas heureuse. Depuis des années j'attendais cette échappatoire, j'attendais cette vie-là. Cette nouvelle vie. Mais je ne suis toujours pas plus heureuse. Je me renferme sur moi-même. Je n'ai aucune envie de parler. Alors j'évite les contacts. Parfois je parle, j'essaie d'oublier et j'y parviens. Pendant une heure ou deux mais jamais plus. Puis je retourne à la réalité. Ma réalité. Ce mal-être qui me consume pour une raison que j'ignore, qui  me pousse à m'éloigner du peu de gens encore présents à mes côtés. Un jour ils finiront par partir, eux aussi. Ils vont finir par m'abandonner.

"Heyyyyy faut que je te raconte un truc!"

Je t'écoute. Je serais toujours là. Je ne partirai jamais. Mais je sais que ce n'est pas réciproque. J'ai peur qu'on m'abandonne. Je ne veux pas revivre cet enfer. Plus jamais. Alors je me renferme encore plus. Je dors. Je ne parle plus, je ne dors plus la nuit. Les journées sont interminables et pourtant elles s'enchaînent. Je vois à la fois le temps passer et je ne le vois pas s'écouler.

C'est ironique tout ça quand on y pense. Je me sens mal et je ne sais pas pourquoi. En fait non... Je ne sais plus pourquoi. Tout a commencé pendant une crise existentielle qui continue encore mais maintenant? Maintenant il y a quelque chose de plus. Mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Si seulement je pouvais tout oublier et repartir de zéro. Mais je refuse, je refuse de cadenasser mes souvenirs. Ce serait faible, lâche.

Je me souviens des épreuves que j'ai dû endurer. Je me souviens de celle que j'étais. Violente, agressive. Puis douce et calme. Et maintenant? Désintéressée et solitaire. J'ai besoin de parler. J'ai besoin de me confier. J'ai besoin d'une épaule sur laquelle pleurer mais ce n'est pas possible. Ça n'a jamais été possible. Je deviens froide et distante et pourtant ce n'est pas le vrai moi. Mais je n'ai pas le choix, je dois me protéger. Je dois reformer cette barrière que j'avais mis tant de temps à construire et que j'ai laissé se désintégrer. Je n'aurais jamais du. C'était une erreur de ma part mais je ne le regrette pas. Tout comme je n'ai jamais regretté ce que j'ai pu faire dans le passé. Je n'ai jamais eu un seul remord, toutes mes actions je les ai choisies et calculées. Je n'ai qu'un seul regret. Ne pas avoir dit quelque chose. Ne pas avoir agi.

Mais c'est le passé et je tente de me convaincre, de me persuader qu'il faut se concentrer sur le présent, sur le futur. Mais c'est dur. Trop dur. Mon esprit est sans cesse tourmenté. Je sais que cette douleur au cœur n'est qu'une illusion mais je la ressens. Je connais ce vide qui s'empare de moi. J'ai déjà connu cette sensation plusieurs fois.

Je ne rêve que du moment où quelqu'un me dira enfin d'enlever mon masque. A force je ne sais plus vraiment qui je suis, ce que je veux. J'ai enfilé des dizaines et des dizaines de masques pour cacher le véritable moi. Parce que je suis sensible, trop sensible. Je devais et je dois me protéger toute seule car personne ne peut le faire à ma place. Je suis éteinte de l'intérieur. Je n'ai plus envie de rien. Je me cache derrière des pseudos sourires et derrière cet air indifférent. Mais je suis épuisée. Fatiguée de tout ça. Ereintée de cette vie. Et pourtant mes convictions restent. Je dois rester en vie et me battre mais j'ai trop mal pour ça. Alors pour le moment je reste dans mon lit à tenter tant bien que mal de panser mes blessures. J'ai désespérément besoin de compagnie et pourtant je m'isole, je me cache, je fuis. Plus rien n'a vraiment d'intérêt pour moi. Je n'ai plus envie de rien.

Mes pensées sont chaotiques, je n'arrive pas à y mettre de l'ordre. Je veux dormir, oublier et me réveiller de bonne humeur comme si rien ne s'était passé. Je ne veux pas dormir pour ne pas faire de cauchemars. Je veux partir, loin. Marcher. Mais pour aller où? Je ne sais pas et je m'en fiche. Je veux sentir le contact du vent frais sur moi, je veux sentir la pluie sur mon visage. Je veux voir la lune dans la nuit noire. Mais en même temps je n'ai pas envie de sortir, je veux simplement retourner dans mon lit à broyer inlassablement du noir.


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1000 mots.

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