La sonnette venait de retentir. Conrad se leva mais hésita : un androïde ne possédait pas de chez soi, alors il n'avait aucun droit d'ouvrir la porte de lui-même. Un second coup retentit et depuis la salle de bains, Gavin demanda à son partenaire d'aller voir. Maintenant autorisé à répondre, Conrad ouvrit la porte pour accueillir un modèle d'androïde dédié aux livraisons. Habillé de blanc, le logo Amazon, devenu doré depuis quelques années, sur l'épaule s'opposait au brassard azur de l'autre côté. Le WD500 tendait un carton rectangulaire assez volumineux.
« Bonjour, un colis pour monsieur Gavin Reed, » l'androïde s'apprêta à tendre la tablette pour enregistrer la signature avant de se stopper : le RK900 n'était pas répertorié comme un androïde domestique mais un modèle de police. Il n'était pas habilité à servir un être humain. « Puis-je voir monsieur Reed ?
— Non. Il est occupé.
— Je suis navré. Seul monsieur Reed peut signer la confirmation de réception. »
Conrad entendait toujours l'eau couler : avant de s'exiler, Gavin s'était plaint du froid et il resterait sous sa douche pendant encore un long moment, plus pour se profiter de la chaleur que se laver.
Le RK900 était peut-être une machine, il n'avait plus besoin d'ordre depuis longtemps : son existence ne se résumait plus à servir les humains. Il n'était pas motivé par l'intention d'obéir, mais celle d'aider Gavin qui lui avait demandé un service, sans compter qu'il s'estimait en droit de récupérer le paquet, peu importe les programmes de son semblable en face. Il saisit la tablette et le stylet sans un mot avant que le livreur ne réagisse. Avec une écriture rigide qui était à l'opposé de la signature plus chaotique de Gavin, le RK900 inscrivit le nom de son partenaire avant de rendre la tablette. Le WD500 ne comprenait pas, victime d'un bug soudain. Conrad en profita pour saisir le carton, remercia son semblable puis claqua la porte.
Après avoir posé le colis, Conrad se pencha sur le côté et inspecta l'emballage, s'interdisant d'y toucher. Au moins, il pouvait l'analyser avec quelques éléments. Le poids tournait autour des dix kilos. Neufs kilos et cinq cents vingt-huit grammes, exactement. Par déduction, le RK900 essayait de comprendre ce que le colis contenait.
« Tu peux l'ouvrir, » lança Gavin qui traversait le couloir tout en s'essuyant les cheveux. Il savait déjà ce qu'il y avait dans cette boîte, et c'était pour l'androïde.
En tirant sur la languette en carton, Conrad ouvrit le paquet et découvrit plusieurs vêtements. Il interrogea Gavin du regard.
« C'est pour toi. Je sais que j'aurais dû t'en parler, mais t'aurais refusé pour garder ton uniforme, » l'androïde déplia un costume noir, assez austère, « ouais, bon, c'est la partie la moins drôle : vendredi, ça fera un an que Hank s'est suicidé. On sera tous habillés en noir, t'aurais fait tache avec ta veste et t'as commencé à t'intégrer, alors... autant que tu participes aussi. »
Conrad apprécia la texture de la veste épaisse : la sienne était rigide, plastifiée pour imiter la matière de son propre corps. Là, le coton noir était molletonné, doux.
« Merci, Gavin. »
Il y avait d'autres chemises et deux pulls. Uniquement des couleurs sombres : Gavin ne s'était pas aventuré à choisir des teintes vives, supposant, à juste titre, que Conrad préférait les tenues sobres.
Le cadeau était une douce attention, mais il dérangeait le RK900 :
« Mais vous savez que je ne peux pas porter ces vêtements, les lois sont claires : les androïdes doivent porter des signes distinctifs comme le brassard dans les lieux publics, les lois se montrent tolérantes uniquement dans les lieux privés. »
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Visage Familier II - Terminus
Mystery / Thriller[Fanfiction de Detroit: Become Human, Reed900] Être en couple avec un androïde est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît, Gavin en prend peu à peu conscience. Et alors que le RK900 se pose de plus en plus de questions sur leur relation et sa natur...