La machine à café trembla légèrement quand elle cracha un jet sombre dans la tasse en carton, et la fumée qui s'en dégageait portait l'odeur des matins amers. Depuis la veille, la neige s'était remise à tomber, assombrissant tous les horizons : les gens commençaient vraiment à se languir des jours qui rallongent, des premières odeurs de fleurs, des rayons de soleil plus chauds...
Même si Gavin adorait ce blouson qu'il ressortait les derniers jours de septembre, le tissu épais et le cuir devenaient vraiment trop lourds et il avait hâte d'opter pour une veste plus légère
La machine continuait de ronronner, un son qui était quotidien dans le commissariat, au même titre que les sonneries de téléphone, les notifications depuis les ordinateurs, les discussions animées...
Soudain, Gavin entendit derrière son dos un raclement de gorge.
Ça, c'était un bruit inhabituel.
En se retournant, le détective fit face à Lukas Karlsson.
« Salut, Gavin. Oh, pardon, » le jeune homme venait de remarquer la liseuse à la main du détective, comprenant qu'il venait d'interrompre sa lecture, « je croyais que tu attendais juste que la machine termine.
— Salut, Lukas. C'est bon, c'est juste une... une nouvelle que je viens de commencer. »
Leur rencart avorté avait laissé un malaise qui persistait encore.
Depuis ce soir un peu ambigu, le stagiaire n'avait pas osé faire plus que saluer le détective. Les échanges se résumaient à des signes de tête et des phrases brèves. Un retour à la case départ : Lukas n'osant pas approcher Gavin, Gavin préférant ignorer Lukas.
Mais aujourd'hui, Lukas avait réuni assez de courage pour engager une vraie conversation.
Il avait toujours un petit béguin pour le détective, ressentant encore ces étincelles qui persistaient à éclater sous sa peau, mais ça n'entraînait plus aucune rancœur, plus aucune jalousie. Et Lukas voulait le faire comprendre à son collègue.
« J'ai appris que tu allais être sergent, c'est super ! Je tenais à te féliciter.
— Merci. »
C'était la fin de la semaine : Fowler avait envoyé son rapport en prenant en compte, par bonheur, les conseils de Mark Spencer, ce qui signifiait aussi que le commissariat était au courant de la déviance du RK900. L'amitié, pour ne pas dire plus, pour le moment, entre Conrad et le détective servait en quelque sorte de preuve de la fiabilité du robot. Si le RK900 avait été dangereux, il aurait déjà montré des signes d'instabilité depuis longtemps, or, les dossiers étaient traités correctement. Toutes les enquêtes avaient été menées et bouclées grâce aux aptitudes de l'androïde, grâce à la sensibilité de Conrad.
Un robot qui faisait un duo intéressant avec un futur sergent qui avait déjà reçu des félicitations de ses collègues.
« C'est mérité. Je savais que tu allais le coincer.
— C'était par hasard, en fait.
— Plus de la moitié des affaires sont résolues grâce au hasard, » insista Lukas, « grâce à la chance. Tout le monde sait ça. »
Il n'y avait personne aux alentours, alors Lukas prit une profonde inspiration, puis demanda :
« Cette personne proche dont tu me parlais, c'est Conrad ? »
Un peu plus et Gavin aurait laissé tomber sa tasse.
Tout de suite sur la défensive, il lança :
« Qui t'a dit ça ?
— Personne ! Personne, je t'assure, mais depuis que le capitaine nous a dit que Conrad était déviant, tout le monde a compris que vous étiez amis, que vous étiez proches, et... je me disais que vous étiez peut-être vraiment proches. » Lukas reprenait les termes qu'il avait utilisés après avoir été repoussé, utilisant les mêmes demi-mots. « Tina et toi êtes amis, mais elle n'était pas au courant que tu étais en couple, parce que tu ne voulais pas que ça se sache, il y avait donc une raison... »
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Visage Familier II - Terminus
Mistério / Suspense[Fanfiction de Detroit: Become Human, Reed900] Être en couple avec un androïde est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît, Gavin en prend peu à peu conscience. Et alors que le RK900 se pose de plus en plus de questions sur leur relation et sa natur...