Élio pas comme le Soleil

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Le reste du week-end, Élio le passa dans sa chambre, son crayon tout juste acheté se baladant sur une feuille canson vierge. Dessiner, ça avait toujours été un passe temps pour le jeune homme. Lorsqu'ils habitaient encore ensemble, sa mère et lui passaient des après-midis entières à éclaircir leurs traits, peaufiner leurs travaux. Lorsqu'on lui avait arraché sa seule famille, Élio s'était retranché dans l'art. C'était devenu une sorte d'échappatoire, un moyen pour lui de surmonter tout ce qui lui arrivait. Et cette habitude ne l'avait jamais quittée.

En fin de soirée, le téléphone d'Élio vibra dans sa poche et intrigué, le garçon y jeta un coup d'œil. C'était une notification l'informant qu'il avait été ajouté au groupe "soirée chez le patron". Au début, le garçon pensa à une erreur de numéro mais l'invitation de Damian lui revint en mémoire. Il déverrouilla son écran et alla sur WhatsApp. Il mit le groupe sur silencieux et parcourut en coup de vent la discussion. Il remarqua que toute l'équipe était invitée, comme le lui avait assuré son capitaine. Il y avait également d'autres personnes, pour la plupart des filles, dont Élio ignorait jusqu'à présent l'existence. Tous s'agitaient et avaient l'air enjoués par la soirée. Élio verrouilla son portable, très peu intéressé.

Il ne comprenait décidément rien aux normes de la jeunesse. À ses yeux, les soirées, c'était juste un prétexte pour boire et espérer que l'alcool nous aide à dire ce qu'on était incapable de prononcer sobre. C'était idiot. Élio détestait ce concept. Il détestait les fêtes. Sa mère, elle, adorait. C'est sans doute pourquoi elle lui avait dit d'y aller, mais il n'en avait pas vraiment envie. Élio reposa son crayon et regarda son dessin terminé lorsque son téléphone vibra à nouveau. Il plissa les yeux, pourtant persuadé d'avoir mis muet le groupe dans lequel il avait été ajouté.

Élio lut brièvement le message qui, à son grand désarrois, se coupa au beau milieu d'une phrase. Résigné, il alla à nouveau sur l'application et manqua de s'étouffer en voyant son correspondant. C'était Damian. Élio ouvrit la discussion, et bien qu'il soit seul dans sa chambre, le souvenir de l'infirmerie lui remontant en tête, il fut gêné.

*Tu sais que t'es pas facile à trouver ? *

Élio fronça les sourcils. Comment ça "pas facile à trouver ?" Comme si quelqu'un allait chercher à le faire. Le jeune homme remarqua que Damian était en train d'écrire depuis maintenant un moment et il ne sût pas pourquoi, mais il retint sa respiration.

*J'ai galéré pour avoir ton num. Personne de l'équipe ne l'avait. Maintenant que je l'ai, j'le garde précieusement, hors de question de devoir passer un nouveau week-end à le chercher ;) *

Élio cligna plusieurs fois des paupières. Damian avait réellement chercher à le contacter tout le week-end ? Tout ça pour l'ajouter à un groupe sur lequel il n'interviendrait pas? Franchement, il avait du temps à perdre. Élio hésita. Il avait très envie de mettre cette conversation de côté et d'aller dormir, il était épuisé. Mais quelque chose au fond de lui le poussa à répondre.

*T'avais rien de mieux à faire ? Comme préparer la soirée en mon honneur, par exemple. *

Élio alla se poser sur son lit en attente de réponse, qui fut presque immédiate.

*Comment ça "en ton honneur"? Prends pas la grosse tête, papillon, on verra cette semaine si tu le mérites vraiment.*

Élio sourit. Il aimait les défis, et il semblait que Damian le mettait au défis. Cette idée l'amusait. Jamais personne ne s'était vraiment intéressé à lui et jamais il n'avait fait en sorte que ça change. Il aimait bien sa vie ainsi. En relisant le message, Élio se rendit compte du surnom que lui avait attribué son capitaine. Papillon, c'était ainsi qu'un petit comité de personnes, composé d'Élise, de Mario, d'Emma sa meilleure amie, et de sa mère, s'amusait à l'appeler. Élio tapa sur les touches de son clavier.