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Le reste de la journée passa très vite. Élio finissait à 15 heures en raison de l'absence de son professeur de philosophie et il s'était arrêté de pleuvoir en début d'après-midi, permettant aux bus scolaires de rouler sur des routes praticables. Élio était donc rentré tôt et, seul chez lui, finissait les exercices donnés en cours de maths. Il n'y comprenait pas grand chose, aux maths, et c'est pour ça qu'il avait choisi d'aller en ES. Mais ses notes n'étaient pas pourtant des meilleures et variaient énormément. Il pouvait rapporter un 18 en histoire (c'était une matière qu'il aimait beaucoup), comme un 3 en philosophie. Et ces derniers temps, il est vrai que ses notes voisinaient plus les 6 que les 15, ce pourquoi Élise hésitait à lui faire prendre des cours particuliers.

Élio, plongé dans son exercice incompréhensible sur un boucher souhaitant utiliser les dérivées pour compter les kilos de viande qu'il avait, sursauta lorsque la porte d'entrée claqua bruyamment. Il gagna le salon et reconnu Élise, un sac de course en main, le visage crispé. Il s'en approcha et lui prit le sac pour le poser dans la cuisine.

- Tout va bien ?

- Élio mon chéri. J'ai eu l'assistante social au téléphone. Elle dit avoir essayé de te joindre pour prendre un rendez-vous avec toi. Élise leva les yeux au ciel. Elle non plus elle ne l'aimait pas trop, l'assistance sociale. Je lui ai dit que le chien avait avalé ton téléphone la semaine dernière.

Élio a souri, trouvant l'excuse d'Élise drôle sachant qu'ils n'avaient même pas d'animaux de compagnie.

- Mais il faudra que tu répondes, la prochaine fois. Elle veut te voir avant la fin du mois. Avec ton bulletin du dernier trimestre je crois. Du grand n'importe quoi si tu veux mon avis !

Élio aida sa mère d'accueil à ranger les courses dans les placards et monta jusqu'à sa chambre, la nouvelle l'ayant un peu refroidit. Il détestait les rendez-vous avec Mireille, son assistante sociale un peu trop collante. C'était elle qui limitait ses visites avec sa mère et qui réclamait sans cesse d'avoir des nouvelles du garçon, comme si elle avait pris son cas un peu trop personnel. D'un côté, c'était gentil de sa part. Mais elle en devenait trop présente et Élio ne la portait pas dans son cœur.

Élio prit son portable en main et envoya un message à Emma. Aussitôt, bien qu'elle soit encore un cours, la jeune femme répondit.

*Quoi de neuf, gamin ?*

* Tu peux passer à la maison ce soir?*

Élio, assis sur sa chaise de bureau, balança ses pieds dans le vide et patienta la réponse qui tardait à venir.

*J'ai danse jusqu'à 22h, Loulou. Le temps que je sorte du studio, que je me douche, que je vienne chez toi, on sera déjà passé en juin*

Élio se mordit la lèvre. Il avait absolument besoin de parler à quelqu'un. Et Emma était ce quelqu'un. Elle était la seule personne, en dehors de sa mère, à pouvoir lui donner des conseils, à l'écouter correctement, à l'aider vraiment, à le comprendre. Et là, il avait besoin d'aide.

*Bon, laisse moi deux minutes, d'accord ? Je vais essayer de pas me faire chopper.*

Élio n'eut pas le temps de répondre qu'il reçut un appel d'Emma. Il répondit immédiatement, impatient de lui parler.

- T'es pas en cours ?

- J'étais. Mais j'me suis évadée. Le prof s'est endormi. 'Fin je crois? P't'être qu'il était mort. Mais ça m'étonnerait que les morts ronflent.

Élio pouffa et entendit Emma faire de même, emportée par le rire singulier du garçon. Puis ils reprirent tous les deux leur sérieux, l'adolescente sachant pertinemment que jamais Élio ne lui aurait demandé de passer sans réelle raison. Il y eut un moment de silence, pesant et gênant, qu'Élio brisa après quelques secondes.

Élio pas comme le Soleil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant