Chapitre 2:

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-Merci bien jeune homme, me salua le chauffeur de taxi que je n'avais encore jamais eu jusqu'ici après que je lui ai payé la course.

Coiffé d'une perruque dont quelques uns de ses véritables cheveux gris s'échappaient sur les côtés, il devait déjà être proche de l'âge de la retraite, ce qui expliquait son ton enjoué. Le petit homme n'en avait plus pour longtemps à courir les rues à bord de son impérissable taxi jaune et jouirait bientôt d'une vie calme au bord des tropiques, si compté que le métier de taxis paye assez pour lui permettre une bonne retraite. Le pauvre vieillard avait tenté de me faire la conversation durant toute la course alors que j'avais prétendu être français et ne pas parler anglais pour y échapper. Bien sûr, il s'était alors dit que c'était le moment parfait pour ressortir les quelques bases de français qu'il avait apprit à l'école en me racontant un séjour qu'il avait fait sur Paris à ses 25 ans, m'expliquant en long et en large les bâtiments qu'il y avait vu et les rencontres qu'il avait fait, tout ça dans un français minable.

Je le saluais tout de même dans un sourire forcé et le laissa redémarrer alors que je me rendais directement jusqu'au portes automatiques du cabinet Lenny & Ben, soufflant de réconfort lorsque le chauffage du bâtiment vient s'abattre sur la peau fraîche de mon visage. J'ouvris les boutons de mon long manteau d'hiver noir sans oublier de saluer d'un sourire appuyé la jolie rousse derrière le comptoir de l'accueil, qui vivait hier soir même son premier rendez-vous avec Liam. Celle-ci me rendit mon geste d'un air hésitant sans pouvoir empêcher la couleur rougeâtre qui avait prit possession de ses joues à l'idée que je puisse être au courant de ce qui se passait entre elle et mon meilleur ami. De toute évidence la soirée avait dû être intéressante pour que la jeune Andréa réagisse ainsi, je ne manquerais pas d'en demander rapidement des nouvelles à Liam.

Je me faufilais en vitesse dans l'ascenseur, pour une fois vide, observant le petit écran au dessus de moi indiquer la progression du petit appareil en citant les étages les uns après les autres jusqu'à arriver au mien. Les portes s'ouvrirent sur les baies vitrées formant les différents bureaux de l'étage alors que je me dirigeais rapidement jusqu'au mien, le seul laissant apercevoir un espace de travail parfaitement rangé et un bureau vierge. Tous les autres étaient recouverts de dossiers dont les pages avaient été étalées un peu partout et dont les fournitures de bureau traînaient ici et là sans plus de considération. Je secouais la tête au manque de professionnalisme des mes voisins et me laissais tomber sur la chaise de cuir disposée derrière mon bureau.

J'avais encore un peu de temps libre devant moi et décida rapidement d'en profiter pour appeler ma tante, Mia, n'étant pas convaincu d'en avoir encore la force plus tard. Je soufflais pour me donner du courage et décrochais le combiné avant de composer le numéro de ma tante que je connaissais pas cœur malgré tout et de le déposer contre mon oreille en fermant les yeux. Pourquoi est-ce que appeler là-bas représentait une telle épreuve pour moi ?

-Mon canard c'est toi ? Demanda la voix de ma tante qui me fendit le cœur, elle était si ravie de m'avoir, je pouvais presque sentir qu'elle était déjà au bord des larmes.

-Oui Tata, c'est moi, soufflais-je en tâchant de recouvrir mon émotion, sans vraiment y arriver, à moi aussi elle me manquait atrocement.

À chaque appel c'était la même chose, je prenais conscience de combien tout cela me manquait, de combien je voulais serrer ma tata dans mes bras et combien Alizéa était un trop lointain souvenir. Le simple son de la voix de ma tante me rappelait les matinées au bord de la plage avec elle à faire courir le sable entre mes doigts et escalader les rochers en me prenant pour un aventurier. Les jours de marchés où tous les gamins de la ville se retrouvaient au square de la place Pavard pendant que les parents faisaient leurs emplettes pour la semaine. Les animaux tous aussi magnifiques et exotiques, que nous petit New-Yorkais étriqués pensions être en droit d'enfermer dans des zoos. Ils semblaient si élégants et libres en pleine nature que le simple fait de les voir sur les brochures publicitaires des parcs zoologiques me retournait l'estomac. Je me rappelais des longues soirées sur la terrasse en bois de ma tante, assis sur nos transats, moi, un verre de coca entre les mains et ma tata un bon vin blanc hors de prix dont elle n'abusait jamais.

Alizéa - Larry (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant