Papa

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pdv Rayane

De l'air sur mon visage, une légère lumière...

J'ouvre un oeil lentement puis l'autre avant de les refermer, ébloui par la lumière. Lentement, je m'habitue à la lumière et ouvre de nouveau les yeux. Difficilement, je tourne la tête vers la gauche. La fenêtres est grande ouverte et je vois une femme, de dos, qui regarde l'extérieur. Je retire ce masque à oxygène qui me gêne plus qu'autre chose et prends une grande respiration. Puisant dans mes ressources, je parviens tout de même à prononcer un petit « Denitsa ? » la faisant se retourner.

Denitsa : Mon Rayane...t'es réveillé

Je vois bien qu'elle meurt d'envie de me serrer dans ses bras mais qu'elle a peur de me faire mal.

Denitsa : Je vais chercher le médecin, j'arrive.

Je ferme les yeux quelques instants avant d'entendre le bruit de la porte. Je vois entrer Denitsa suivie du médecin.

Médecin : Ah bah voila ! Parfait ! Comment ça va ?

Rayane : Pas terrible...

Médecin : Vous avez des douleurs ?

Rayane : Non non...simplement la tête qui tourne un peu...

Il se retourne vers la machine, bidouille quelques boutons et reviens vers moi. Il prends ma tension, moi, je regarde Denitsa, ma main dans la sienne, je suis bien.

Le médecin jette un rapide coup d'oeil au pansement sur ma poitrine

Médecin : Ca tourne toujours ?

Je lui fait oui de la tête.

Médecin : déjà on va remettre ça et puis vous allez rester un peu tranquille et ca devrait aller

Me dit il en replaçant le masque à oxygène sur mon visage.

Médecin : Je repasse tout à l'heure

Le médecin parti, je suis seul avec Denitsa. Je la serre dans mes bras en soupirant légèrement lorsque son corps s'appuie sur ma poitrine. Dans mes bras, Denitsa craque...

Denitsa : J'ai eu tellement peur... si tu savais...je veux plus que tu continues Rayane... on peut très bien s'en sortir avec juste mon salaire. Je veux que tu arrêtes... Je veux plus jamais recevoir cet appel...

Rayane : Je peux pas Déni...j'en ai besoin de ce travail...j'ai besoin de cette adrénaline...

Denitsa : et nous... t'a pensé à nous ? T'as pensé que t'as une fille ? Que tu m'as moi aussi ? Que t'as une famille, des amis, des gens qui t'aiment ! Tu te rends pas bien compte Rayane... toi tu l'as pas vécu du même coté tout ca...

Rayane : Mais bien sur que je m'en rend compte Denitsa... tu sais aussi que toi et la petite êtes ce que j'ai de plus beau...

Denitsa :  On est peut être ce que tu as de plus beau mais en attendant ce que tu comprends pas c'est que c'est pas toi qui a reçu cet appel après des heures de torture, des heures à prier pour que ca soit tout le monde sauf toi, des heures à me demander si tu allais te réveiller, si j'allais te revoir, te retrouver comme avant...des heures à expliquer à Joelle que tu ne rentrerai pas, des heures a tenter de calmer ses pleurs, ses craintes et sa déception... et puis tout ce temps que j'ai passé ici, assise sur cette chaise, sans bouger, à venir m'occuper de toi, tous les jours, à angoisser dès que les appareils sonnaient, à courir chercher les infirmières dès que tu t'étouffais...à aider les aides oignantes à faire ton pansement...mais toi...tu ne sais rien de tout ca...

Rayane : déni... je...je suis désolé...j'ai voulu jouer au héros sans penser à toi où même a Jojo. Mais...attends...Je suis là depuis combien de temps ?

Denitsa : Un peu plus de deux semaines...

Rayane : Appelle le médecin faut que je me lève.Je veux aller voir Ludo

Denitsa : Non Ray... tu ne peux pas aller voir Ludo... C'est terminé pour lui Ray... je suis désolé...

Denitsa me serre dans ses bras et moi, je reste là, le regard vide... je m'en veut terriblement... Ludo c'était mon petit à moi... c'était mon binôme c'est moi qui n'ait pas réagi...Je m'en veut tellement...

Des larmes coulent le long de mes joues...

Denitsa essuie mes larmes.

Denitsa : Ce n'est pas de ta faute Rayane... Dis moi ce qui ne va pas

Rayane : Ludo... il allait ...il allait être papa... il ne le sait pas encore...on préparait une fête avec les collègues et sa copine... c'était censé être la fête de ses 21 ans... Elle voulait lui annoncer la nouvelle pour son anniversaire... et maintenant, à cause de moi, il ne connaitra jamais son enfant... tout ca parce que je me suis encore une fois cru invincible... Je mérite pas d'être là...

Denitsa : Mais bien sur que tu mérites d'être la... ne t'en veut pas Rayane. Ce n'est ta faute. Tu as simplement fait ton travail et tu as fait tout ce que tu pouvais pour lui. Tu n'as pas à t'en vouloir... tu as risqué ta vie pour la sienne et ca crois moi, personne ne l'oubliera jamais...

Rayane : Mais ca n' a pas suffit...

Denitsa : Moi ce que je retiens dans l'histoire c'est que mise a part toi, personne n'a eu le courage d'aller l'aider ! Alors si il y a bien quelqu'un a qui on ne peut rien reprocher, c'est bien toi !

Rayane : Laisse moi Déni...

Denitsa : Non je vais pas te laisser. C'est pas le moment.

Rayane : Laisse moi ! Casses toi ! Je veux être tranquille ! Lache moi ! Laisse moi tout seul !

Denitsa s'alonge dans le lit a coté de moi, sa tête posée contre mon torse, je la serre de toute mes forces avant de laisser couler les larmes sur mes joues... Denitsa me fait un bisous dans le cou, ma tête appuyée contre la sienne, son souffle dans mon cou, je finis par m'endormir...

FiremanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant