Les couples se dévorant des yeux tout en rigolant ensemble la narguent. Elle envie les bandes de potes liés par accolades et bouteilles de bière. Les familles de quatre, les parfaites petites familles, lui font de l'œil.
Maëlle est touchée de plein cœur par le bonheur des autres. Pourquoi eux auraient-ils droit à une vie douce et calme, et pas elle ? Pourquoi Maëlle n'aurait pas la possibilité de sourire au quotidien ?
La petite brune, qui malgré les deux ans passés, n'a pas grandi d'un centimètre, est désormais en première année de fac. Tout comme elle, on se fiche bien dans quelle fac elle est, quelles études elle a fait, quel métier elle a choisi. Elle a pris un chemin qui, de toute façon, ne lui correspond pas. Parce que rien ne lui correspond, elle ne sait pas quoi foutre de sa vie et elle a prit goût à cette monotonie. Métro, boulot, dodo : tel est son quotidien. Son petit train train ennuyant ne la dérange plus, elle s'y est faite.
Deux ans auparavant, Maëlle avait une vie adolescente bien remplie et pleine d'imprévus avec les problèmes adolescents qui s'ensuivaient : couple, amis, parents, alcool, soirées, cours, avenir. C'était amplement suffisant pour une ado de dix-sept ans.
Sauf qu'à un moment précis, elle ne sait plus exactement quand, tout a commencé à s'effrondrer autour d'elle. Les choses qu'elle avait prises pour acquises se sont effritées, envolées, Maëlle désemparée. Peut-être même que les proches de la jeune fille étaient destinés à finir en poussière depuis la naissance de Maëlle.
D'abord sa mère. On la connaît l'histoire, sa mort provoquée par la naissance d'un enfant qui a eu le culot de crever quelques minutes après. Maëlle a toujours détesté ce bébé pleurnichard incapable de rester en vie, incapable de profiter du cadeau que sa mère lui avait fait en le mettant au monde et mourant pour qu'il vive. Elle hait ce Loïs qui aurait dû être son petit frère. À vrai dire, Maëlle ne se souvient presque plus de sa mère, elle s'est effacée de sa mémoire, les souvenirs balayés en coup de vent. D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment de charme, c'est certainement pour ça que Maëlle est belle mais n'a aucun charme. Quoiqu'il en soit, la mort de son côté maternel l'avait moins affecté étant petite qu'elle le pensait. C'est à l'adolescence que tout lui est revenu à la gueule, comme si toute la douleur avait décidé de prendre son temps pour exploser au dehors.
Ça a explosé quand, comme prévu, Sasha est partie faire ses études à Paris, loin de leur petite campagne du sud-est de la France. La bande d'amis avait vu quelqu'un partir, une seconde fois, les abandonner pour vivre autre part, autrement. Milo puis Sasha. Qui serait le suivant ? Les trois adolescents restant savaient pertinemment qu'à la fin de leur terminale, il y aurait beaucoup de chances qu'ils ne se voient plus beaucoup, voire plus du tout.
Après la friendzone de Sasha et la rupture avec Milo, Maëlle, il y a encore deux ans, s'était juste réfugiée chez Alex pendant une semaine. Elle avait choisi Alex et pas Gwen parce qu'il n'en avait rien à foutre, en apparence en tous cas. Sauf que Maëlle ne savait pas que son ami était une éponge à sentiments : il aspirait tous les problèmes des autres pour se les approprier. Maëlle gardait sa douleur mais Alex la sentait, il cherchait à régler et effacer tous les soucis. Entre autre, il partageait la douleur des autres et devenait prisonnier d'une souffrance qui n'était pas la sienne.
Et justement, cette éponge à sentiments a, un jour, disparu. Pour une histoire absurde. Un soir d'octobre, alors que Maëlle, toujours dans le blues, s'était encore incrustée chez Alex à tel point que ses parents pensaient qu'elle fugait, le garçon aux lunettes lui avait promis de lui faire un cadeau. Sans que personne ne le sache, la nuit, il s'était éclipsé de sa maison et avait rejoint le lycée. Le lendemain trônait au milieu de la façade du bâtiment un tag. Un grand LGBTQ+ était peint avec les couleurs de l'arc-en ciel et redonnait de la vivacité à un pan de mur triste. Alex n'avait pu s'empêcher de faire un clin d'oeil à son amie.
Le principal n'était pas de cet avis et considérait cet acte comme du vandalisme. Il devrait être content, j'ai repeint son mur pour en faire un truc stylé, avait pensé Alex. Le directeur avait demandé que le coupable se dénonce. Le brun aux lunettes n'avait pas voulu faire accuser quelqu'un à sa place et avait rejoint le proviseur dans son bureau. La sentence avait indigné nombre de gens : Alex serait renvoyé définitivement.
— Sérieux ? Arrête tes conneries ! entendait-on sans arrêt.
— Nan j'te jure, ce connard le renvoie pour un putain de tag. C'est n'importe quoi ce lycée.
Ainsi, Alex était parti. Il ne pourrait pas finir sa terminale dans ce lycée. Ses parents avaient fini par vouloir déménager pour trouver un nouvel établissement à leur fils et « pour de rapprocher des grandes villes » avaient-il ajouté. En effet, leur minable petite ville n'apportait aucune activité, aucune opportunité d'avenir. Et pourtant, Alex qui y avait grandi, regrettait d'être parti.
Les premiers mois, les trois amis se parlaient sans cesse, quasiment tous les jours. Ils s'appelaient souvent, au plus grand plaisir d'Alex qui se sentait seul dans sa nouvelle ville, tout aussi minable que l'ancienne. Mais plus les semaines passaient, plus leurs conversations se raréfiaient : au mois de juin, Maëlle n'avait discuté qu'une seule fois avec son ami. Toute leur amitié s'était amoindri, puis tut complètement.
Il en était de même pour Gwen et Maëlle. Cette dernière avait compris quelque chose : en groupe, ils étaient de super potes, mais quand ils étaient à deux, n'importe qui cela pouvait être, ils restaient muets. C'était presque comme s'ils se retrouvaient avec des inconnus. Enfin, c'est l'effet que ça faisait à Maëlle. À la fin de leur terminale, ils ne s'étaient plus parlé, avaient laissé les années de lycée derrière eux.
En somme, personne ne savait réellement comment fonctionnaient les autres personnes du groupe.
Et parmi tout ça, Milo n'avait jamais rappelé. C'est un p'tit con, il aurait pu me reparler juste pour me dire que c'était fini, mais non, avait raillé Maëlle. Finalement, elle s'était repris en disant que c'était elle la conne, la débile, l'abrutie de service. Personne ne lui faisait plus confiance, Milo surtout, et c'était entièrement de sa faute. Elle s'en voulait à mort mais les remords n'effaçaient pas son acte d'infidélité.
Deux ans après, elle se souvient de tous ces détails. Deux ans après, quand elle repasse devant son ancien lycée, elle repense à toute cette histoire en voyant le LGBTQ+ arc-en-ciel grisé par le temps. Mais le drapeau de Maëlle n'est pas ce rainbow qui arbore la joie. Ses couleurs à elle sont le rose, le violet et le bleu. Et contrairement au drapeau gay tagué par Alex, ses couleurs ne se sont pas teintées de gris.
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C'EST LA FIN
MON DIEU C'EST LA FIN
Wow
J'ai enfin fini. J'ai enfin fini une histoire qui n'est pas une nouvelle :0
En vérité, ce dernier chapitre c'est pas du tout celui que je préfère, surtout qu'à un moment j'ai un peu eu le syndrome de la page blanche : j'avais aucune idée de comment raconter leur année de terminale.Désolée à tous ceux qui étaient à fond dans le ship Sasha x Maëlle. D'ailleurs venez on donne un nom à ce ship:
S(h)aëlle ou Masha ?Si vous étiez pour un autre ship, allez-y, les commentaires sont fait pour ça ;)
En vrai j'ai trop aimé écrire cette histoire, je remercie tous les gens qui lisaient et participaient activement dans les commentaires (LaGrenouilleduWeb amerthune coucou) ainsi que les lecteurs fantômes (au combien je sais qu'il y en a) et les gens sur insta qui me demandaient de lire mon histoire (👋)
Puisque je devais poster ce chapitre mercredi prochain mais que je l'ai terminé plus tôt que prévu, il y aura une partie où vous pourrez voir le physique des personnages (ainsi que des remerciements ehe) qui sera justement posée mercredi :)
J'ai très peur qu'il y ait des fautes de conjugaison de ce chapitre, si vous en voyez, prévenez-moi please
Bonne journée à touuus, profitez de vos vacances, même si yen a certainement parmi vous qui s'ennuient :3
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rainbow in grey
Teen Fiction''- Tu penses quoi si j'te dis que Sasha m'attire grave et que j'crois que j'ai un crush sur elle ? - Ça m'étonne même pas que t'aimes les meufs, mais ça m'étonne un peu que tu trompes Milo. - Je sais plus si je l'aime.''