Un monde qui sombre.

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Lorsque le camion est arrivé, je dormais. Ils sont entrés chez moi en explosant la porte, m'ont attrapé par les cheveux et m'ont tirés dehors. Je me trouvais donc dehors à une heure à peine du matin en sous-vêtements blanc en dentelles en plein mois de décembre. Mes parents ne vinrent même pas voir mon départ. Trop lâches. Ils m'ont attachés les mains sur mon ventre et ils m'ont amené dans un bus scolaire du genre celui qu'on prends pour aller en sortie scolaire. Ce dernier était rempli d'adolescents. J'avais 14 ans, c'était la moyenne d'age. On me jeta sur les genoux de 2 filles de 15 et 16 ans et le bus repartit. Nous étions 4 sur chaque banquettes. 2 soldats en combinaisons spéciales patrouillaient dans la rangée du bus. J'appris tant bien que mal que mes voisines s'appelaient Anna et Jeanne. Un garçon en pantalon militaire et en pull blanc partageaient notre banquette. Anna m'apprit qu'il s'appelait Erwan et qu'il avait 17 ans. Le bus fit encore quelques arrêts, récupérant au passage des jeunes en pleurs ou perdu, puis il prit l'autoroute déserte et nous fûmes réduits au silence.

Malgré moi je repensais aux évènements de ces dernières années. D'abords il y avait eu la pluie. Puis le virus TEN et..... Nous! 70% des survivants avaient des aptitudes formidables. Aptitudes qui causèrent d'ailleurs la peur chez l'humanité complète. C'est à peu près au même moment que le gouvernement sombra. Ces messieurs en costards ne contrôlaient plus rien. Alors ils prirent pour mesure de nous éliminer, pour redonner confiance à la population, pour trouver un bouc émissaire. Mais pour ne pas effrayer ces braves victimes, ils ont fait croire à des camps spécialisés où nous serions nourris, logés, dorlotés.... Foutaises!

Ils emmènent les jeunes qu'ils attrapent au beau milieu de nul part et ils les fusilles.

Jeanne c'est mise à pleurer, elle se tient la tête entre les mains. Moi, je refuse de pleurer! Je ne veux pas donner à ces enfoirés cette satisfaction. Bien que je sois fatiguée, que j'ai faim, soif et froid en raison de ma tenue légère je ne me plaindrais pas une fois!

Tandis que nous avançons, je contemple la route, longue, grise, triste.Dehors, il pleut alors qu'il devrait neiger. Une voix qui résonna à l'intérieur de mon crâne me fit soudain sursauter.

-Ne fais aucun geste brusque. Je m'appelle Théo et je suis à deux rangs de toi. Dans quatre minutes le bus va tourner à droite, à ce moment on va lancer l'assaut. Tu es avec nous?

Théo était assez grand, et une barbe naissante ponctuait ses joues de petits poils. Torse nu, il était en short et malgré le froid, il ne tremblait pas. Je n'eus pas besoin d'hocher la tête qu'il recommença.

-Je lis tes pensées, je sais que tu es d'accord. C'est bien. Tu t'occupe du conducteur, je n'arrive pas à lire en lui comme en les autres, ce doit être un télépathe. Ne te laisse pas berner par les images qu'il t'enverra. Essaye de penser le moins possible à cette opération, il peut surement lire das tes pensées. Courage!

Ce dernier mot sonnait plus comme un ordre que comme un encouragement. Théo ne me regardait pas. Je croisas les mains sur mes jambes nues. Le conducteur mit soudain le clignotant à droite. Mes jambes tremblaient et soudain la corde qui retenait mes mains disparue. C'était le signal. Sans attendre les ordres je me jetait dans la rangée et je fut bientôt face au conducteur.

Il était vieux, dans les 70 ans environ et la façon dont il regardait ma poitrine recouverte seulement d'un morceau de tissu blanc minimaliste me fit frémir. Le bus s'arrêta, derrière moi, des adolescents se battaient, je devais les aider. Mais alors que je ma préparais à attaquer, des images triste et mélancolique me vinrent devant les yeux. Je revoyais ma vie comme dans un cinéma. Spectatrice de mes erreurs, mes colères, mes mauvaises actions, mes mauvaises pensées. Je revoyais Hashley Brandon devant moi, doigt tendu elle s'écriait "C'en est une, une putain de sale Survivante!" Je revoyais le regard empli de dégoût de tout les fils de bourges de mon ancien collège, le regard plein de terreur de Justin. Et tout ces morts. Les gens tombaient autour de moi ou me fuyaient et je me retrouvais toujours seule. Je devais me défaire de ces pensées, m'en détacher, oublier. Le vacarme du bus revint dans mes oreilles, je réussissait à me détacher de l'emprise de ce connard. La rage m'envahit lentement, je la laissait monter, comme je l'avais laisser monter devant Hashley, devant Justin et tant d'autres. Mes poings se serrèrent. Je me sentais enfin prête. Prête à tuer.


SurvivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant