Retrouver la lumière

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Anna gara le bus devant un fast-food à l'enseigne crasseuse. Ce n'était pas le Ciel de Paris mais c'était tous ce que nous avions. Conscient de notre mauvaise réputation, Théo sortit du bus avec Léon et Jannick nous intimant de rester là et en cas de problèmes de partir sans attendre. Une fois les portes du bus fermées un grand silence se fit entendre. La pluie avait redoublé de force, à certains moments on croyait entendre une pierre tomber sur le bus mais rien ne se passa.

L'attente me tuait, le froid et la pluie minait mon moral, je ne pouvais pas rester sans rien faire plus longtemps. Je m'approchai des sièges du premier rang et dénichait en dessous une dizaines de couvertures, surement destinées au ravitaillement de ces camps de la mort. Une grande couverture tirant vers le kaki me donna soudain une idée pour les enfants à l'arrière. Je laissai quatre couvertures sous les sièges et amenait les six autres au fond du bus.

-Vous voulez faire une cabane? Lançai-je à la cantonade.

Une petite fille rousse haussa les épaules avant de répondre "pourquoi pas!" sans grand entrain. Un garçon un peu plus grand après avoir décidé que faire des cabanes était pour les bébé se déplaça à l'avant du bus la tête calée contre la fenêtre. Sur les douze primaires qui étaient restés seulement sept m'aidèrent à faire une cabane de fortune. Voyant que je gérait mal mon initiative de cabane Erwan, sourire en coin, vint m'aider à ramener le calme et attacher ses deux p***** de couvertures....!

Quand Théo et ses deux acolytes entrèrent dans le bus, tout le monde sauf Anna qui fumait au volant s'étaient joints à notre projet et la cabane avait prit une telle ampleur que les quatre couvertures l'avaient vite rejoint. Des rires et des cris résonnaient dans l'habitacle. Stupéfait, Théo s'approcha et Erwan et moi ne tardâmes pas à le rejoindre.

-Euh.... Nous avons la nourriture et Thaïs, on t'a trouvé des vêtements. Me dit il en me tendant un tas informe de tissus.

Je le remerciais et pris ce tas sentant légèrement la boue et le sang, je n'osais imaginer où ils les avaient trouvé.

la cabane était presque finie et les enfants m'avaient laissés me glisser dedans pour me changer. Un vieux pantalons délavé et un tee-shirt noir sali par une tache sombre, voilà comment je me trouvais affublé. Il était loin le temps où je portais mes skinnys déchirés et mes tops blanc ou noir en dentelles, je regrettais les Victoria's secret et les Bershka, même les Jennifer me manquaient. Des sanglots me tirèrent soudain de ma rêverie. Des sanglots étouffés au fond de l'abri de fortune et lorsque je me retournai je vis la petite fille rousse qui m'avait suivie la première dans mon idée de cabane qui pleurait.

-Qu'est ce qu'il y a? Demandai-je.

-Ils m'appellent, je les entends, ils crient, ils veulent retrouver la lumière. Chuchota t-elle, effrayée.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 08, 2019 ⏰

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