Les bips réguliers d'un électrocardiogramme. Une odeur de médicaments. Des voix étouffées. Son ventre soulevé par sa propre respiration sous la paume de sa main droite, dont l'un des doigts était enserré par quelque chose de dur. Une gène au niveau de son avant-bras gauche qu'il sentait posé le long de son corps, contre un matelas. Il n'avait plus froid. Il entrouvrit les yeux, mais la lumière beaucoup trop vive l'incita à les refermer. Il retenta, et cette fois pu voir un plafond blanc, puis son regard descendit le long d'un mur tout aussi immaculé pour s'arrêter sur une petite table en plastique beige.
Il y eut de l'agitation et des exclamations à sa gauche, puis une silhouette s'approcha du lit où il était étendu alors qu'il tournait lentement la tête dans sa direction. Un visage féminin se pencha au dessus de lui, quelques longues mèches brunes lui chatouillant les joues, et elle s'empressa de les rejeter dans son dos pour ne pas le gêner. Elle leva une main pour lui caresser la tête, un sourire venant illuminer son visage et ses yeux rougis, gonflés et cernés.
–Tout va bien, chéri. Je suis là. Tu pourras dormir tranquillement maintenant...
Un mois plus tôt
Nonchalamment assis sur le banc en bois à la peinture bleu écaillée, le vent frais mordant sa peau et ébouriffant ses cheveux colorés, il écoutait l'eau clapoter contre la coque de l'embarcation, les yeux fixés sur cette étendue sombre et sans forme, à peine troublée par les petites vaguelettes qui venaient s'écraser contre le bois peint. Ses yeux qui parcouraient les eaux noirs autour de lui s'arrêtèrent sur cette silhouette petite et courbé, corps vieillissant aux muscles usés et ramollis, et à la peau parsemée d'innombrables rides de tailles changeantes. Sa longue moustache à présent blanchie, lui avait pendant de nombreuses années valu le surnom de Poisson Chat, alors que sa voix était celle d'un ours sorti de son hibernation.
Ses vieux muscles se tendirent sous sa peau matte lorsqu'il commença soudain à tourner la petite manivelle qui savait presque tourner toute seule à force de s'être faite manier par cette main dont elle connaissait chaque repli.
– Viens voir ça, gamin !
L'interpellé se leva d'un bond pour se poster à petite distance du vieillard qui tendait à présent les mains vers ce corps flasque, mouillé et gigotant pour l'amener à lui afin qu'il ne puisse pas s'échapper.
– T'en as jamais eu d'aussi gros toi.
L'autre secoua la tête, faisant faiblement remuer ses cheveux autour de son visage lisse tandis que le vieil homme retirait le bout de fer du petit corps mourant. Il le lança ensuite dans une vieille caisse et posa ses petits yeux sur le jeune homme, le fixant longuement alors que ce dernier tournait la manivelle pour remonter le long fil transparent de sa grande main fine.
– Tu devrais rentrer. Ta mère va se faire un sang d'encre si tu traînes encore tard dans mes pattes.
Un triste sourire étira ses lèvres charnues, puis le jeune homme lâcha la canne et se tourna vers le pêcheur.
– Quel âge tu crois que j'ai ? J'ai plus besoin qu'on vienne me torcher le cul, Songhoon, calme-toi.
Le vieil homme rit grassement et se dirigea vers la cabine pour démarrer le moteur du bateau qui rugit en crachotant après trois tentatives.
Il n'allait pas mentir. Il était susceptible, mangeait bruyamment, s'affalait toujours comme un sac, était vulgaire et impoli, mais il l'aimait tout de même bien, ce gosse. Il était d'ailleurs sa seule compagnie.
Quand il mit le pied sur la terre ferme, il adressa un rapide signe de main au vieillard avant de la mettre dans l'une des poches de sa veste en cuir. Il en sortit une sucette qu'il défit habilement de son papier rose pour la fourrer dans sa bouche, et s'éloigna lentement le long du port.
VOUS LISEZ
Under Your Skin | Vhope
Mystery / ThrillerTaehyung avait toujours vécu dans la solitude, il s'était tenu à l'écart du monde comme s'il n'en faisait pas partie car c'était la seule manière qu'il avait de se protéger. Contre les gens. Contre son père. Hoseok s'était lié aux mauvaises personne...