Dix-sept.
Les pâles rayons de lumière caressaient ses longs doigts qu'il remuait lentement, faisant jouer le soleil sur sa peau, couché à plat ventre sur le lit, le menton posé sur l'un de ses bras replié, l'autre tendu devant lui. Une mèche de cheveux lui tombait dans l'œil, mais il ne faisait aucun geste pour l'enlever. Il avait mal à la cuisse. Sa langue passa distraitement sur ses lèvres gercées. Ses yeux ne s'étaient pas détachés une seule seconde de ses doigts éclairés par la lumière filtrant entre les planches, de peur qu'elle ne disparaisse s'il se détournait. Et si elle disparaissait, il devrait à nouveau lui faire face. Il détestait ça.
Il n'y échapperait pas, il le savait. La nuit allait tomber et à nouveau engloutir tout ce qui se trouvait dans cette pièce. Elle allait l'engloutir lui. Et il n'aurait plus qu'à attendre Jung. Il lui amènerait son somnifère. Tout se passerait bien. Il s'endormirait et tout s'arrangerait l'espace de quelques heures.
Dix-huit.
Il se tenait debout, s'appuyant le moins possible sur sa jambe douloureuse, et le carrelage froid lui glaçait la plante des pieds à travers le tissu de ses chaussettes. Ses doigts courraient lentement le long de la planche au niveau de son cou, et il plissait ses yeux éblouis par la lumière maintenant si près. Ses paupières voulaient se fermer et sa tête se détourner, mais il leur résistait. Il leur résistait parce que c'était son seul espoir de ne pas avoir à l'affronter. Il préférait laisser ses yeux se consumer à la lumière du soleil plutôt que de se retrouver seul face à elle. Elle était là, juste derrière lui, il le savait. Il essayait de l'ignorer, mais il la sentait. Glacée, vide et silencieuse.
L'obscurité.
Dix-neuf.
Il n'y avait rien. Plus rien. Il n'y avait rien à part cette pièce close et sombre, les rayons de lumière entre les planches, et cette porte. Lointaine. Inaccessible. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait l'ouvrir, et c'était seulement lorsqu'elle l'ouvrait que ses épaules se relâchaient. Ce n'était que lorsqu'il l'apercevait dans l'encadrement de la porte que son cœur se libérait d'un poids qui lui semblait plus lourd et douloureux que toutes les peines du monde. Et quand il repartait, il ne comptait plus que sur la rare lumière et le sommeil qu'il lui offrait avec une simple pilule blanche.
Vingt.
Ses doigts avaient glissés le long de la planche jusqu'à arriver au bout et se refermèrent lentement sur les extrémités pour y exercer une pression. Sa prise s'affermit. Les muscles de ses bras se tendirent. Il tira. Elle ne bougea pas. Il essaya une nouvelle fois. Rien. Il finit par y mettre tout son poids et entendit un craquement. Sa respiration eu un raté et son cœur manqua un battement. Il recommença. Encore et encore, jusqu'à pouvoir passer ses doigts dans la fente entre la planche qu'il avait déplacé et celle du dessus, la tirant par le haut de toutes ses forces, s'y cassant les ongles et s'y écorchant les doigts.
Sa satisfaction fut de courte durée. Une main surgit de nulle part pour le saisir à la gorge et violemment le plaquer contre le mur près de la fenêtre. Il n'avait pourtant pas entendu la porte s'ouvrir.
– Qu'est ce que t'essayes de faire au juste ? Tu te souviens déjà plus de ce qui s'est passé la dernière fois que tu m'as contrarié ? Tu te souviens pas non plus de ma mise en garde ? Je suis vexé.
Et comme pour illustrer ses propos, sa main commença à se resserrer progressivement sur son cou jusqu'à ce qu'il peine réellement à reprendre sa respiration. Malgré la pénombre, il l'avait immédiatement reconnu. Malgré son étourdissement dû à la violence avec laquelle sa tête avait cogné contre le mur, il s'était crispé au son de sa voix.
VOUS LISEZ
Under Your Skin | Vhope
Mystery / ThrillerTaehyung avait toujours vécu dans la solitude, il s'était tenu à l'écart du monde comme s'il n'en faisait pas partie car c'était la seule manière qu'il avait de se protéger. Contre les gens. Contre son père. Hoseok s'était lié aux mauvaises personne...