V. Kaya Irimi

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Le café de l'Antique était plein, aujourd'hui. Saki entra, comme à son habitude. Cela faisait pratiquement un mois qu'elle y allait presque tout les jours. Koma et Irimi la saluèrent et Toka lui proposa une table, sa place quotidienne étant occupée.

- Alors, ça va ? Tu t'habitues ?
- Lentement, mais sûrement., répondit Saki le sourire aux lèvres.

Toka Kirishima était la jolie serveuse que Saki avait vue la première fois. En apparence, elle était très froide mais une fois qu'on avait commencé à lui parler, elle s'ouvrait peu à peu.

- Un ristretto, j'imagine ?, prédit Toka.

La jeune fille sourit. Elle commandait ça tout les jours.

- Eh bien, oui, merci.

Le temps que la serveuse aille préparer sa commande, Saki s'adressa à Irimi.

- Monsieur Yoshimura n'est pas là ?
- Si, mais il discute avec une connaissance au sous-sol. Ils ont bientôt fini, j'imagine. 
- Merci. 

La porte de l'entrée claqua à ce moment-là et deux personnes bien connues entrèrent. La première était Ken, elle lui sourit.

La première fois qu'elle était venue à l'Antique, elle s'était dit que le nom du café lui disait quelque chose ; c'était parce que Ken lui en avait parlé, il y avait un petit boulot.

Et l'autre personne, c'était un grand jeune homme avec des cheveux caramel et des lunettes. En tenue de serveur lui aussi.

- Nishiki ?

Son regard noisette croisa les violettes de Saki. Son visage présenta alors une impressionnante palette de réactions simultanées.

- ...Saki ?

Le temps qu'elle se lève, Nishiki l'avait déjà dans ses bras. Les autres clients leur adressèrent un regard curieux.

Ken sourit, dévoilant ses dents.

Saki le serrait fort contre elle, comme pour ne plus jamais le lâcher. Involontairement, elle sentit que les larmes lui montaient aux yeux.

- T'es plus petite....

Saki le sentit sourire.

- C'est toi qui as grandi, sale mioche !, murmura t-elle.

Il l'éloigna pour la détailler.

- T'as quel âge maintenant ?
- Vingt-trois ans... Toi dix-neuf, du coup.
- Ouais....waouh ça fait vraiment un bail !, s'exclama t-il. 6 ans...Non. 7 ?

La porte de service s'ouvrit sur monsieur Yoshimura et sur un homme aux cheveux gris,  au regard d'acier et à la musculature développée.

- Eh bien, Saki, Nishiki...? J'ignorais que vous étiez des connaissances., fit remarquer le patron.
- Oui, nous sommes de vieux amis..., admit Nishiki. Ça fait sept ans, Saki , hein ?

Yoshimura adressa un sourire aimable à la jeune femme.

- Les amis de nos amis sont nos amis, déclara t-il. Venez donc en haut, je prends la relève. Ken, tu m'assistes ? 

Il acquiesça avec plaisir. Nishiki passa de l'un à l'autre et s'excusa, embarrassé.

- Mais je n'ai même pas commencé mon service...
- Vous avez besoin de vous retrouver, je peux comprendre.

Finalement convaincu, il entraîna Saki à l'étage, par la porte de service, dans une pièce qui devait être un salon. Ils s'installèrent face à face, chacun dans un fauteuil.

- Alors, tu étais où ?

Saki sourit.

- Nulle part et partout. On a bougé d'arrondissement en arrondissement. Mon frère a bien grandi, lui aussi, tu devrais le voir !
- Maintenant que je sais que vous êtes là, je ne vais pas m'en priver ! Et qu'est ce que vous avez fait ?
- Manger, travailler, étudier, dormir... Rien d'intéressant.

Nishiki fit sa moue boudeuse. Saki le soupçonna de ne laisser filtrer cette part enfantine de sa personnalité qu'avec elle, son frère ou sa copine. Et encore, à voir pour sa copine, avec qui il devait sûrement faire le petit chef.

- Ne dis pas ça, ça fait si longtemps et tu sais pas quoi me dire
- Mais de quoi veux-tu que je te parle, aha ?

Il réfléchit un instant.

- Ton kagune, tu l'as enfin développé ou tu ne peux toujours pas ?

Nishiki faisait référence à une partie de sa vie où elle ne voulait pas tuer. Jusqu'à ses 15-16 ans, elle n'avait jamais tué d'humains.  Alors elle avait eu un blocage. Kito lui, avait commencé  à 12 ans, lors d'une grosse colère. Et un jour...

- Ma première fois, c'était à 17 ans. Il y avait deux Colombes qui nous ont attaqués, avec Kito.

Nishiki tiqua.

- Kito ? Tu veux dire...
- C'est son nom, maintenant. J'ai fait faire de nouveaux papiers pour lui et moi. Mon nom  est Saki, aujourd'hui. Sakuma Kira n'est plus...

Sakuma Kira.  Sa. Ki.  Saki. C'était le surnom que lui donnait Nishiki autrefois. Les deux prénoms que lui avait donné ses parents. Nishiki comprenait bien pourquoi elle avait fait cela.

Depuis petits, ils étaient recherchés par les Colombes pour être les numéros 302 et 305.  Hiroki et Ichi Kira étant démasqués, leurs enfants avaient été recensés parmis les suspects de classe 1. Ou goules. Le changement de nom s'était donc avéré nécessaire. 

Saki haussa les épaules. Nishiki s'enfonça dans son sofa.

- Eh bien, toi, tu n'as rien à me dire ?, l'interrogea t-elle. Qu'as-tu fait pendant 7 ans.

Il haussa les épaules.

- J'ai quitté le 10ème deux ans après votre départ pour venir m'installer ici. J'avais tout, ma piaule, des ruelles sombres en quantité et une image d'humain parfait. Puis la Goinfre s'est ramenée et m'a volé mon terrain de chasse.

- Dis donc, elle était si redoutable ?  J'en entendais parler souvent au 1er. Apparemment, elle était originaire  du 4ème. Elle connaissait bien Sachi.
- Sachi... La Baleine Tueuse ?
- Oui.

Nishiki afficha une mine renfrognée. Il n'avait jamais aimé Lize et se fichait pas mal de son passé.

- J'en sais rien, et je m'en fous. Elle est morte alors, maintenant...
- Tu as raison...

Il jeta un oeil à l'horloge. Cela faisait trente minutes qu'il parlait avec Saki. D'habitude,  à cette heure-ci, il faisait le service en bas.

- Je veux pas te chasser, Saki, mais il faudrait vraiment que je prenne mon tour.

Elle acquiesça et ils se levèrent au même moment.

- Eh bien dans ce cas, je vais te laisser...

En descendant, ils se promirent de se revoir dans la semaine. Il lui tint la porte. En salle, Saki aperçu Ken et Hideyoshi Nagachika. Il la salua avec enthousiasme. Elle dit au revoir aux employés et au Patron puis sortit.

Dans la cage d'escalier, elle se fit involontairement bousculer par un homme aux cheveux mauves, qui entrait.

- Excuse me, jeune dame.

Saki reconnut de l'anglais et ce qui devait être du français.

- Ce n'est rien. Au revoir.

Et elle s'engagea dans la rue.












𝙒𝙚𝙖𝙠  [ 𝙏𝙤𝙠𝙮𝙤 𝙂𝙝𝙤𝙪𝙡 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant