III. Kuzen Yoshimura

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L'homme courait dans la ruelle en hurlant à l'aide. Il ne souhaitait qu'une chose ; préserver sa vie.

Le monstre qui le suivait, lui, était perché sur le toit d'un appartement délabré à le fixer avec appétit de ses yeux rouges et noirs.

Fronçant les sourcils, Kito grogna :

- Non, non.... Ça va pas.

Heureusement, ce quartier était éloigné des buildings et des rues trop fréquentées. Presque personne ne passait ici. Kito bondit, sa capuche tomba et dévoila ses cheveux blancs. Le garçon atterrit souplement sur le béton. Il déploya son Kagune et lança un de ses tentacules. Celui-ci se planta dans le dos de l'humain, qui hurla.

- Tu fais trop de bruit., maugréa Kito. Ça va pas. T'imagines si tu rameutais des Colombes ? Allez, dépêche de crever.

Et comme pour appuyer ses dires, il transperça l'homme dans la tête dans une giclée impressionnante de sang.

- Bon...À table.

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Saki se rendit dans le centre-ville. Elle n'habitait dans le 20ème que depuis peu et n'avait pas eu le temps de trouver un bon café où passer son temps.

Elle regarda des deux côtés. Personne. Elle libéra un instant ses kakugan pour déceler une odeur de café. Ça venait d'une ou deux trois rues plus loin sur l'avenue commerciale, et ces rues là étaient bondées la plupart du temps. Elle rétracta ses pupilles.

Le café qu'elle trouva portait le nom de l'Antique. Ce qui lui disait quelque chose. Elle avait déjà entendu ce nom, mais ne parvenait pas à se rappeler où. Cependant, il n'était pas encore ouvert.

Elle se détourna, prête à partir, bien qu'un peu déçue, mais s'arrêta quand elle vit un vieil homme, un trousseau de clés à la main, juste à côté d'elle. Il lui sourit, accueillant.

Il déverrouilla, entra dans le bâtiment et retourna la pancarte sur "OUVERT".

Saki choisit une place près du comptoir. Trois employés étaient déjà là. Une femme de la trentaine, charmante, aux cheveux noirs, un homme grand à la banane avec un nez retroussé et une fille sûrement de l'âge de Kito au carré violet. Tous des goules. Elle le sentait. Et eux avaient aussi compris sa nature, évidemment.

- Vous avez - choisi ?, demanda t'elle.

- Et bien, un ristretto s'il vous plaît.

- Bien, ça va arriver.

Saki s'interrogeait sur ce café. Était-ce un établissement dédié aux siens ?

Hésitante, elle s'adressa à qui semblait être le patron. Le vieil homme qui lui avait ouvert.

- Pardonnez-moi, mais mon petit frère et moi venons d'arriver dans le 20ème. Je m'appelle Saki Toya. Vous vivez ici, sûrement ?

- Effectivement., il sourit poliment. Je suis Kuzen Yoshimura, le patron de l'Antique. Bienvenue dans le 20ème arrondissement.

- Merci...

- J'imagine que vous voulez connaître l'organisation des nôtres ici ?

Saki s'empourpra. Il avait bien deviné ses intentions, bien qu'elle n'ait pas eu le courage de lui demander directement.

- Oui, si ça ne vous dérange pas.

- Permettez-vous que je prenne un café avec vous ?, proposa t-il.

Elle y comprit que, bien qu'ils étaient entourés par des goules, il valait mieux rester dans la confidentialité.

- Bien sûr.

Yoshimura s'installa juste à côté d'elle, devant le comptoir après s'être servi un café. La jeune fille qui avait pris sa commande apporta le ristretto.

- Et bien, si vous souhaitez connaître mieux cet arrondissement, je devrais commencer à vous parler des têtes célèbres du 20ème. Tout d'abord, il y a Le Gourmet, qui fréquente de temps en temps ce café. Son nom est Shu Tsukiyama.

Saki tiqua. Les Tsukiyama étaient les membres d'une famille riche qui possédait de nombreuses industries dans de nombreux pays. Beaucoup de goules entendaient parler du Gourmet, qui était aussi célèbre que la Goinfre, Jason ou même Cerbère.

- Je savais que la famille Tsukiyama était une famille de goules, mais j'ignorais que ce Shu était le Gourmet.

- Vous semblez renseignée, toutefois bien assez. Peu de gens le savent.

- Et, qu'en est-il de la Goinfre ?

Yoshimura ne changea même pas d'expression et dit, d'un ton égal.

- Lize Kamishiro était la Goinfre. Elle est décédée il y a un mois.

Il n'y avait même pas de choc. Juste un peu de surprise.

- Je l'ignorais. Comment ça s'est passé ?

- Elle a été écrasée par une chute de poutrelles, alors qu'elle chassait.

- Oh., elle but une gorgée de café.

Dans le fond, c'était une mort un peu cocasse. La Goinfre, qui était décrite comme ayant un kagune redoutable et un appétit insatiable, avait donc eu une mort d'humain...

C'était décevant.

- Ce n'est pas tout. Ayant blessé de manière critique le jeune homme qui était avec elle, un humain, précisa t-il,  les médecins lui ont transplanté certains des organes de Lize.

L'affaire attira subitement l'attention de Saki.

- Mais, biologiquement, c'est possible ?

Certains des organes des goules étaient incompatibles avec un corps humain à cause des enzymes ou d'un type de bactéries ou je-ne-sais-quoi.

Yoshimura acquiesça.

- Je ne suis pas un expert dans le sujet, mais cela dépend des organes, je pense. Certaines parties de nos corps sont en tout point semblables à ceux des humains.

- Peu s'attendaient à ce qu'il survive mais il s'en est bien sorti.
- Comment c'est possible ?
- Je l'ignore. Mais je pense qu'il est
le précurseur d'un nouveau genre de métissage.

Un métis goule-humain.

Dans les rares cas où une goule et un humain tombaient amoureux, les
chances de concevoir un enfant étaient minces de 5 %.

Lorsque ceux-ci parvenaient toutefois à en avoir un, cela donnait généralement un humain
aux capacités physiques surpuissantes.
Encore plus rare, la femme
donnait naissance à une goule borgne. Une goule avec un seul oeil rouge. Ce genre de goules qui, question puissance dépassaient de loin les autres.

Mais ce garçon, lui avait été humain avant et avait reçu des organes de goules par la suite. Se pouvait-il que ce borgne artificiel ait également les attributs des borgnes naturelles ?

Dans ce cas, il était unique.

Saki ouvrit la bouche pour demander son nom quand trois clientes, des étudiantes - humaines - entrèrent dans le café et s'assirent juste à côté d'elle.

Yoshimura se redressa et ils échangèrent un regard entendu. Saki se leva. Le patron retourna derrière le bar.

- Eh bien, monsieur Yoshimura. Ravie d'avoir pu parler.
- Le plaisir est partagé. Revenez quand vous le voulez.
- J'y compte.

Et elle sortit.

𝙒𝙚𝙖𝙠  [ 𝙏𝙤𝙠𝙮𝙤 𝙂𝙝𝙤𝙪𝙡 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant